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Il parut très satisfait et fit des complimens à tout le monde : c’était un grand homme de près de six pieds cinq à six pouces, mesure Anglaise, où près de six pieds, mesure Française. Nous trouvames qu’il représentait fort bien, et avait un air très militaire. Comme souvent l’apparence décide, nous exprimames notre joie par des cris de " vive le roy," souvent répétés.

Il retourna ensuite a son armée près de Coblence, et l’y laissa encore dans l’oisiveté, pendant une semaine où deux ; depuis l’instant de l’arrivée des troupes, jusqu’à celui de leur départ pour les frontieres, il se passa plus de six semaines. Cependant les hostilités étaient déja commencées en Flandre : la déroute complette de l’armée du général Dillon, et la fureur épouvantable avec laquelle les soldats le déchirerent, étaient bien faites pour nous faire conserver l’idée peu favorable, que nous avions des nouveaux soldats de la patrie, et augmenter nos espérances d’un rétablissement prochain.

Nous éprouvames cependant dès lors quelques déboires, qui firent faire des réflexions à un certain nombre : il nous fut défendu de visiter le camp du roy de Prusse, sous des peines séveres, sans la permission par écrit des princes. Cela sembla une précaution naturelle contre les Jacobins, qui auraient pu prendre l’habit d’émigré pour s’introduire dans son camp, afin d’éspionner où de séduire les soldats. Cette réflexion fit excuser la dureté avec laquelle cet ordres était exécuté.