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aussi plusieurs éditions en Italie et a été traduite roi fiançais par M. Amédée Renée ; et dans son Histoire des Italiens, dont le suecès a été si grand en Italie qu’elle a dû être réimprimée avant l’achèvement de la première édition, et qui a été traduite sous les yeux de l’auteur par M. Lacombe (1859, 12 vol. in-8u). Comme historien, César Cantù, avec toute sa science et son érudition, sa méthode belle et simple, la nerveuse concision de son style, est un romantique attardé qu’on a défini avec quelque raison : « Un Manzoni délayé en cinquante volumes. • Il est le plus vaillant représentant de cette école néo-guelfe, née à Milan, et qui, voyant dans la papauté le salut de l’Italie, est amenée en politique à considérer la confédération comme le meilleur système pour l’Italie, a, soutenir le pouvoir temporel du pape et a placer les prétentions de l’Église au-dessus des droits du pouvoir civil.

En politique active, M. César Cantù, quoique studieux et paisible, aime avant tout son pays et l’indépendance de l’Italie. Il l’a prouvé en plusieurs circonstances. En 1847, au congrès scientifique à Venise, dans la salle du Grand-Conseil de l’ancienne république vénitienne, il prononça, devant plus de 3,000 auditeurs, un discours couvert d’applaudissements, où, a propos de chemins de fer, il fit un magnifique éloge de Pie IX et un appel à l’indépendance italienne. Le G août 1848, lors de la fameuse capitulation de Milan, il fut un des trois citoyens milanais qui protestèrent contre la capitulation dans une proclamation énergique, et qui, plutôt que de se soumettre à la domination autrichienne, donnèrent l’exemple de l’émigration en masse vers le Piémont.

Depuis les derniers événements qui rendirent la liberté à sa patrie, M. César Cantù a été élu député au parlement italien. Fidèle à ses principes’, il s’est fait remarquer par son opposition, tout à fait isolée, aux projets de loi destinés à faire passer dans les lois civiles de l’Italie le principe de la séparation de l’Eglise et de l’État et l’indépendance du pouvoir civil, notamment par un discours contre l’institution du mariage civil (janvier 18G5). Il fut seul, avec M. d’Oudes-Reggio, à voter contre ce projet de loi.

Dernièrement (mars 1865), dans la fameuse discussion sur l’abolition de la peine de mort, M. Cantù s’est prononcé, avec la majorité de la chambre, pour l’abolition.

Le dernier ouvrage de M. César Cantù (l8G7}j dont la traduction française a paru aussitôt chez Le Cière, est intitulé : la .Réforme en Italie et les précurseurs. Ce livre, divisé en seize discours historiques, qui retracent l’histoire de l’Egiise et des hérésies depuis Arius jusqu’aux successeurs de Luther, est riche de l’immense érudition de l’auteur et des, savantes notes qu’il y a ajoutées. Le catholicisme de M. Cantù est plus pur et plus ardent que jamais. Mais chez M. Cantù comme chez tous les catholiques de l’école de Alanzoni, les idées religieuses n’exercent pas sur les opinions politiques l’influence que l’on remarque chez les catholiques de France. M. Cantù est un républicain italien du moyen âge, et il est démocrate à sa manière. Voici comment il défend, dans’Son livre de la Reforme en Italie, les moines et les couvents contre les attaques dont ils sont l’objet en Italie ; • Les ordres mendiants sont une plante républicaine, et pour comprendre saint François d’Assise il faut le peuple... ; il faudrait, pour le comprendre, cette vieille Italie toute démocratique, avec ses forces divisées, sa foi et ses municipes. De quel droit le matérialisme de nos jours pourra-t-il jamais s’immiscer dans.ces sacrifices de l’âme, accomplis en vue de récompenses qui ne s’escomptent ni en argent ni en satisfactions mondaines ? Néanmoins, même au milieu de cette civilisation moderne qui nous comble de ses béatitudes, au sein de cet admirable développement de l’industrie et des intérêts matériels, le cœur a des besoins dont la satisfaction ne peut se trouver ni au théâtre, ni à la bourse, ni au télégraphe ; il aspire à quelquéchose de plus élevé, de plus grand, que nos pères appelaient Dieu. » Les opinions que M. Cantù soutient avec tant de talent et d’énergie sont si peu populaires en Italie, qu’il n’a pas été réélu aux élections du parlement italien de 1867.

