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Mais quoi ! plongé vivant dans un abyme immense,
Succombant sous le poids d’une horrible existence,
De mes tourments affreux,
Puis-je donc à ma vie associer cet ange,
Qui doit goûter en paix un bonheur sans mélange
D’aucun trouble secret, d’aucun soin douloureux ?

Non, jamais ! car ma vie est pénible, et la chaîne
Qu’en ce séjour de deuil incessamment je traîne
Est un lourd fardeau.
Ah ! que m’importe, à moi, les plaisirs de ce monde,
Et ces biens, ces honneurs où son orgueil se fonde ?
Je n’attends ici-bas que l’heure du tombeau.

Marcher, toujours marcher dans une nuit obscure,
Se croire tout seul debout, errant dans la nature,
Et rien à l’horizon !
Pas un point lumineux qui chasse ces ténèbres !
La nuit, toujours la nuit et ses voiles funèbres,
Qui ne m’offrent partout qu’une affreuse prison !