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Mais, hélas ! l’ange est déchu ; son grossier langage émeut la fille du ciel, qui s’efforce de faire pénétrer dans son cœur la langue des cieux :

Puisque vous êtes beau, vous êtes bon sans doute…
Car, sitôt que des cieux une Ame prend la route.
Comme un saint vêtement, nous voyons sa bonté
Lui donner en entrant l’éternelle beauté.
Mais pourquoi vos discours m’inspirent-ils la crainte ?
Pourquoi sur votre front tant de douluur empreinte ?
Comment avez-vous pu descendre du saint lieu ?
Et comment m’aimez-vous, si vous n’aimez pas Dieu ?

Satan, un moment ému, se redresse de tout son orgueil. Devant cet ange innocent dont la pureté semble insulter à ses crimes, il n’a plus qu’une pensée : rendre indigne des cieux celle qui a voulu le sauver. Il enlace la pauvrette éperdue, il l’entoure de ses séductions ; ses lèvres touchent les siennes : un cri de douleur retentit au paradis ; la vierge s’est donnée à Satan. Alors, sentant qu’elle a tout perdu, que sa chaîne est à jamais rivée, que tout retour au céleste séjour lui est interdit, l’enfant timide se tourne vers son maître. Elle ne le maudit point, elle est résignée ; pas un regret ne sort de sa bouche, pas une plainte de son cœur ; elle s’applaudit presque de cette chute, qui lui permet de se dévouer à celui qu’elle aime. Les yeux fixés sur Satan, qui l’oublie déjà, elle ne trouve qu’un mot, mot sublime :

Seras-tu plus heureux, du moins ? … Es-tu content ?

Le poëme d’Eloa est un des plus remarquables qui soient sortis de la plume de M. de Vigny ; il mérite d’être cité à côté de Dolorida et de Stello.

Éloa, groupe de marbre, par M. Pollet. Le sujet de ce groupe est tiré du poème d’Alfred de Vigny. Voici la description qu’en a donnée M. Th. Gantier : « Eloa, cet ange-femme né d’une larme du Christ, entend du haut du ciel le soupir douloureux que pousse du fond de l’abîme Lucifer, le plus beau, le plus fier des anges déchus. Elle s’attendrit à l’idée de ce malheur éternel qu’elle voudrait consoler, et peu à peu elle s’avance vers les limites du séjour céleste, attirée par une inéluctable fascination ; elle descend, elle descend toujours. Désorbitée de Dieu, comme un astre errant, elle entre dans un nouveau cercle d’attraction, it finit par tomber aux bras de l’ange rebelle. C’est le moment qu’a choisi le statuaire : Lucifer entraîne Eloa, qui ne résiste plus, vers le gouffre sans fond de l’éternelle douleur, et la réunion de ces deux natures, l’une infernale, l’autre céleste, forme un très-beau groupe, appuyé sur un nuage de marbre. Eloa est d’une suavité immatérielle. Lucifer contracte des muscles robustes trempés aux feux de l’enfer, antithèse excellente pour la sculpture. Nous trouvons seulement que la tête du démon, par l’arrangement des cheveux, le caractère des traits et cette expression de sneer byrouien qui crispe les lèvres, a une physionomie trop moderne et trop romantique. Mais peut-être M. Pollet l’a-t-il voulu ainsi pour indiquer que ce n’est pas là l’antique démon de la Bible, mais un diable d’invention récente et de poésie actuelle. Ces diables-là ressemblent un peu aux Manfred, aux Lara, aux Giaours, comme Eloa rappelle les Gulnare et le Médora. Nous n’aimons pas non plus beaucoup les teintes d’oxyde dont M. Pollet a cru devoir rouiller son marbre, surtout dans les blocs de nuages. Il valait mieux lui laisser sa blancheur native. » — « Un autre tort de ce groupe, a dit M. Marius Chaumelin, est de n’être intelligible que pour le petit nombre, pour ceux qui ont lu le poème d’Alfred de Vigny. Cet ange déchu qui, les yeux plongés dans l’abîme, semble bercer dans ses bras une belle femme alanguie, dont les regards.sont tournes vers le ciel, n’intéresse guère le public. Les sujets exclusivement littéraires conviennent peu à la sculpture. »

Le groupe d’Eloa a été exposé au Salon de 1869 ; il appartient à l’Etat ; un modèle en bronze de cet ouvrage a riguré au Salon de 1863.

