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ment où elle déployait la puissance supérieure de ses membres ? Elle l’entraina avec violence — il ne pouvait résister — et le pressa sans merci contre un bahut près du lit.

Hélas ! pensa le guerrier, si je dois ici perdre la vie par les mains d’une vierge, désormais les femmes montreront à leurs maris une humeur plus farouche qu’elles ne l’ont jamais fait.

Le roi entendait tout ; il tremblait pour le héros. Mais la honte saisit Siegfrid au cœur : il commença à s’irriter. Il la repoussa avec une vigueur prodigieuse et reprit contre dame Brunhilt une lutte pleine d’angoisse.

Quelque fortement qu’elle le contînt, sa colère et aussi sa merveilleuse vigueur lui vinrent en aide. Il parvint à se relever malgré elle. Son anxiété était grande. De ci et de là ils s’entre-choquèrent dans la chambre close.

Le roi Gunther était aussi en grande transe. À chaque moment il devait les éviter de côté et d’autre. Ils luttèrent ainsi avec tant de violence, que c’est vraiment merveille qu’ils en soient sortis sains et saufs.

Le roi gémissait sur le danger de tous deux ; mais il craignait bien plus la mort de Siegfrid, car elle avait presque enlevé la vie au guerrier. S’il l’eût osé, il serait volontiers allé à son secours.

La lutte entre eux deux dura longtemps furieuse. Enfin il parvint à ramener la vierge au bord du lit. Quelque vigoureusement qu’elle se défendit, ses forces finirent par s’épuiser. Le roi soucieux avait mille pensées diverses.

Le temps lui parut long avant que Siegfrid parvint à la vaincre. Elle lui serra les mains avec tant de violence