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Jamais réconciliation entre amis ne se fît avec tant de larmes. La perte qu’elle avait faite, la faisait souffrir. Elle la pardonna à tous, sauf à un seul. Nul ne l’aurait tué, si Hagene ne s’en était chargé.

Peu de temps après, ils firent en sorte que dame Kriemhilt fit chercher le trésor au Nibelunge-lant et le fit conduire aux bords du Rhin. Il était à bon droit le sien ; car c’était sa morgengâbe[1].

Pour le quérir, Gîselher et Gêrnôt partirent. Kriemhilt ordonna à huit mille hommes d’aller le prendre, là ou il était caché sous la garde du guerrier Albrich et de ses plus vaillants amis.

Quand on vit arriver ceux du Rhin pour prendre le trésor, Albrich le très hardi dit à ses compagnons : — « Nous ne pouvons conserver le trésor plus longtemps, si la noble reine le réclame, car c’est sa morgengâbe.

« Pourtant je ne l’eusse jamais livré, si nous n’avions si malheureusement perdu Siegfrid et la Tarnkappe ; car il la portait toujours, l’époux de la belle Kriemhilt.

« Maintenant, hélas ! il est arrivé malheur à Siegfrid, de ce qu’il nous enleva, ce héros, le chaperon enchanté et soumit tout ce pays à sa puissance. » Le camérier se hâta d’aller chercher les clefs.

Les hommes de Kriemhilt et une partie de ses parents se tenaient devant la montagne. Ils emportèrent le trésor vers la mer et le placèrent dans leurs bonnes barques ; on les conduisit sur les flots en remontant le Rhin.

  1. Le don du matin, que le mari offrait à sa femme. V. Tacite, Germ. XVIII. Il en est question dans les plus anciennes lois germaniques, dans la loi burgonde entre autres.