Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 17, part. 4, F-Mi.djvu/374

Cette page n’a pas encore été corrigée

MIRE

de mammifères voisins des chevaux et fossiles dans les formations tertiaires (miocène supérieur do l’Amérique du Nord). La forme miohippus représente un des anneaux de la chaîne de ta filiation de notre cheval actuel et des urohippus.

  • MIOT (Jules), homme politique français,

né vers 1810. — Il est mort à Adamville (Seine) le 10 mai 1883,

MIR s. m. (mir — mot russe). Ce mot, qui semble appartenir à tous les dialectes slaves et qu’on trouve dans les documents tchèques et silésiens du Ktno siècle, répond au lalin communilas, à l’allemand gemeinde, au français commune ; mais dans son sens primitif il indique quelque chose de vénérable et de saint, car il signifie aussi l’univers, comme le grec tcosmos. Le baron de Haxtausen rapporte un grand nombre de proverbes russes qui montrent le profond respect que le mir inspire au peuple : Dieu seul est le juge du mir ; Tout ce qu’a décidé le mir doit être fait ; Le soupir du mir fait éclater le roc ; Ce mir est le rempart du pays.) Ensemble des habitants d’un village russe possédant en commun le territoire qui y est attaché : Le mir est une des formes de la propriété foncière collective. De vives discussions se sont élevées au sujet de l’origine de la communauté des terres gui forme ta base actuelle du mir. (Em. de Laveleye.)

  • MlliABEAU (Marie de Gonnevillb. comtesse

de), femme de lettres française, née au château de Cossesseville (Calvados) le 21 juin 1829. — Elle est la mère de la comtesse de Martel, si connue dans les lettres sous le pseudonyme de Gyp. Depuis Henri de i’Espée ( !871, in-12), elle a publié : Eté de la SaintMartin (t873, in-12) ; le Maréchal Bazaine (1874, in-12) ; Jane et Germaine (1875, in-12) ; Shocking, par Chut (1879, in-12) ; Chut, par Shocking (1879, in-12) ; les Péchés mignons, par Chut (1881, in-12) ; l’Impératrice Wanda (1881, in-12), roman où les mœurs des cours sont finement observées et qui fit sensation parce que les lecteurs y cherchaient surtout un roman à clef ; Hors du monde (1885, in-12), autre étude de mœurs dont l’action est émouvante et qui a pour sujet la mélancolique odyssée d’une femme rejetée hors du monde par une première faute. Ces deux derniers volumes ont paru sous le pseudonyme de Jncfc Frank. Mme de Mirabeau a de plus fait jouer au Gymnase Chûteaufort, drame en trois actes (juillet 1876), qui n’ont qu’un succès médiocre.

MIRABILE VISU (Chose admirable à voir) Loc. iat. : C’était vraiment un spectacle curieux, mirabilis visu. Il On dit de même mirabile dictu, Chose étonnante à dire.

"M1RAFLORES (don Manuel de Pando, marquis de), homme d’État et littérateur espagnol, né à Madrid en J792. — Il est mort dans cette ville le 20 février 1872.

M1RAX, pseudonyme de Paul Beauvallet.

MIRBEAU (Octave), journaliste et romancier français, né à Treviers (Calvados) le 16 février 1850. Il entra en 1874 au journal > l’Ordre i, où il rédigea quelque temps le feuilleton dramatique. Sous le Seize-Mai, il devint chef du cabinet du préfet de l’Ariège, puis fut nommé sous-préfet à Saint-Girons et donna sa démission aussitôt après la réélection des 363. Revenu au journalisme, il collabora au • Gaulois », à l’« Illustration > et au «Figaro», qu’il dut quitter à la suite d’un retentissant article dirigé contre les comédiens. Cet article, dont nous avons cité le passage capital (v.- comédien), lui valut en outre un duel et une série de provocations ; nous avons brièvement conté toute cette querelle. À sa sortie du ■ Figaro», M. Octave Mirbeau, désireux de s’affranchir de toute tutelle, fonda Paris-midi, puis les Grimaces (1883), brochure hebdomadaire dans le format de l’ancienne Lanterne de Rochefort, mais qui, malgré ses violences de polémique contre les républicains, fut loin d’atteindre le même succès ; ces violences attirèrent encore un duel à M. Octave Mirbeau, qui dut se battre avec M. Étienne, député d’Oran, et fut légèrement blessé au bras. Il a publié : Slaves et Teutons, impressions de voyage en Prusse, en Russie et en Autriche (1882, in-18) ; le Salon de 1885, recueil d’articles d’art parus dans la « France » (1885, in-18) ; Lettres de ma chaumière (1886, in-8»), études paysannes parmi lesquelles on remarqua surtout la Mort du pire Dugué et Agronomie ; le Calvaire (1886, in-18), roman où l’auteur a fait la plus triste peinture des armées de la Défense nationale ; l’Abbé Jules (1888, in-18), autre roman au’style excessif, qui a pour sujet les passions dépravées d’un prêtre. M. Octave Mirbeau est un écrivain de talent, mais ses meilleures pages sont trop poussées au noir.

