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nelle. Je ne serai plus disposée à t’accorder mon affection et ma confiance. »

Brunhilt se prit à pleurer. Kriemhilt passa outre. Elle entra dans la cathédrale avant la femme du roi, avec toute sa suite. La haine en devint plus grande. Plus d’un œil joyeux versa des larmes amères à ce sujet.

Quoique l’on servit Dieu et qu’on chantât là en son honneur, le temps parut à Brunhilt d’une longueur excessive. Car son corps était abattu et son âme était sombre. Maint guerrier bon et valeureux devait en être la victime.

Brunhilt et ses femmes allèrent se placer devant l’église. Elle pensait : « Kriemhilt doit me faire savoir pourquoi elle m’a ainsi outragée, tout haut, cette femme aux paroles hardies. S’il s’en est vanté, vraiment il lui en coûtera la vie. »

Voici venir Kriemhilt avec maint homme courageux. La fière Brunhilt lui dit : — « Tu vas t’arrêter ici. Tu m’as appelée concubine ; tu dois le démontrer. Tes paroles, tu ne l’ignores pas, m’ont blessée profondément. »

Dame Kriemhilt répondit : — « Tu peux me laisser passer ; car je prouve mon dire par cet anneau d’or que je porte à mon doigt. Siegfrid me l’apporta après la nuit qu’il passa avec toi. » Jamais Brunhilt n’avait eu une journée aussi funeste.

Elle reprit : — « Ce noble anneau d’or m’a été volé. Il y a longtemps qu’on me l’a dérobé méchamment. J’apprends à la fin qui me l’a enlevé. » Ces femmes étaient toutes deux animées d’une terrible colère.

Kriemhilt parla à son tour : — « Je ne veux point passer pour voleuse. Si ton honneur t’est cher, tu aurais mieux fait de garder le silence. Je prouve par cette ceinture, qui