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livré en 1792 aux législateurs. (Chateaub.) Otes Dieu de la création, le Beau n’a plus de type essentiel ; UArt manque de raison, de vie, il n’en reste que le cadavre. (Lamart.) Attila et les barbares, qui s’imaginent être des conque' rants, ne sont que les fossoyeurs qui enterrent le grand cadavre de l’empire romain. (Th. Gautier.) J’évitai ainsi les fatigantes redites de ces démonstrateurs gagés qui dissèquent aux voyageurs le cadavre de Home. (Lamart.)

Ici gît au tombeau le cadavre de Tyr.

Boucher.

ta glt Lacédémone, Athènes fut ici : Quels cadavres épars dan» la Grèce déserte 1

Racine.

Parcourez l’univers, voyez de toutes parts Des plus Hères cités les cadavres épars.

Delili-E.

Le doute ! il est partout, et le courant l’entraîne, Ce linceul transparent que l’incrédulité Sur le bord de la tombe a laissé par pitié Au cadavre flétri de l’espérance humaine,

A. de Mussbt.

— Fam. Sentir le cadavre. Pressentir sa chute prochaine, deviner que les choses vont tourner mal  : À la fin de la vie du roi, Brancas et sa femme sentirent le cadavre ; ils comprirent que les choses ne se passeraient pas agréablement entre M. le duc d’Orléans et Af. le duc du Maine. (St-Sim.) il Inus.

— Éplthétes. Froid, glacé, roide, rigide, pâle, livide, insensible, inanimé, fumant, sanglant, ensanglanté, sanguinolent, défiguré, meurtri, affreux, horrible, hideux, corrompu, purulent, putréfié, infect, décomposé, vivant, ambulant.

— Encycl. Tout être vivant laisse une dépouille mortelle. Dès que la vie s’en est retirée, ce qui reste de lui, ce que les physiologistes de certaines écoles appellent aussi l’agrégat matériel, c’est le cadavre. Cependant cette dénomination est presque exclusivement réservée à la dépouille mortelle de l’homme ; le cadavre de beaucoup d’animaux est désigné sous le nom de charogne ; quant aux végétaux, ni l’une ni l’autre dénomination ne peuvent leur être appliquées. Le cadavre est un sujet d’étude très-complexe ; l’anatomiste, le médecin, le légiste trouvent a y exercer leur science. C’est sous ces différents points de vue que nous examinerons le cadavre.

— Anat, I. Le cadavre considéré comme sujet d’étude en anatomie.— Làsmort, en frappant l’animal, ne détruit pas ordinairement son organisation ; on retrouve dans le cadavre la même composition, le même arrangement des parties que dans l’être vivant. Dès la plus haute antiquité, le cadavre fut donc considéré comme le meilleur moyen d’étude de l’organisation vivante. Aussitôt que la voie fut ouverte aux études d’anthropotomie par l’audacieuse innovation de Vésale et de ses imitateurs, aussitôt que la dissection des cadavres humains cessa d’être proscrite par les lois ou les usages, la science de l’organisation fit de rapides progrès, et la science de la vie, qui n’était qu’un tissu d’hypothèses puériles, ou qui plutôt n’existait pas, prit, dès ce moment, un brillant essor. Aujourd’hui, des préjugés que rien ne justifiait ne s’opposent plus aux

Îirogrès de la science, et l’anatomiste, conciiant le respect qu’il doit aux morts avec les véritables intérêts des vivants, ne s’arrête pas à de mesquines considérations de convenance ; il n’est plus réduit à cacher dans l’obscurité d’un souterrain les investigations auxquelles il se livre.

