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je n’en portais pas le deuil, et l’on me força à mettre un crêpe au bras.

A Toulouse, je pensai me faire une mauvaise affaire parce que je parus montrer de l’indignation, au propos d’un certain jeune enthousiaste tres bien mis, qui à la table d’hôte, parlait froidement de faire assassiner le prince de Condé et le comte d’Artois. Les rives de la Garonne étaient fort tranquilles, Bourdeaux aussi ; j’eus le plaisir à Saintes, de voir l’introduction de l’évêque national, accompagné de son clergé qui n’était autre, que quelque portefaix, sur le dos des quels, on avait mis des chappes et des chasubles, au surplus pas vingt témoins outre les soldats.

Rochefort, la Rochelle, étaient fort paisibles, je me rendis à Luçon et de la chez moi, dans le centre de la Vendée, qu’on appelait encore, Bas-Poitou ; il n’y avait alors pas la moindre apparence de l’insurréction, ni de l’animosité qui a éclaté depuis avec tant de fureur : le pays était fort tranquille, et aussi bien cultivé que jamais; les paysans se plaignaient seulement, qu’ils venaient d’être taxé bien sévèrement et je regarde ceci comme une des causes de la guerre terrible qui a éclaté dans la Vendée dix huit mois après cette époque.

Ce pays, avait autrefois été presqu’entierement couvert des eaux de la mer, l’industrie des habitans, et l’attention du gouvernement, étaient parvenues à le déssécher, en le coupant de fossés, où plutôt de canaux profonds et tres larges, et en l’entourant de digues tres élevées, pour le défendre de la mer.

La réparation des digues, des écluses, et des canaux coutait