ÉLOAH, mot hébreu qui signifie Dieu. V. Elohum.

ÉLOBEY, îles situées au N. du Gabon, sur la côte de l’Afrique. Les chefs pratiquaient activement la traite, mais depuis peu ils ont reconnu la souveraineté de la France.

ÉLOCHÉ, ÉE (é-lo-ché) part, passé du v. Elocher : Astre éloché.

ÉLOCHER v. a. ou tr. (é-lo-ché— du préf. lat. e, et de locus, lieu). Arracher, renverser, déplacer :

Ce tonnerre orageux, qui menace et qui gronde,
Elochera bientôt la machine du monde.
Desmarets.

|| Vieux mot.

— Agric. Ebranler un arbre, une plante, comme si on voulait l’arracher.

— Techn. Dans le langage des verriers, Détacher un pot de dessus les sièges, à l’aide d’une pince appelée pince à élocher.

ÉLOCULAIRE adj. (é-lo-ku-lè-re — du lat. e, pref., privat. ; locula, loge). Bot. Qui ne présente aucun vestige de cloisons : Péricarpe éloculaire.

ÉLOCUTION s. f. (é-lo-ku-si-on — lat. elocutio ; de etoqui, parler, s’exprimer). Manière de s’exprimer, style : Elocution nette, facile, pure, simple, figurée, La facilité d’éLocution, chez beaucoup d’hommes et chez la plupart des femmes, est due à la rareté des idées et à la rareté des mots, (Swift.) Quand on ne songe pas, ou quand on songe peu à ce qu’on dit, l’élocution est coulante et n’a pas de forme. (J. Joubert.)

— Rhétor. Choix et arrangement de mots dans le discours : Les principales qualités de l’éLocution sont la clarté, la correction, l’orncment. (Chamfort.)

— Syn. Élocution, diction, style. V. diction.

— Eneycl. Selon Quintilien, le verbe eloqui signifie mettre au jour sa pensée, l’exprimer devant des auditeurs. L’élocution est donc la contexture même du discours, la suite des mots qui le composent, mots choisis et disposés de façon à rendre exactement les idées, & en montrer l’enchaînement, à faire ressortir l’importance plus ou moins grande qu’on veut leur donner, L’élocution est pour le discours parlé ce qu’est la diction pour l’œuvre écrite. V. diction.

Dans les traités de rhétorique, l’élocution vient en troisième ligne, précédée qu’elle est de l’invention et de la disposition. De même, dans les préoccupations de l’orateur, elle ne doit occuper que la troisième place. Il faut, en effet, que l’orateur, comme l’écrivain, commence par inventer, c’est-à-dire par trouver ses idées, ses preuves, ses moyens, puis qu’il les dispose et en ordonne la suite dans son esprit. Ces deux opérations terminées, il s’occupe de la forme et des expressions les plus propres à rendre pleinement sa pensée et à la faire passer chez l’auditeur. Il lui importe surtout que les mots se moulent le plus étroitement possible sur le fond des idées, et que des phrases vides ne viennent pas, sous prétexte d’ornement, embarrasser sa marche et distraire l’attention. De cet accord parfait entre le fond et la forme naîtra la clarté, à cette condition toutefois que l’orateur y joindra la correction du langage. Mais ce n’est point encore assez : celui qui parle ne doit pas oublier qu’il lui faut, pour convaincre, éviter la sécheresse, les chocs de mots qui nuisent à l’harmonie, rechercher l’èlégance sans tomber dans l’afféterie, et l’ornement des images, en se tenant éloigné d’une pompe étrangère au sujet. L’élocution a donc une grande importance ; elle est la clef des cœurs et des esprits. On ne saurait trop travailler à l’acquérir, avec toutes les qualités qui la caractérisent. Les orateurs célèbres y ont donné des soins constants. On le voit non-seulement dans l’élégance si admirable de Cicéron, mais dans les périodes plus mâles de Démosthène, dans les sermons fougueux de Bossuet comme dans les sermons si doux de Fénelon, dans les discours de Mirabeau comme dans ceux de Vergniaud, dans ceux de Berryer et de Jules Favre. Chez tous ces orateurs, l’élocution n’est point de même qualité, ni poussée au même degré ; mais, chez tous, elle concorde avec leur tempérament, leur tour d’esprit et le caractère de leur éloquence. Après s’être appliqués à l’acquérir dans les premières années d’un travail rude et patient, ils s’en sont fait une telle habitude, qu’elle se formule naturellement dans les répliques, les improvisations, et que, jaillissant à la même heure que l’invention et la disposition, le discours sort tout armé de leur bouche.