En France, l’usage est universellement établi de consacrer aux études anatomiques les cadavres des personnes décédées dans les hôpitaux et non réclamées par leur famille. Dans toutes les villes où il existe des hôpitaux d’instruction et des écoles de médecine, les cadavres sont dirigés sur les amphithéâtres de dissection ; là, ils prennent le nom caractéristique de sujets. À Paris, l’administration des hôpitaux et hospices civils met à la disposition des amphithéâtres d’enseignement tous les sujets disponibles ; une moitié est dirigée sur l’École pratique de la Faculté de médecine ; l’autre moitié est livrée à l’amphithéâtre des hôpitaux de Paris, nommé Clamart. Annuellement et en moyenne, le nombre des sujets est d’environ 1,050 adultes et 950 enfants pour chacun des deux amphithéâtres ; ce qui donne un total d’environ 4,000 sujets. Chaque jour, la répartition en est faite suivant un ordre établi : en premier lieu on sert les professeurs officiels ; puis viennent les professeurs libres, les prosecteurs et enfin les élèves, distribués par séries de quatre ou cinq pour un sujet. Portés sur les tables des amphithéâtres, les cadavres sont aussitôt mis en état de pouvoir y être consacrés aux études anatomiques : on injecte avec diverses substances épaisses et colorantes les vaisseaux de ceux dont on veut étudier les systèmes circulatoires ; on vide et on lave ceux qu’on destine à l’étude des muscles ; en un mot, on exécute les préparations qui conviennent à chaque genre d’études. Chacun des élèves de la série se livre ensuite à la dissection des portions qu’il s’est réservées, et trouve dans cette étude, à laquelle la main de l’artiste n’est pas étrangère, les meilleurs enseignements de l’anatontie et une précieuse initiation aux opérations chirurgicales qu’il devra faire plu ? tard sur le vivant.

Un certain ordre préside à cette étude. Le sujet ne se renouvelle pas souvent sur les

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tables de l’amphithéâtre ; il faut, comme on dit, économiser son cadavre. On procède donc par l’étude des parties les plus superficielles en s’avançant vers l’intérieur. Chacun des orfanes que l’on veut étudier est soigneusement isséqué, c’est-à-dire séparé des parties environnantes, tout en lui conservant ses rapports de position, puis étudié ? dans sa structure, sa forme et ses dispositions. Cette étude se fait avec plus de fruit lorsque l’élève est à même de comparer l’organe qu’il dissèque avec les descriptions qui en sont données par les traités d’anatomie. Lorsque, enfin, le cadavre est arrivé a un état de décomposition qui ne permet plus d’en étudier les diverses parties, ou qui pourrait nuire à la salubrité de l’am Ehithéâtre, les débris en sont enlevés par des ommes chargés de ce soin, et rendus à la terre.

—H. Caracf^escadaueWçues.—L’anatomiste, qui fait du cadavre le sujet de ses recherches, doit être prévenu des caractères par lesquels le cadavre diffère de l’être vivant. Aussitôt que la mort a frappé cet être, commence pour Sa dépouille mortelle une série de modifications qui sont l’effet même de la mort. Tant que la vie existait, l’être vivant était en état de lutter contre les causes extérieures de dissolution ; aujourd’hui qu’il est cadavre, ces causes reprennent leur empire, et l’instant qui a suivi la mort est celui même où commence la série de ces transformations dont l’ensemble constitue ce qu’on a quelquefois appelé la vie du cadavre. Cependant, il faut distinguer deux séries de modifications : les unes, plus superficielles en quelque sorte, suivent immédiatement la mort et impriment au cadavre des caractères particuliers, mais non pas une profonde altération de structure ; les autres, postérieures-, sont plus profondes et plus sensibles ; elles ont pour résultat la destruction même de l’être.

Caractères immédiats ou signes de la mort. Le cadavre est froid ; c’est-à-dire que la chaleur ayant cessé de se produire au sein de l’animal mort, l’équilibre de température tend à s’établir entre son cadavre et les milieux ambiants. Le cadavre se refroidit donc, et, au bout de quinze à vingt heures, sa chaleur propre cesse d’être supérieure à celle des corps environnants. Ce temps varie du reste suivant la température du lieu dans lequel le corps a été déposé, suivant le genre de lésion qui a occasionné la mort, l’élévation de température du corps au moment du décès, etc.

, Le cadavre est immobile. Siège d’un relâchement général, les muscles ne le soutiennent plus dans une attitude choisie ; la pesanteur seule agit sur lui. Cependant les excitations galvaniques peuvent rappeler dans les muscles une contractilité locale qui persiste pendant un temps plus ou moins long, suivant la nature de la mort.

