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Si, pour chasser au loin une humeur trop chagrine,
Ta muse redevient folâtre et libertine ;
Si sur un ton grivois elle chante gaiement,
Jamais Anacréon, dans une douce ivresse,
Célébrant les plaisirs, l’amour et sa maîtresse,
Ne montra tant d’esprit, de verve et d’agrément.

Tant de grâce, et pourtant l’injuste Académie
N’offrit point un fauteuil à ton brillant génie !
Ah ! ne t’étonne pas de son iniquité :
Elle bannit Hugo, par un suffrage indigne.
Va, tu n’as pas besoin de cet honneur insigne,
Chansonnier, pour voler à l’immortalité.

Tes vers te survivront, poète, d’âge en âge ;
Tant qu’on honora la gloire, le courage,
Le talent, les vertus, le civisme brûlant,
Ton nom sera chéri ; ton noble caractère,
Béni d’un peuple entier, le plus grand de la terre,
Sera l’objet sacré de son culte constant.