Il ne faut pas confondre l’élocution ni la diction avec le style.

ÉLODE adj. (é-lo-de — du gr. élodés, de marais). Pathol. Qui règne dans les terrains marécageux : Fièvres élodes. || Peu usité.

— s. m. Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des malacodermes, tribu des cébrions, comprenant une vingtaine d’espèces : Les élodes sont de petite taille. (Duponchel,)

— Bot. Genre de plantes, de la famille des hypéricinées, formé aux dépens des millepertuis, et regardé par plusieurs auteurs comme une simple section du genre élodée.

Eneycl. Les élodes sont de petits coléoptères, à corps ovalaire, un peu bombé, ressemblant assez à celui des cistèles et des galéruques, avec lesquelles plusieurs auteurs les ont confondus ; ils sont recouverts d’un duvet qui s’enlève facilement ; leur tête est petite et munie d’antennes à articles simples. Ce genre renferme une vingtaine d’espèces, réparties à peu près en nombre égal entre l’Europe et l’Amérique. Les élodes habitent les lieux humides, les prairies, le bord des rivières et des étangs ; ils vivent sur les plantes, dans les buissons et sur les, feuilles des arbres, et se tiennent habituellement à l’ombre. La plupart ont des mouvements lents. On peut citer comme type l’élode pâle, qui se trouve aux environs de Paris.

ÉLODÉ, ÉE adj. (é-lo-dé).Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte à l’élodée.

— s. f. pl. Tribu de plantes, de la famille des hypéricinées, ayant pour type le genre élodée.

ÉLODÉE s. f. (é-lo-dé — du gr. elôdês, marécageux). Bot. Genre de plantes, de la famille des hypéricinées, comprenant plusieurs espèces, qui habitent l’Europe, le bassin méditerranéen et l’Amérique du Nord.

ÉLODICON s. m. (é-lo-di-kon). Mus. Espèce d’orgue expressif dans lequel les tuyaux sont remplacés par des plaques de métal qui sont fixées d’un seul côté et qu’un souffleur met en vibration.

ÉLODITE adj. (é-lo-di-te — du gr. elôdês, de marais). Zool. Se dit des animaux, surtout des tortues, qui habitent les marais.

— s. f. pl. Tribu de reptiles, de l’ordre des chéloniens, comprenant les tortues de marais. V. émyde.

Enycl. Les élodites ou tortues de marais, si nombreuses de nos jours, ont laissé des débris fossiles ; non-seulement les.terrains anciens ont reçu des impressions de quelques pieds qu’on croit pouvoir rapporter à cette famille, mais des preuves certaines démontrent que.ces tortues ont existé dès l’époque jurassique. Les principaux genres sont les émydes, caractérisées par une carapace passablement bombéee et un plastron large, non mobile, solidement aculé à la carapace. Les espèces jurassiques ont principalement été trouvées dans les environs de Soleure. La pierre qui les renferme est un calcaire de l’étage kimmeridgien, qui contient aussi des mollusques, indices de son origine marine. Cette association est étonnante, car la conformation des émydes rend peu probable qu’elles aient jamais pu vivre dans la mer, leurs membres étant de trop faibles instruments de natation. Peut-être les débris ont-ils été transportés par des courants d’eau douce. On cite une véritable émyde dans le Weald ; les terrains tertiaires en renferment de nombreux ossements. Dans l’éocène d’Angleterre, on trouve : l’emys testudiniformis, dont la carapace est plus convexe que dans la plupart des espèces d’eau douce ; l’emys brevis, qui diffère de tous les chéloniens connus par deux pièces irrégulièrement arrondies, intercalées dans le plastron entre les hyposternaux vers leur bord externe et les hyosternaux ; l’emys biarinata, belle, longue d’un pied, et remarquable par l’étroitesse des écailles vertébrales, ainsi que par trois carènes longitudinales sur ces plaques. Les émydes paraissent nombreuses dans le miocène ; l’emys Wyttembachii n’est connue que par une portion du plastron et par une pièce marginale trouvée dans la mollasse des environs d’Arberg, en Suisse ; l’emys Turnoviensis présente un caractère remarquable dans l’extrême développement des plaques vertébrales de la carapace, qui repoussent les plaques costales de manière à s’articuler directement avec les plaques marginales. On connaît plusieurs émydes du pliocène et des terrains diluviens. Les palœochelys ont la troisième pièce costale articulée seulement à la troisième pièce vertébrale, la quatrième à la fois à la troisième, à la quatrième et à la cinquième ; les pièces costales articulées à une seule vertébrale n’ont pas la ligne d’impression qui sépare deux écailles costales consécutives.