CANTUA s. ni. (kah-tu-a — de cantu, nom péruvien). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des polémoniacées, comprenant une douzaine d’espèces, qui croissent au Pérou.

CANTUAIRE s. m. (kan-tu-è-re). Ane. litnrg. Nom que l’on donnait, dans l’église do Meaux, aux ecclésiastiques qui baptisaient dans la cathédrale.

CANTWELL (André), médecin irlandais, né dans le comté de Tipperary, mort à Paris en 17S4. Il étudia la médecine et fut reçu docteur à Montpellier. Il vint ensuite à Paris et fut chargé, en 1750, de professer la chirurgie latine ; plus tard, il professa la chirurgie française et la pharmacie. Il publia des dissertations et des livres sur un grand nombre de questions médicales, tantôt en latin, tantôt en français, et fut un des adversaires les plus opiniâtres de l’inoculation, qui venait d’être inventée par Jenner. Nous citerons parmi ses ouvrages : Dissertation sur les fièvres en général (1730) ; Dissertation sur les sécrétions en général (1731) ; Dissertation sur l’inocula-

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tion, etc. (1755) ; Tableau de la petite vérole (1758) ; etc ;

CANTWELL (André - Samuel), traducteur, bibliothécaire des Invalides, né en 1744, mort en 1802, était fils du précédent. Il a traduit de l’anglais un grand nombre d’ouvrages, notamment l’Histoire de Gibbon et la Rhétorique de Blair. On l’accuse d’avoir altéré les versions originales. Les trois premiers volumes de cette traduction ide Gibbon parurent sous le pseudonyme de Leclerc de Sept-Chênes, et furent attribués à Louis XVI. Cette traduction a été revue et publiée de nouveau par M. Guizot.

CANTYRE, presqu’île d’Écosse, comprise dans le comté d’Argyle, dont elle forme la partie ta plus méridionale. Elle est jointe à l’Écosse par un isthme de l kilora. de large, baignée à l’O. par le canal du Nord, qui la sépare de l’Irlande, et à l’E. par le golfe Kilbrannan, qui la sépare de l’île d’Arran. Terrain accidenté, entrecoupé de collines, de bois et de lacs. Pêche considérable de harengs.

CANU, UE adj. (ka-nu). Ancienne forme du mot CHENU.

CANUBIN ou KANOBIN, bourg de la Turquie d’Asie, dans la Syrie, à 44 kilom. B. de Tripoli, dans les montagnes du Liban. Résidence du patriarche des Maronites ; beau couvent bâti sur un rocher et qui semble suspendu dans les airs. La chapelle principale de ce couvent, dédiée à la Vierge, est creusée dans le roc ; elle reçoit les offrandes de tous les paysans des environs,

CANUDE s. f. (ka-nu-de). Ichthyol. Poisson du genre labre, qui vit dans la Méditerranée, et dont la chair est estimée. Il On l’appelle aussi canus.

— Encycl. La eanude, appelée aussi canus, est un poisson de la famille des labroïdes et du genre labre. Sa longueur est de 0 m. 30 à 0 m. 40 ; le fond de sa couleur est jaune, avec le dos d un rouge pourpre ; sa gueule est petite et armée de dents fort serrées entre elles ; la nageoire dorsale, qui s’étend depuis la tête jusqu’à la queue, est garnie de rayons épineux. La eanude habite la Méditerranée, et se tient ordinairement entre les rochers. Sa chair est molle, friable, nullement visqueuse, facile à digérer ; elle était déjà très-estimée du temps de Rondelet.

CANUEL (Simon), général, né dans le Poitou en 1707, mort en 1841. Il servit en Vendée comme aide de camp de Rossignol, reçut le commandement de la ville de Lyon en 1796, servit l’Empire, s’empressa de reconnaître les Bourbons en 1814, et fut nommé baron et chevalier de Saint-Louis. Pendant les Cent-Jours, il se jeta en Vendée, où il avait naguère combattu pour une autre cause, et devint chef d’état-major de La Rochejacquelein. Nommé député par la Vienne en 1815, il fut un des plus fougueux royalistes de la chambre introuvable. Ce fut lui qui présida à Lyon le conseil de guerre qui condamna le général Mouton-Duvernet. Il réprima ensuite, comme commandant de la 19« division militaire, les troubles du Rhône, avec une cruauté qui compromit le gouvernement et l’engagea lui-même dans un conflit avec son successeur Raguse. Il fut mis à la retraite après la campagne d’Espagne. Il a publié des Mémoires sur la guerre de Vendée en 1815.

