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On allait chanter la messe ; de toutes parts hommes et femmes se dirigèrent vers l’église. Il y en eut bien peu qui ne déplorèrent pas la mort de Siegfrid.

Gêrnôt et Gîselher parlèrent : — « Chère sœur, console-toi de sa mort, puisqu’il n’en peut être autrement. Nous tâcherons de t’y aider tant que nous vivrons. » Mais nul ne pouvait lui donner quelque consolation.

Le cercueil fut prêt vers le milieu du jour. On leva Siegfrid de la civière sur laquelle il était couché. Sa femme ne voulait pas encore le laisser enterrer, ce qui donna beaucoup à faire à tous ses gens.

On enveloppa le mort dans une riche étoffe ; nul, je pense, n’était là qui ne versât des larmes. Uote, la noble femme, et toute sa suite pleuraient, du fond du cœur, sur le beau corps de Siegfrid.

Quand on entendit qu’on chantait à la cathédrale, et qu’on l’avait enfermé dans son cercueil, une grande foule se rassembla. Que d’offrandes on fit pour le salut de son âme ! Même parmi ses ennemis, plus d’un se prit à le regretter !

La pauvre Kriemhilt dit à ses camériers : — « Pour l’amour de moi vous allez devoir vous donner de la peine. Au nom de l’âme de Siegfrid, vous distribuerez son or à tous ceux qui lui veulent du bien et qui me sont dévoués.

Nul enfant, si petit, qui, parvenu à l’âge de raison, ne voulût aller à l’offrande. Avant qu’il fût enterré, on chanta bien cent messes par jour. Les amis de Siegfrid s’y pressaient en foule.

Quand on eut fini de chanter, le peuple se dispersa. Dame Kriemhilt parla : — « Vous ne me laisserez point