Le cadavre, d’abord flasque, devient rigide. La rigidité cadavérique est une conséquence naturelle et forcée de la cessation de la vie ; elle provient de la coagulation de la graisse par le refroidissement du corps et de la coagulation du sang qui a cessé de vivre. Elle dure un temps variable et cesse d’elle-même par le ramollissement qu’amène Fimbibition des liquides. Elle est de peu de durée lorsque la mort est survenue par l’effet d’une maladie longue, du scorbut, ; de l’épuisement, etc. ; mais, dans ces cas, elle se manifeste rapidement pour cesser au bout de deux ou trois heures. Dans les cas de mort violente, au contraire, la rigidité ne survient qu’après vingt-quatre ou trente-six heures et dure plusieurs jours.

Le sang, dans les cadavres, est accumulé dans les cavités droites du cœur, dans les veines caves et les vaisseaux pulmonaires ; ce qui provient du vide qui s’opère dans la poitrine par le retrait des bronches dont les parois sont élastiques, du vide partiel qui s’opère dans les artères par la rétraction de leurs parois, enfin de la contraction des fibres-cellules des capillaires sanguins. À cette même cause, à la contraction des capillaires, doit être attribuée la pâleur de la face et de la surface entière du corps, regardée comme un des signes les plus saillants de la mort.

Cependant le sang ne tarde pas à quitter les vaisseaux qui le contiennent ; il s’extravase par infiltration et donne naissance aux lividités, aux vergetures ou ecchymoses cadavériques. Le sang n’est même pas le seul

liquide qui s’extravase en dehors de ses vaisseaux ; le sperme, les matières fécales, les urines, la sérosité, tous ces liquides, n’obéissant plus qu’à la pesanteur, gagnent les parties les plus déclives. Ce sont ces déplacements spontanés qui quelquefois occasionnent des mouvements très-singuliers dans les cadavres.

Une autre conséquence inévitable est la diminution de poids du corps. Le cadavre perd Îiar évaporation une certaine quantité du iquide qu’il renfermait ; de là le dessèchement et la flétrissure qu’on remarque sur la cornée ; de là l’enduit visqueux qui recouvre la peau. Enfin, un commencement de décomposition, soit des matières contenues dans le tube digestif, soit de la substance même du corps, commence à s’opérer ; des gaz se développent dans des cavités qui n en contenaient pas à l’état normal : dans les vaisseaux, les aréoles du tissu cellulaire, etc. Puis l’infiltration se généralise, le ramollissement des tissus se prononce davantage ; c’est

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la putréfaction cadavérique qui s’établit et envahit successivement les organes dans un ordre déterminé par leur degré de résistance aux causes de désorganisation ; à moins que les maladies antérieures ou d’autres circonstances ne soient venues modifier cet ordre.

Sur les caractères que nous venons de tracer repose la connaissance des signes certains de la mort et les recherches des médecins légistes dont nous aurons occasion de parler tout à l’heure. De là leur importance, dans la question qui nous occupe. (V. mort.)

Après avoir fait connaître les caractères, pour ainsi dire anatomiques, du cadavre, il ne serait pas inutile de dire un mot des phénomènes physiologiques dont il peut être le théâtre. Il semble paradoxal de parler de physiologie à propos d’un cadavre, et cependant il faut regarder comme incontestable l’accomplissement au sein du cadavre d’un certain nombre d’actes vitaux, ou qui sont regardés comme tels. Il y a peu de sujets qui aient impressionné et passionné un plus grand nombre de personnes. Il n’est pas, non plus, de fables ou d’exagérations qu’on n’ait débitées sur cette matière. S’il fallait en croire certains récits, des cadavres auraient été trouvés dans leur tombe, le visage calme et souriant ; leurs ongles et leur barbe auraient poussé démesurément ; enfin, toute leur apparence aurait été celle d’êtres vivants et bien nourris. L’existence même des fabuleux vampires n’avait guère, d’autres fondements que l’existence prétendue de ces espèces de morts-vivants. Telle est la fable. Il importe maintenant de faire justice de ces folies, et d’examiner quels fondements elles pouvaient avoir dans la réalité.

Avant d’entrer dans les développements que soulève cette question, il serait utile de déterminer ce qu’on entend par actes vitaux, et en quoi ils diffèrent des actes organiques. Les physiologistes, quoique divisés sur plusieurs points, s’accordent assez pour admettre qu’il existe des actes organiques s’accomplissant, indépendamment de la vie, par le seul fait des réactions réciproques des tisïus sur les humeurs : ces actes dérivent donc des propriétés des tissus et peuvent se conserver dans la matière organisée, indépendamment de la vie, tant que les tissus ne seront pas altérés dans leur structure. Il est, au contraire, des actes fonctionnels qui s’accomplissent sous la dépendance d’un centre régulateur, le centre nerveux encéphalo-rachidien : ce sont les actes vitaux proprement dits.

