Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mieux les chasseurs, je ne veux plus prendre part à aucune chasse.

« J’ai cependant bien mérité qu’on fasse un peu plus attention à moi. » Le Roi, de la table où il était assis, lui répondit avec fausseté : — « Nous ferons volontiers amende honorable pour ce qui a pu vous manquer aujourd’hui. C’est Hagene qui veut nous faire mourir de soif. »

Hagene de Troneje dit : — « Mon cher seigneur, je croyais que la chasse aurait lieu aujourd’hui dans le Spehtshart ; c’est là que j’ai envoyé le vin. Si nous demeurons altérés aujourd’hui, comme je veillerai à éviter chose semblable désormais ! »

Le Niederlander parla : — « Ah ! puissiez-vous en pâtir ! Sept bêtes de somme auraient dû nous amener du vin clairet et de l’hydromel, ou si cela était impossible, on aurait dû nous faire camper aux bords du Rhin. »

Hagene de Troneje répondit : — « Chevaliers nobles et valeureux, je connais tout prés d’ici une fraîche fontaine, et, afin que vous ne vous irritiez point, nous allons nous y rendre. » L’avis qu’il donnait devait causer bien des maux à maints guerriers.

L’homme hardi n’avait pas l’âme faite de façon à deviner leur trahison. Plein de vertus, il était étranger à toute fausseté. Ils devaient porter la peine de sa mort et n’en point tirer avantage.

La soif pressait Siegfrid le héros. Il commanda d’enlever aussitôt les tables, afin d’aller vers la montagne, à la recherche de la source. Hagene avait donné ce conseil dans une intention perfide.

On chargea sur des chariots les bêtes tuées par la main