Les eurystentum ne sont connus que par un couvercle trouvé à Solenhofen, et dont la forme se rapporte à celle des émydes, avec des membres presque aussi courts que dans les tortues de terre.

Les platemys sont caractérisées par une carapace très-déprimée, un sternum non mobile, une tête aplatie, cinq ongles aux pattes antérieures et quatre aux pattes postérieures. On en a trouvé des espèces fossiles dans le Weald et les terrains tertiaires. Le platemys Bovenbankii, de l’éocène de Sheppy, a un rudiment de pièce accessoire entre l’hyosternal et l’hyposternal du côté externe. Le platemys Bullochii, du même gisement, est remarquable par l’existence d’une pièce surnuméraire bien plus complète entre l’hyosternal et l’hyposternal.

Les chélydres sont caractérisées par un plastron non mobile, cruciforme, composé de branches étroites, par une tête large, un museau court et des mâchoires crochues. On rapporte à ce genre une grande espèce fossile du pléocène d’Œningen, longue de 16 pouces, la chelydra Murchisonii.

Les tretosternon sont caractérisés par une carapace large, aplatie, sculptée et pointillée ; la carapace et le plastron ont été protégés par des plaques écailleuses, et leurs pièces osseuses marginales sont à l’état rudimentaire. La seule espèce citée est le tretosternon punctatum du calcaire de Purbeck.

Les apholidemys ont une carapace bordée par des pièces marginales assez développées, sans traces d’écailles. On en a trouvé deux espèces dans le calcaire grossier de Cuise-la-Motte.

Les protemys ont un sternum incomplètement ossifié ; la suture des hyosternaux et des hyposternaux est interrompue sur le milieu et sur les bords du plastron.

ÉLOGE s. m. (é-lo-je — lat. elogium ; du gr. ellogion, formé de en, dans, et de logos, discours). Louange, paroles prononcées pour louer quelqu’un ou quelque chose : Faire l’éloge de quelqu’un, des vertus de quelqu’un. On finit par croire aux éloges que l’on achète ou que l’on se fait. (Sénèque.) L’éloge est un hommage dû aux talents et aux vertus ; il anime les arts et il excite l’émulation. (Fén.) Il faut soi-même être digne de beaucoup d’éloges, pour supporter patiemment l’éloge d’autrui. (Montesq.) Les justes éloges sont un parfum que l’on réserve pour embaumer les morts. (Volt.) On ne peut ambitionner les éloges que de ceux dont le suffrage est éclairé. (Mme d’Epinay.) Les éloges indirects sont les seuls qui puissent faire quelque impression. (Mme de Genlis) Les éloges de certaines gens sont quelquefois plus offensants que les critiques dures et injustes de certaines autres. (Grimm.) La manière dont je vois distribuer l’éloge et le blâme donnerait au plus honnête homme du monde l’envie d’être diffamé. (Chamfort.) Il faut que les éloges soient bien mal assaisonnés pour que nous les trouvions insipides. (Mme Necker.) Le compliment est un éloge flatteur tourné avec esprit, mais peu conforme à la vérité. (E. Vergniaud.) Les éloges finissent par produire une léthargie morale. (La Rochef.-Doud.) Les hommes sont plus avides d’éloges que jaloux de les mériter. (La Rochef.-Dond.) L’éloge est suspect quand il s’adresse à la prospérité. (Chateaub.) Les éloges sont à la mode ; il faut hurler avec les loups, d’autres disent braire avec les ânes. (P.-L. Cour.) Les éloges que nous donnons à nos ennemis les accusent plus que ne feraient nos plaintes. (Lingrée.) Si le blâme qui décourage est funeste, l’éloge qui trompe n’est pas moins fatal. (E. de Gir.) Il n’y a qu’un seul moyen de faire un bel éloge d’une femme, c’est de dire beaucoup de mal de sa rivale. (Mme E. de Gir.) Il y a des hommes dont les éloges mêmes sont déflorants ; on aime moins la femme dont ils ont osé parler. (Mme E. de Gir.) A peine a-t-on fait l’éloge d’un de ses amis ou d’un de ses domestiques, que l’on apprend une trahison de l’un ou une maladresse de l’autre. (Mme E. de Gir.) Celui qui fait toujours son éloge dispense les autres de le louer. (J. Droz.) Le blâme ne nous fait pas pires, ni l’éloge meilleurs. (Petit-Senn.) Sans une critique possible, sans une réplique permise, il n’est pas d’éloge flatteur. (L. Véron.) Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge qui flatte. (Beaumarch.) En fait d’éloges. l’amour-propre, comme l’avare, prend de toutes les mains. (Petit-Senn.)

