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Ses couleurs pâlissent ; il ne peut plus se soutenir. Les forces de son corps puissant l’abandonnent. Sur ses joues blêmes, il porte l’empreinte de la mort. Il fut bien pleuré par les belles femmes.

Il tomba parmi les fleurs, l’époux de Kriemhilt ! Le sang coulait à flots de sa blessure. Il se mit à adresser des reproches à ceux qui avaient déloyalement conseillé sa mort. Sa suprême angoisse le faisait parler.

Le blessé dit : — « Vous, lâches et méchants, à quoi m’a servi tout ce que j’ai fait pour vous, puisque vous m’assassinez ainsi ? Je vous ai toujours été fidèle ; je le paie cher maintenant. Hélas ! vous avez bien cruellement agi envers votre ami !

« À partir de ce jour, ceux qui naîtront de vous seront déshonorés à jamais. Vous avez, sur mon corps, trop satisfait votre haine. Vous serez exclu avec honte du nombre des bons chevaliers. »

Tous les guerriers accoururent là où le blessé était couché. C’était un jour funeste pour beaucoup d’entre eux. Il était plaint par ceux qui avaient quelque loyauté. Il l’avait bien mérité, de la part de tous, ce héros magnanime !

Le roi des Burgondes lui-même déplorait sa mort. Le mourant parla : — « C’est sans raison que celui qui a commis le crime en pleure. Il mérite grand déshonneur. Que n’y a-t-il renoncé ? »

Le féroce Hagene répondit : — « J’ignore ce que vous regrettez. Nos peines et nos soucis sont maintenant terminés. Désormais nous n’en trouverons plus guère qui oseront nous résister. Grâce à moi, nous sommes débarrassés du héros. »

— « Il vous est facile maintenant de vous vanter, dit