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demeure ; je t’y laisserai pleurer. » Kriemhilt répondît :

— « À qui donc confierais-je le corps de mon époux ? »

— « Laisse-le couché dans sa tombe, dit dame Uote, »

— « Ô ma mère chérie, le Dieu du ciel ne le veut pas, répondit la douce femme ; je ne le quitterai pas ; car il faut certainement que je remporte avec moi. »

La femme accablée d’afflictions le fit enlever hors de sa fosse. Puis aussitôt après, on enterra ses nobles ossements à Lôrse, près du couvent, avec de grands honneurs. Le héros intrépide repose là dans un grand cercueil.

Au moment où Kriemhilt allait rejoindre sa mère dans le lieu où elle désirait vivre, il lui fallut rester ; il devait en être ainsi. Elle fut retenue par des nouvelles qui arrivèrent de bien loin au delà du Rhin.

XX. COMMENT LE ROI ETZEL ENVOYA EN BURGONDIE DEMANDER KRIEMHILT.

C’était au temps où dame Helche [1] mourut et où le roi Etzel[2] cherchait une autre femme. Ses amis chevauchèrent au pays des Burgondes, vers une veuve altière : elle s’appelait dame Kriemhilt.

La belle Helche, ayant perdu la vie, ils dirent : — « Si vous voulez obtenir une noble et excellente épouse et de la plus haute lignée, prenez cette femme-là ; le fort Siegfrid était son mari. »

Le puissant roi répondit : — « Comment cela pourrait-

  1. L’histoire connaît une femme d’Attila du nom de Kerka ou Reka.
  2. Etzel, Attila.