CANULAIRE adj. (ka-nu-lè-re — rad. canule). Didact. En forme de canule.

CANULANT (ka-nu-lan) part. prés, du v. Canuler : Des femmes CANULANT leurs amies par des visites interminables.

CANULANT, ANTE adj. (ka-nu-lan, an-te

— rad. canuler). Pop. Ennuyeux, fatigant : Tu es CANULANT, en vérité. Encore de la pluie ! est-ce donc canulant 1

CANULE s. f. (ka-nu-le —dimin. de canne, roseau). Partie d’une seringue qu’on introduit dans l’orifice de l’organe à injecter.

— A signifié Larynx.

— Robinet de bois qu’on adapte à un tonneau mis en perce. Il On dit plus souvent

CANNliLLE.

— Chirur. Tube de dimensions, de formes, de substances très-variées, employé très-fréquemment en chirurgie : AI. de La Feuillade se mourait d’avoir quitté une canulk qu’il portait depuis une grande blessure qu’il avait eue autrefois au travers du corps. (St-Shn.)

CANULE, ÉE adj. (ka-nu-lé — rad. canule). Didact. En forme de canule.

CANULE, ÉE (ka-nu-lé) part. pass. du v. Canuler : Suis-je assez canule depuis deux heures !

CANULE1US (Cneius), tribun du peuple romain, détermina en 444 av. J.-C. la retraite des plébéiens sur le Janicule, et obtint ainsi l’abolition de la loi qui interdisait les mariages entre les familles patriciennes et plébéiennes, et le partage du consulat entre les deux ordres.

CANULER v. a. ou tr. (ka-nu-lé — rad. canule). Pop. Obséder, importuner : Tu me canules. Ne viens pas me canuler.

CANULETTE s. f. (Ka-nu-lè-te). Pêch. Forte pagaie dont se servent les pêcheurs de Quito.

CANUS s. m. (ka-nu). Ichthyol. V. canudïï.

CANUS (Melchior). V. Cano,

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CANUS (Julius), patricien romain, osa exprimer trop librement* son opinion dans une conversation qu’il eut avec l’empereur Caligula, qui ordonna sa mort ; mais il devait s’écouler dix jours entre la sentence et l’exécution. Lorsqu’on vint le chercher pour le conduire au supplice, le centurion le trouva jouant aux échecs, et comme les chances de la partie paraissaient favorables au condamné, celui-ci le fit remarquer au centurion. Sénèque, dans son traité De tranquillitate animi, admire le calme que montra Canus en allant à la mort. Comme ses amis, plus émus que lui, versaient des larmes, il leur dit : « Pourquoi ces gémissements ? Vous êtes en peine de savoir si l’âme est immortelle ; je vais en être éclairci en un moment. Je songe à bien examiner si mon âme se sentira sortir. ■ Puis, d’un ton légèrement ironique, il leur promit de revenir leur faire part de ce qu’il aurait observé, s’il n’en était empêché par une impossibilité absolue.

CANUS, USE adj. (ka-nu, u-ze — rad. canut). Qui appartient, qui a rapport aux canuts de Lyon : Le langage canus. La prononciation

CANUSE.

— Encycl. Langage canus. Par le langage canus, on entend une espèce d’argot particulier au bas peuple de Lyon. Ce langage n’a ni mouvement ni originalité ; quelques-unes de ses expressions ne manquent pas pourtant d’un certain sel ; pour la plupart, elles sont imitatives et forment de véritables onomatopées : grabotter, pour gratter ; gigauder, pour agiter les jambes, sauter. Le Théâtre de Guignol, publié l’année dernière (imprimerie Perrin, à Lyon, l vol. in-8°), et le Journal de Guignol, sont écrits en langage canus. Le ton canus est traînard et lourd. Autrefois on reconnaissait un Lyonnais, même de bonne famille, à sa façon de parler lente et traînarde ; cela se perd aujourd’hui, et ce n’est plus que par plaisanterie, même dans le peuple, qu’on se sert du langage canus. Il a eu ses prosateurs,

•ses poëtes ; il a son théâtre (le théâtre de Guignol), plusieurs journaux, entre autres le Guignol, comme nous l’avons déjà dit.


CANUSI s. m. (ka-nu-zi). Desservant d’un temple au Japon.


