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Ruedigêr, le riche margrave, répondit : — « Si je désirais ton bien, ce serait peu louable. Je serai volontiers ton messager aux bords du Rhin, au moyen de mes propres biens, que je tiens de tes mains. »

Alors le roi puissant parla : — « Maintenant, quand voulez-vous aller vers cette femme très digne d’amour ? Que Dieu vous conserve en tout honneur durant le voyage, ainsi que mon épouse. Puisse m’arriver ce bonheur qu’elle nous accorde sa faveur ! »

Mais Ruedigêr reprit : — « Avant que nous quittions le pays, il nous faut préparer des armes et des vêtements, afin que nous paraissions honorablement devant ces princes. Je veux conduire vers le Rhin cinq cents hommes superbes,

« Afin que, quand on nous verra chez les Burgondes, moi et les miens, chacun puisse dire : que jamais roi n’a envoyé de si loin, vers le Rhin, autant d’hommes que tu le fais ;

« Si toutefois tu n’abandonnes pas ton projet pour ce motif qu’elle était soumise jadis à Siegfrid, le meilleur des hommes, le fils de Sigemunt que tu as vu ici. On peut avec vérité lui reconnaître une très grande gloire. »

Le roi Etzel reprit : — « Si elle a été la femme de ce guerrier, ce noble prince était bien digne d’affection et je ne dédaignerai pas la reine pour cette raison. Elle me plaît déjà beaucoup à cause de sa grande beauté. »

Le margrave parla : — « Je vous annonce que nous partirons d’ici, dans vingt-quatre jours. Je ferai savoir à Gœtelint, ma femme bien-aimée, que je serai moi-même le messager vers Kriemhilt. »

Ruedigêr envoya vers Bechlâren. La margrave fut triste