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malheur les affligeait. Ils le lui firent savoir, ces héros vaillants et magnanimes.

Le prince Gêrnôt parla courtoisement : — « Dieu sait, du haut du ciel, que je n’ai nulle part au meurtre de Siegfrid. Je n’avais jamais ouï dire qu’il eût ici un ennemi. Je veux le pleurer, et non sans motifs. »

Le jeune Giselher les reconduisit amicalement. Il guida sans obstacle jusque dans le Nîderlant, le roi et ses hommes encore plongés dans la douleur. Oh ! parmi leurs parents ils en trouvèrent peu dans la joie.

Ce qui leur arriva après, je ne puis vous le dire. À Worms, on entendait sans cesse les gémissements de Kriemhilt, l’âme en proie à une douleur dont nul ne pouvait la consoler, si ce n’est Gîselher. Il lui était bon et fidèle.

Brunhilt la belle était assise dans son outrecuidance. Quelles que fussent les plaintes de Kriemhilt, elle s’en inquiétait peu. Plus jamais elle ne lui montra de confiance.

Mais plus tard dame Kriemhilt lui causa aussi des peines amères à son cœur.

XIX. COMMENT LE TRÉSOR DES NIBELUNGEN FUT APPORTÉ À WORMS

La noble Kriemhilt étant ainsi devenue veuve, le comte Eckewart demeura auprès d’elle, dans le pays, avec ses hommes. Il la servait chaque jour et souvent se joignait à sa dame pour pleurer son seigneur.

À Worms, près de la cathédrale, on lui charpenta une demeure large et haute, grande et riche, où elle demeura