CANUSINE s. f. (ka-nu-zi-ne — de Canusium, Canosa, ville de la Pouille où l’on fabriquait cette étoffe). Antiq. Etoffe de laine brune ou rouge, dont s’habillaient les Romains lorsqu’ils allaient en voyage, et dont ils faisaient aussi le vêtement ordinaire des esclaves.


CANUSIUM, ville de l’ancienne Italie, dans l’Apulie ; aujourd’hui Canosa.


CANUT s. m. (ka-nu. — Ce mot vient probablement de cannelle, outil familier aux canuts ; à moins qu’il ne vienne de caneter, qui exprime assez bien le balancement continuel qu exige le travail du canut. On l’a fait venir aussi de Canutium, grande ville manufacturière des Romains ; mais cette origine antique paraît être fondée sur un innocent désir d’illustration). Pop. Nom donné à Lyon aux ouvriers en soie : Les canuts, qui décorent de leurs tentures magnifiques nos palais et nos temples, manquent souvent de sabots. (A. Blanqui.) Les ferrandiniers sont, vis-à-vis des canuts, dans la même situation que les marchandeurs, sur les chantiers parisiens, vis-à-vis des compagnons. (Richard.) Les ouvriers en soierie, qui forment la majeure partie de la classe ouvrière, et qu’on nomme canuts, travaillent beaucoup, gagnent peu et se nourrissent mal. (V. Hugo.)

— Rem. L’orthographe canut est trop universellement adoptée pour que nous ayons pu

la repousser ; toutefois, nous devons faire remarquer que le féminin Canuse est employé à Lyon, qu’il est même três-usité comme adjectif pour désigner la langue canuse, ce qui suppose évidemment un masculin canus. Pour l’encyclopédie, voy. canus.


CANUT s. m. (ka-nu — n. pr. d’homme). Ornith. Espèce de bécasseau, appelé aussi maubèche grise ou maubèche tachetée.

— Hortic. Variété de raisin.

— Encycl. Le canut est un oiseau, de l’ordre des échassiers, et qui, rangé autrefois parmi les vanneaux, appartient aujourd’hui au genre bécasseau (tringa). Buffon lui a donné aussi les noms de maubèche grise et maubèche tachetée. C’est le tringa cinereà de Linné. Le canut est de la grosseur d’une grive ; son plumage est généralement gris cendré clair, entremêlé de taches brunes en forme de croissant ; le dessous du corps est d’un blanc pur ; le bec et les pieds, d’un noir verdâtre. Ces couleurs présentent, du reste, quelques variations suivant les saisons. Buffon a décrit cette espèce sur un individu en livrée d’hiver, et on ne reconnaîtrait pas dans sa description le même oiseau en tenue de noces ou au temps des amours. Les canuts se montrent tous les ans sur nos côtes pendant quelques mois. Ils passent en bandes nombreuses, dans le courant de mai ; mais ce. passage se fait rapidement, sans doute parce qu’ils sont pressés d’arriver dans les contrées éloignées du nord de l’Europe, où ils vont nicher. Ils fréquentent les endroits submergés par les eaux stagnantes. On entend rarement leur voix. En automne, on rencontre quelques individus, presque toujours jeunes, voyageant séparément. Le canut est un excellent gibier, surtout lorsqu’il est gras. D’après Willoughby, c’était le mets fa CANU

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vori du roi Canut ; c’est de là que lui vient son nom.


