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point de si peu d’importance. Un roi peut les conduire avec plaisir dans son pays. Je désire que la main de mes frères chéris les partage entre nous. »

Le seigneur Gêrnôt répondit : — « Choisis ceux que tu veux. Tu en trouveras beaucoup ici qui voudront chevaucher avec toi. Parmi trente fois cent guerriers, prends mille hommes destinés à former ta suite. » Kriemhilt envoya aussitôt

Vers Hagene de Troneje et vers Ortwîn pour demander si eux et leurs parents voulaient la suivre. À cette nouvelle, Hagene fut rempli de dépit. Il s’écria : — « Gunther ne peut nous céder à personne.

« Que d’autres chevaliers vous suivent, vous devez bien connaître les usages des Tronejers. Nous devons rester ici à la cour du roi. Nous ne servirons dans l’avenir que celui que nous avons suivi jusqu’à ce jour. »

La chose en resta là et l’on se prépara à partir. Dame Kriemhilt s’attacha une noble suite, trente-deux jeunes filles et cinq cents hommes. Eckewart, le comte, suivit la reine quand elle partit.

Chevaliers et écuyers, dames et damoiselles, prirent congé ainsi qu’il convient. On se sépara après avoir échangé maints baisers. Ils quittaient satisfaits les terres du roi Gunther.

Leurs proches les conduisirent bien loin par le chemin. On fit préparer partout des logements dans le pays du roi là où ils préféraient passer la nuit. Des messagers furent alors envoyés à Sigemunt,

Afin que lui et dame Sigelint pussent savoir qu’ils arrivaient avec la fille d’Uote, la belle Kriemhilt, de Worms d’outre-Rhin. Jamais nouvelle ne leur fut plus agréable.