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ment, Brunhilt, cesse ces propos de bonne grâce et par affection pour moi. »

— « Certes, je ne les cesserai point, répondit la femme du roi. Comment abandonnerais-je le service personnel de tant de chevaliers qui nous sont soumis avec Siegfrid, par les liens du vasselage ? » Kriemhilt la très belle commença de s’irriter fortement :

— « Tu dois pourtant y renoncer, car jamais il ne sera en ton service. Il est plus haut placé que Gunther mon frère, le très noble homme. Tu cesseras de tenir ces discours que j’ai entendus de ta bouche.

« Et aussi il me parait étonnant, s’il est ton homme-lige et que tu aies sur nous deux une telle puissance, qu’il t’ait si longtemps privée du tribut de ses services. J’en ai assez de ton outrecuidance, et non sans motif. »

— « Tu t’élèves trop haut, répondit la femme du roi ; maintenant je voudrais voir si on rendra à ta personne autant d’honneur qu’à la mienne. » La colère s’était emparée de l’âme de ces deux femmes.

Ainsi parla alors dame Kriemhilt : — « Eh bien ! nous verrons. Puisque tu as osé soutenir que mon mari est un homme-lige, les fidèles des deux princes devront décider aujourd’hui si, à la porte de l’église, j’ai passé devant la femme du roi.

« Il faudra que tu voies en ce jour que je suis de noblesse libre et que mon mari est plus considéré que le tien. Je ne veux plus être outragée à ce sujet. Tu comprendras, encore aujourd’hui, que ta vassale

« Marche, à la cour, devant tous les guerriers du pays burgonde. Je prétends être de plus haute dignité, que nulle reine qui jamais ait porté la couronne, à la connaissance