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Il se hâta de cacher la lumière sous les draperies du lit. Alors commença entre le fort Siegfrid et la belle vierge (il devait en être ainsi) un terrible jeu. C’était à la fois peine et plaisir pour le roi Gunther.

Siegfrid se coucha à côté de la reine. Elle parla : — « Maintenant, seigneur Gunther, quels que puissent être vos désirs, demeurez en repos, si ne voulez subir de nouveau honte et douleur. Sinon mes mains sauront bien vous punir. »

Siegfrid retint sa voix et ne répondit point. Quoiqu’il ne le vit pas, Gunther entendait très bien que rien de mystérieux ne se passait entre eux. Peu de repos les attendait sur cette couche !

Siegfrid fit semblant d’être le puissant roi Gunther, et il prit dans ses bras la vierge digne d’amour. Mais elle le jeta hors du lit sur un banc qui était près de là, avec tant de force, que sa tête résonna bruyamment sur l’escabeau.

Avec une vigueur nouvelle l’homme hardi se releva d’un bond. Il voulait tenter mieux ; mais mal lui en advint, quand il essaya de la dompter. Jamais femme, j’imagine, ne se défendit si rudement.

Comme il ne voulait point se retirer, la vierge se redressa : — « Il ne vous est point permis de lacérer ma blanche chemise. Vous êtes bien outrecuidant ; il vous en arrivera malheur. Je vais vous le faire sentir. » Ainsi dit la belle jeune fille.

Elle saisit dans ses bras le vaillant héros et veut le lier, comme elle avait fait le roi, afin que sur sa couche elle pût goûter le repos. Elle voulait tirer une terrible vengeance de ce qu’il avait déchiré son vêtement.

À quoi servait la grande force de Siegfrid en ce mo-