CANUT (saint) ou KNUT, roi de Danemark, monta sur le trône en 1080, après la mort de son frère aîné Harotd. Il exerça le pouvoir avec fermeté, fit respecter les lois et lutta avec énergie contre tés mœurs barbares, héritage de l’ancien paganisme, s’efforçant de mettre l’ordre social en harmonie avec les idées et les sentiments chrétiens. Il était pieux et dévoué h l’Église ; sous son règne, des églises s’élevèrent de.toutes parts, notamment les cathédrales de Roskild et de Lund, qu’il dota magnifiquement. Plein de considération pour le clergé, il développa sa puissance et son prestige, l’affranchit de la juridiction ordinaire dans les choses ecclésiastiques, et lui donna le premier rang dans le royaume. Cependant il échoua dans toutes ses tentatives pour rétablir la dlme, le peuple résistant opiniâtrement à un pareil impôt. Pour activer les progrès de la civilisation dans ses États, il favorisa les étrangers qui venaient s’y fixer ; il travailla avec un zèle infatigable à l’abolition du servage. Canut, ayant jadis suivi son père dans son expédition contre l’Angleterre, résolut ; étant devenu roi, de reconquérir ce pays. En conséquence, et avec l’aide de son frère Olaf Schyrre, roi de Norvège, il ras : sembla dans le Lieinfjord une flotte de mille voiles. Mais, par suite d’une trahison ourdie par un autre de ses frères, Oluf, ilunger, -cetto flotte se dispersa avant qu’il pût la rejoindre. Canut conçut une telle colère de voir ainsi ses projets anéantis, qu’il condamna les rebelles a des amendes considérables, amendes dont il poursuivit lui-même le payement avec une extrême sévérité, durant un voyage qu’il fit dans l’intérieur du pays. Il en résulta un mécontentement qui bientôt dégénéra en révolte ouverte ; Canut, poursuivi par les paysans déchaînes contre lui, fut tué à Odensée, dans l’église de Saint-Alban, où il s’était réfugié, lo 10 juillet 1086. Après sa mort, le peuple lui rendit justice et le regretta. Bientôt le bruit courut que des signes miraculeux apparaissaient autour de son tombeau, qui devint, dès lors, le but de pèlerinages. En 1101, sur les instances de son frère Eric, le pape Pascal II prooéda h sa canonisation. Tout le Danemark et la Suède méridionale saluèrent dans le nouveau saint leur patron national, et fondèrent en son honneur une foule d’œuvres pies et d’institutions, qui fleurirent pendant les temps catholiques, et dont quelques-unes même résistèrent à la Réforme.

Canut ou Knut (SOCIÉTÉ OU CONFRÉRIE DE saint-). Après la canonisation de saint Knut ou Canut, roi de Danemark, il s’établit dans toutes : les villes de la Suède méridionale, et même à Upsal, à Sîgtuiia, k Wisby, etc., des sociétés ou confréries, sous le patronage de ee saint, qui prirent le nom de sociétés ou confréries de saint Knut (Knut pillé), soit parce qu’elles avaient pour but d’honoier sa mémoire ; soit parce qu’il en avait posé lui-même les bases de son vivant. La plus célèbre de toutes, la confrérie mère, était celle de Malmoe, capitale de laScanie ; il en est fait mention dans la charte des privilèges qui lui fut octroyée en 1360 par le roi de Danemark Waldemar III. Le gouverneur de la province en était de droitl’ancien ou président ; le bourgmestre de la ville, le vice-président. La confrérie admettait des membres des deux sexes ; mais les boulangers en étaient exclus. Ses réunions se tenaient dans une vaste «aile de l’hôtel de ville, où tout était approprié aux divers exercices dont elles étaient l’objet. C’est dans ces réunions qu’on procédait à la récép>tion dés nouveaux membres ; on leur suspendait pour cela au cou, avec une chaîne d’argent, un grand perroquet en argent, signe distinctif de la confrérie. Ce même perroquet était également suspendu au cou de celui qui avait gagné le prix dans les exercices solennels du tir. Tous les membres des deux sexes en portaient, en outre, un petit modèle attaché à un ruban bleu, sur la poitrine, durant lo temps des réunions. Ces divers usages se conservent encore aujourd’hui. La confrérie de Saint-Knut avait, comme toutes les autres confréries analogues instituées en Suède, un caractère a la fois religieux et profane. On s’y livrait à de pieux exercices ; on célébrait des messes à la mémoire du patron et pourle repos de l’âme des confrères morts. Une intime solidarité régnait entre les membres, | de sorte que si l’un d’eux souffrait quelque

injustice, la compagnie tout entière s’en trouvait

offensée et en poursuivait le redressement. Il en était de même, en matière de crimes ; la confrérie prenait parti pour le coupable et cherchait à le soustraire à la vindicte des lois. C’était là le côté abusif. Si un membre était fait prisonnier, la confrérie le rachetait. S’il tombait malade, elle en prenait soin. Elle le secourait en cas de malheurs ou d’accidents, et celui qui manquait à ce devoir de solidarité était condamné a l’amende. Lno rétribution annuelle, sans compter d’autres redevances, était payée par chaque confrère et formait le fonds commun de la caisse sociale. Quant aux exercices profanes, c’étaient le tir, ta musique, la danse, tes festins, etc. Ces exercices donnaient lieu parfois h des excès qui troublaient le repos public et presque I toujours restaient impunis. Aujourd’hui, les réunions de la confrérie de Saint-Knut se font remarquer par leur décence et leur bon goût.


CANUT Ier, prince danois du Xe siècle, en-