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Vous pouvez ouïr merveille de ce trésor. Douze chariots lourds et grands purent à peine le porter, en quatre jours et quatre nuits, de la montagne vers les barques, et chaque chariot devait faire trois voyages par jour.

Ce n’était qu’or et pierreries. Quand on en aurait acheté le monde, sa valeur n’eût pas diminué d’un marc. Ce n’est pas sans motif que Hagene le convoitait.

Dans le trésor se trouvait une petite verge d’or, la baguette du souhait. Celui qui l’aurait su, aurait pu être le maître de tous les hommes, dans l’univers entier. Plusieurs des parents d’Albrich partirent avec Gêrnôt.

Quand le seigneur Gêrnôt et Gîselher l’enfant se furent emparés du trésor, ils se soumirent aussi le pays, les burgs et maints fiers guerriers. Par force ou par crainte, il fallut que tout s’inclinât devant eux.

Quand ils eurent porté le trésor au pays de Gunther et que la reine en eut pris possession, sa chambre et ses tours en furent remplies. Jamais on n’ouït parler d’un aussi prodigieux amas de richesses.

Mais quand il y en eût eu mille fois davantage, si Siegfrid eût pu revivre sain et sauf, Kriemhilt serait volontiers restée près de lui, les mains vides. Plus jamais, un héros n’aura femme aussi fidèle.

Quand elle eut le trésor, elle attira dans le pays maints guerriers inconnus. La main de cette femme donnait tant, que jamais on ne vit bonté si grande. Elle pratiquait beaucoup de grandes vertus, on devait l’avouer.

Elle commença à donner aux pauvres et aux riches de sorte que Hagene songea, que, si elle vivait seulement quelque temps, elle aurait gagné tant d’hommes à son service, que mal pourrait lui en advenir.