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Voilà ce qu’elle portait dans son cœur, et elle gardait le silence. Ce lui était une grande peine qu’ils lui restassent ainsi étrangers. Elle aurait voulu savoir pourquoi les hommes du Nîderlant lui rendaient si rarement hommage.

Elle voulut demander au roi s’il ne serait pas possible qu’elle revit encore Kriemhilt. Elle lui parla secrètement de ce qu’elle avait dans le cœur. Ce discours plut médiocrement au prince.

— « Comment, dit le puissant roi, les ferions-nous venir jusqu’en ce pays ? Cela serait impossible : ils règnent trop loin d’ici. Je n’oserais point les inviter à venir. » La dame lui répondit avec hauteur :

— « Quand l’homme du roi serait encore plus riche et plus fier, il devrait exécuter ce que son maître lui ordonne. » Gunther sourit pendant qu’elle parlait. Quand il voyait Siegfrid, il ne songeait guère à réclamer de lui son service.

Elle reprit : — « Cher seigneur, pour m’obliger aide-moi à faire venir ici Siegfrid et ta sœur, afin que je les voie encore une fois. En vérité, rien ne me serait plus agréable.

« Comme il m’est doux de penser aux vertus de ta sœur, à son cœur si haut placé, quand nous étions assises côte à côte au temps où je devins ta femme. Elle peut avec raison aimer le beau Siegfrid. »

Elle le pria si longtemps qu’enfin le roi répondit : « Tu sais que je ne verrais nuls hôtes avec plus de plaisir. Tu ne dois point me supplier davantage ; j’enverrai vers eux mes messagers, afin qu’ils se rendent ici aux bords du Rhin. »

Alors la reine dit : — « Fais-moi connaître qui tu veux