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» Je m’en suis depuis bien repentie, ajouta la noble femme. Aussi m’a-t-il tant meurtri le corps pour ce motif ! Son âme était affligée que j’eusse dit ces choses ; mais il s’en est vengé, ce héros vaillant et bon. »

Hagene dit : — « Kriemhilt, dame chérie, la réconciliation suivra bientôt, durant ces jours. Mais dites-moi comment je puis vous servir au sujet de Siegfrid votre époux. Je le ferai volontiers, ô dame ; nul ne s’en acquittera mieux que moi. »

— « Je cesserais de craindre que quelqu’un lui ôte la vie dans la mêlée, dit la noble femme, s’il voulait ne se point livrer à sa trop bouillante ardeur. Ainsi le héros valeureux et bon serait à jamais hors de danger. »

— « Vous figurez-vous, ô dame, dit Hagene, qu’on puisse le blesser ? faites-le moi connaître. Par quel stratagème devrais-je m’y opposer ? Pour le garder constamment, j’irai et chevaucherai à ses côtés. »

Elle répondit : — « Tu es de mes parents et moi je suis des tiens. Je confie mon bien-aimé à ta foi, afin que tu veilles sur mon époux chéri. » Elle lui fit connaître des choses qui auraient dû rester secrètes.

Elle dit : — « Mon mari est brave et aussi très fort. Quand il tua le dragon, au pied de la montagne, il se baigna dans son sang, le guerrier magnanime. C’est pourquoi dans les combats nulle arme n’a pu le blesser.

» Pourtant je suis en souci quand il va à la bataille, et lorsqu’il s’expose aux coups de lance poussés par la main des guerriers, je crains de perdre mon époux chéri. Ah ! que de fois j’ai eu grands tourments au sujet de Siegfrid.

» Je te dirai à toi, ami qui m’es cher, en toute confiance — tu garderas ta foi envers moi, n’est-ce pas ? —