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trop commune, de la Laponie à la Nigritie, à presque tous les hommes peu instruits, qui pensent que la plus grande faveur, que Dieu put faire à leur voisins, serait de leur donner la forme de gouvernement établi dans leur pays, aussi bien que leurs manieres, leur religion, leur climats, et même leur couleur.


(*) Dans une des querelles perpétuelles, entre le sénat et les habitans de Genève, le peuple fit mettre bas les armes, au régiment que le sénat avait à ses ordres, en leur envoyant de l’eau bouilante par la figure avec des seringues et des pompes, et ainsi opéré une révolution de l’aristocrate au démocrate ; presque tous les ans, les mécontens trouvent le moyen, de changer leur gouvernement, et comme les révolutions ne sont pas très sanglantes, les prises d’armes, comme on les appelle, sont un sujet de diversion pour les habitans, qui les occupe et les tient en haleine.


Les notables cependant, se declarerent d’une autre opinion, et recommanderent l’assemblée de 1614 comme le modéle sur lequel, la convocation des présents états généraux devait se faire, que les trois ordres devaient délibérer dans des chambres séparées, ainsi qu’il avait toujours été l’usage, et être à peu près du même nombre, les uns que les autres.

Les notables en donnant cet avis, ne firent que suivre, celui que le parlement avait donné quelque tems avant : mais ce corps n’était plus l’idole du peuple, les ésprits étaient trop enflammés pour s’arrêter à des idées modérées, tous les services qu’il avait rendus, étaient oubliés et ceux de leurs membres, que n’a gueres, le peuple regardait comme des héros, n’étaient plus à ses yeux, que de vils instrumens d’aristocratie.

Un ésprit général de liberté, où plutôt de licence, s’était répandu de toutes part : la tolérance, la pilosophie moderne, étaient hautement préchées et préconisées : les Abbés, les petits maitres, les valets, les femmes, les filles, les poissardes,


et des pompes, et ainsi opéré une révolution de l’aristocrate au démocrate ; presque tous les ans, les mécontens trouvent le moyen, de changer leur gouvernement, et comme les révolutions ne sont pas très sanglantes, les prises d’armes, comme on les appelle, sont un sujet de diversion pour les habitans, qui les occupe et les tient en haleine.