Au nombre des actes vitaux dont la manifestation constitue spécialement la vie animale, il faut noter la sensibilité et la motricité. On sait que ces deux fonctions sont étroitement liées l’une à l’autre, et que, chez un animal vivant, le mouvement suit la sensation, et en est, en quelque sorte, la réaction volontaire. Cependant, dans un animal décapité, chez l’homme même victime de mort violente, on a pu observer des mouvements convulsifs partiels ou généraux succédant à la mort. Ces mouvements sont, incontestablement, des actes vitaux j mais ils sont, en même temps, inconscients et involontaires. Les expériences nombreuses des physiologistes ont établi que la cessation, de l’arrivée du. sang aux capillaires du cerveau emportait nécessairement la perte de connaissance, l’insensibilité et l’absence de toute réaction volontaire. Les mouvements convulsifs qui succèdent à la décapitation d’un animal ne sont donc que la mise eu jeu de l’action réflexe de la moelle épinière, laquelle préside uniquement aux mouvements involontaires. Il en est de même des mouvements qu’on provoque dans un animal par l’excitation directe d’un de ses membres. Si l’on pince, si l’on coupe, si l’on brûle les pattes d’une grenouille décapitée, immédiatement cette patte se meut convulsivement, et souvent des parties éloignées, qui n’ont pas été touchées, se meuvent au même moment. Il y a encore ici mouvement réflexe, ayant son point de départ dans la moelle ou dans le tronçon de la moelle qui correspond aux nerfs des parties lésées ; mais le mouvement est, nécessairement, inconscient et involontaire, puisqu’il succède à une perception non sentie.

Il n’en est plus de même du mouvement de contraction toute locale que l’on provoque dans un muscle lorsque l’on excite par un agent mécanique, chimique ou galvanique, la fibre musculaire. Sous l’influence de ces excitations extérieures, la fibre se contracte, alors même qu’elle n’adhère à aucune portion des centres nerveux : il y a là une propriété de tissu. Il en est de même de ce petit mouvement ondulatoire qui s’accomplit au sein des cils vibratils (v. cils) ; ces mouvements sont tellement indépendants de la volonté qu’ils s’accomplissent en dehors de l’organisme. Il suffit.de gratter légèrement les muqueuses pourvues de cils vibratils et de déposer sur le porte-objet d’un microscope les débris d’épithéhum ainsi obtenus ; l’instrument permettra d’observer les mouvements des ciîs s’accomplissant aussi librement qu’au sein de l’organisme : ce n’est là qu’une propriété de tissu.

Tels sont les mouvements qui peuvent s’accomplir au sein d’un corps privé de vie. Ils ont pouf caractère d’être absolument involontaires, et de s’éteindre peu à peu au fur et à mesuré" qu’on s’éloigne de l’époque de la mort. L’altération des tissus et des organes est évidemment la seule cause qui les fasse

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disparaître. Ils durent toujours plus longtemps chez un animal à sang froid que chez les animaux supérieurs, et, toutes choses égales d’ailleurs, leur durée est encore en rapport avec le genre de mort de l’animal. Le cas de mort violente est le plus favorable à la conservation des propriétés de tissu : aussi est-ce chez les suppliciés qu’on les observe le plus longtemps. M. Gosselin a vu le mouvement des cils vibratils persister jusqu’au treizième jour après la mort.

