Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

privée de toute joie, avec sa suite. Elle se rendait volontiers à l’église et y trouvait quelque consolation.

Elle allait chaque jour, l’âme attristée, à la tombe de son bien-aimé. Bien rarement elle y manqua et elle priait le Dieu bon de recueillir l’âme du héros. Que de fois elle le pria d’un cœur fidèle !

Uote et sa suite la consolaient à toute heure. Il y avait dans ce cœur blessé un si effroyable vide, que rien ne pouvait le remplir, quelque consolation qu’on lui offrit. L’angoisse de revoir son doux ami était plus grande

Que ne fut jamais désir de femme vers un époux bien-aimé. À cela on pouvait reconnaître sa grande vertu. Elle gémit jusqu’à la fin, tant que dura sa vie. Mais bientôt elle se vengea cruellement, l’épouse du hardi Siegfrid !

Elle demeura ainsi dans sa douleur, ceci est certain, trois ans et demi, depuis la mort de son époux, sans dire un mot à Gunther et sans voir jamais, pendant ce temps, son ennemi Hagene.

Hagene de Troneje parla au roi : — « Ne pourriez-vous agir de façon que votre sœur redevienne votre amie ? Ainsi l’or des Nibelungen arriverait en ces pays. Vous pourriez y gagner beaucoup, si la reine nous rendait sa confiance. »

Le roi répondit : — « Nous l’essaierons. Mes frères sont près d’elle ; nous les prierons d’intercéder, afin qu’elle nous rende son amitié et qu’elle voie volontiers que nous possédions le trésor. » — « Je ne crois pas, répondit Hagene, que cela puisse jamais arriver. »

Gunther fit appeler en son palais Ortwîn et le margrave Gêre. Puis, quand ils furent là, on introduisit aussi Gêrnôt et le jeune Gîselher. Ils intercédèrent amicalement auprès de dame Kriemhilt.