Tout éloge imposteur blesse une ame sincère.
Boileau.
L’homme éclairé suspend l’éloge et la censure.
Gresset.
Un éloge insipide et sottement flatteur
Déshonore à la fois le héros et l’auteur.
Boileau.
D’éloges on regorge, à la tête on les jette,
Et mon valet de chambre est mis dans la gazette.
Molière.
Combien avons-nous vu d’éloges unanimes
Condamnés, démentis par un honteux retour…
J.-B. Rousseau.
Sitôt que l’auteur signe un écrit qu’il proclame,
Son nom doit partager et l’éloge et le blâme.
Gilbert.

— Fig. Témoignage, preuve favorable : Ces regrets font votre éloge. Le silence est quelquefois un éloge manifeste. L’amour des peuples est l’éloge le moins suspect du souverain. (Mass.)

— Littér. Panégyrique, discours écrit ou prononcé à la louange de quelqu’un ou de quelque chose : Synésius a fait l’éloge de la pauvreté ; Favorinus, de la laideur ; Erasme, de la folie. (Acad.) L’éloge a la vérité pour base. (Buff.) L’éloge doit non-seulement couronner le mérite, mais le faire germer. (Buff.) On est souvent obligé, dans l’éloge des princes, de se jeter adroitement sur leur naissance et sur la gloire de leurs ancêtres. (Fléch.) C’était la coutume à Rome de prononcer l’éloge des femmes, mais seulement lorsqu’elles mouraient dans un âge avancé. (Napol. III.) C’est un grand ridicule de trouver tous les genres de mérite à l’homme dont on fait l’éloge. (Villem.) Mucius Floriatus a fait l’éloge de la claudication. (A. Karr.)

Un éloge ennuyeux, un froid panégyrique,
Peut pourrir à son aise au fond d’une boutique.
Boileau.

|| Eloge funèbre, Panégyrique d’une personne décédée, qui se prononce le plus souvent pendant la cérémonie des funérailles, mais qui se distingue de l’oraison funèbre en ce que celle-ci est un discours religieux. || Eloge académique, Biographie élogieuse que le secrétaire de l’Académie des sciences doit faire de chaque académicien décédé, et qui fait eusuite partie des mémoires de ce corps. || Eloge historique, Panégyrique d’un personnage historique, écrit le plus souvent comme morceau d’éloquence.

— Enseign. Etre reçu avec éloges, Passer un examen de droit avec toutes boules blanches.

Syn. Éloge, applaudissement, louange. V. applaudissement.

Éloge, panégyrique. L’éloge est un discours prononcé en public pour louer la mémoire d’une personne illustre, au moins à quelques égards, mais sans que cette personne fût nécessairement d’un rang très-élevè ; le style peut être simple, et l’orateur peut se permettra quelques critiques, pourvu que les louanges dominent. Le panégyrique est toujours pompeux ; il ne connaît que la louange, et la louange ornée de toutes les fleurs de l’éloquence ; on ne le décerne qu’aux princes et aux saints le jour de leur fête solennelle.

Antonymes. Blâme, censure, critique, dénigrement, diatribe, invective, satire.

Épltbètes. Juste, légitime, mérité, dû, désintéressé, sincère, naturel, simple, modéré, bienveillant, senti, touchant, honorable, flatteur, brillant, glorieux, éclatant, pompeux, magnifique, admirable, rare, unnnime, précieux, ingénieux, spirituel, adroit, fin, dé-