A côté des fonctions animales se placent les fonctions de la vie végétative, et, principalement, les fonctions de nutrition. Celles-ci s’accomplissent, au sein même de l’être vivant, d’une manière presque complètement involontaire. Les propriétés de tissu ont ici une importance prépondérante ; on ne s’étonnera donc pas que quelques fonctions de nutrition puissent s’accomplir au sein du cadavre. L’action dissolvante des sucs digestifs, par exemple, ne peut pas être regardée comme une fonction vitale, puisqu’elle peut s’accomplir dans un verre a expérience de nos laboratoires ; on comprend facilement qu’elle

puisse s’exercer au sein du cadavre, aussi longtemps que celui-ci conserve uneTcertaine chaleur, suffisante à l’accomplissement du phénomène. Seulement, par une conséquence naturelle de la mort, le suc gastrique de l’estomac digère et dissout, non-seulement les substances alimentaires avec lesquelles il peut se trouver en contact, mais la membrane muqueuse de l’estomac lui-même ; cet exemple montre bien qu’il n’y a là qu’une réaction des humeurs sur les tissus. On comprendra encore que l’absorption, qui n’est que la mise en jeu d’une propriété commune à tous les tissus vivants, continue à s’accomplir dans le cadavre. Mais il n’en est pas de même de la calorification ; cette fonction est trop directement liée à l’exercice de la fonction respiratoire, et la chaleur animale ne se produit, et encore pendant un certain temps seulement, que si l’on entretient le jeu de la respiration chez les animaux décapités.

Enfin, il est un dernier phénomène qui, à raison de la facilité avec laquelle on peut le constater, a plus vivement attiré l’attention ; nous voulons parler de la production et de l’élongation des cheveux, des poils, de la barbe et des ongles. Ce phénomène est directement lié à l’acte fonctionnel décrit sous le nom de nutrition des produits épidermiques. La nutrition interstitielle, l’assimilation, est-elle bien réellement une propriété de tissu ? Cette fonction est encore aujourd’hui trop peu étudiée, ou trop peu connue dans son essence, pour qu’on puisse résoudre nettement cette question ; mais il paraît acceptable que, toutes les fois que les tissus des racines du poil et de la matière de l’oncle sont dans un état parfait d’intégrité, l’assimilation ou la nutrition des tissus peuvent s’accomplir aux dépens des éléments nutritifs précédemment apportés. Ainsi s’expliqueraient les faits de nutrition épidermique postérieurs à la mort, si souvent cités comme exemple de la vie du cadaure. On se rappelle, entre autres faits, qu’à l’exhumation du corps de Napoléon, on constata que l’ongle du gros orteil avait poussé considérablement et sortait par la fissure de sa botte. Il est important de remarquer que ces observations ne se feront qu’exceptionnellement. Dans les conditions ordinaires, c’est-à-dire chez les cadavres inhumés sans embaumement préalable, les tissus épidermiques, les ongles, par exemple, sont les premiers à se ramollir et à se séparer du corps, de sorte que, lors même que là nutrition de ces tissus aurait quelque tendance à se prolonger, le fait n’en resterait pas moins d’une constatation difficile.

Phénomènes consécutifs ou de décomposition spontanée du cadavre. La chimie moderne, qui a poussé ses investigations savantes jusque dans la profondeur de nos tissus, nous a révélé la composition chimique du corps vivant. Une expérience bien simple peut nous en donner une idée générale. Si l’on soumet à l’action de la chaleur une portion plus ou moins considérable de la matière organisée, elle se détruit, brûle avec production d’une odeur caractéristique repoussante, et laissa pour résidu une matière incombustible terreuse, la cendre. Ainsi, la substance de nos organes est susceptible de se dédoubler en deux parties : 1° une matière combustible, décomposable par la chaleur, avec production de substances volatiles odorantes ; c est la matière organique proprement dite, celle qu’on regarde comme formée des principes immédiats constitutifs de l’organisme, tels que fibrine, albumine, gélatine, chondrine, etc.-, ao une substance terreuse, fixe, indécomposable, au moins en partie, par la chaleur seule ; c’est la matière inorganique ou minérale, celle qui contient les sels inorganiques. L’analyse la plus complète arrive toujours à ce dernier résultat : l’être vivant est un assemblage d’organes ; l’organe un assemblage de tissus et d’humeurs ; les tissus un mélange, ou, si l’on veut, une combinaison de principes immédiats et de sels terreux. Entre ces deux ordres de substances, point de différences essentielles ; le principe immédiat est une espèce chimique aussi nettement déterminée que la substance minérale. Il est composé d’éléments associés en proportions définies : hydrogène, oxygène, carbone, azote, phosphore, fer, soufre ; la substance minérale contient ces mêmes éléments auxquels se joignent quelr ques métaux alcalins : potassium, sodium, ma-