  • M1RECOURT (Charles-Jean-Baptiste Jacquot, dit Eugène de), écrivain français, né

à Mirecourt (Vosges) en 1812. — Il est mort à l’archevêché de Saint-Domingue le 13 février 1880. Il avait quitté Paris, il la suite de nombreuses poursuites judiciaires, et s’était réfugié à Nantes, lorsque se réveilla en lui l’ancien séminariste. Il entra dans les ordres et partit pour Haïti, où il ne put supporter le climat plus de deux ans. — Une de ses filles, la plus Jeune, qui prit au théâtre le nom d’IIélone TnivRVAL. est morte à Nogent le

MÎRO

S août 1876. Elle avait joué à Bruxelles, en 1872, à Florence, et à Paris, au Théâtre-Historique. Elle était bonne musicienne et parlait plusieurs langues.

Mireille ■ortnnl de l’église, tableau de M. Cot, qui figura au Salon de 1882. « Toile d’une composition bien entendue et d’une couleur sobre et forte, écrit M. Henry Houssaye dans la «Revue des Deux-Mondes». Mireille s’arrête sous le porche pour faire l’aumône à un pauvre enfant pâle et chétif qui s’appuie sur une béquille. M. Cot a bien réalisé le type de Mireille. Elle a ?a beauté calme et grande des Arlésiennes, filles de la Grèce, et le sentiment mélancolique de l’héroïne de Mistral. •

MIRIBEL (Marie-François-Joseph de), général français, né à Montbonnot (Isère) le 14 septembre 1831. Sorti de l’École polytechnique en 1853, il entra à l’École d’application de Metz. Lieutenant en 1855 au 17s d’artillerie, il passa dans la garde, prit part à la campagne d’Italie et gagna la croix de la Légion d’honneur à Magenta (1859), où il eut les deux mains presque brisées par une balle. Capitaine en 1859, il servit à la direction de Vincennes, puis fut attaché à l’état-major de l’artillerie du corps expéditionnaire du Mexique en 1862. Il se distingua à l’assaut de Puebla ; blessé à la tête, il fut cité à l’ordre et nommé officier de la Légion d’honneur. Devenu officier d’ordonnance du maréchal Randon en 1866, il fut promu chef d’escadron en 1867. Déjà, à cette époque, le commandant de Miribel était un officier très remarqué dans son arme, par sa profonde instruction technique ; aussi fut-il désigné pour des missions particulières : en 1868, il représenta !a France dans la commission internationale réunie à Saint-Pétersbourg pour juger de l’opportunité des balles esplosibles, et resta en Russie comme attaché militaire. Lorsque la guerre éclata avec la Prusse, il revint en France, commanda l’artillerie de la division Mausion, et fut promu lieutenant-colonel (3 novembre 1870) à la suite des combats de Châtilton et de la Malmaison. Nommé colonel a titre provisoire, il commanda une brigade d’infanterie de la division Berthaut et combattit vaillamment au Bourget, à Champigny et à Buzenval. Après avoir pris part au second siège de Paris, il fut maintenu comme colonel par la commission de revision des grades, devint général de brigade le 3 mai 1875, et fut désigné en 1877 comme chef de la mission militaire chargée de suivre les grandes manœuvres de l’armée allemande. C’est peu de temps après son retour à Paris qu’il fut nommé chef d’état-major général du général de RochebouBt, ministre delà Guerre ; il resta en la même qualité auprès du général Borel et ne fut relevé de ses fonctions que lorsque le. général Gresley succéda au général Borel (15 janvier 1879). Promu divisionnaire le 24 juillet 1880, il commanda, dans ce nouveau ■grade, la 28e division d’infanterie à. Lyon ; mais, l’année suivante, le général Campenon ayant été nommé ministre de la Guerre, ce fut le général de Miribel qu’il choisit pour son chef d’état-major général. Le choix fait par le nouveau ministre fut l’objet de critiques assez vives : on rappela alors que M. de Miribel avait exercé les mêmes fonctions sous le ministère Rochebouët, ce à quoi le général Campenon répondit à la tribune de la Chambre des députés : • Ma seule préoccupation a été de mettre à la tête de mon état-major général un chef actif, expérimenté, intelligent, ayant une grande

puissance et pouvant donner à ce service l’impulsion et la direction. J’ai cherché parmi les officiers généraux qui avaient déjà rempli les fonctions de chef d’état-major ; j’en ai trouvé un qui m’a semblé réunir les conditions que je viens d’énumérer ; je n’ai pas hésité... » Le général de Miribel cessa ses fonctions en même temps que le général Campenon quittait le ministère (30 janvier 1882) ; depuis, il fait partie du conseil supérieur de la guerre reconstitué par décret du 12 mai 1888, et du comité consultatif d’artillerie ; il est inspecteur général permanent des travaux d’artillerie pour l’armement des côtes et commande le 6e corps d’armée depuis le 21 octobre 1888. Il est commandeur de la Légion d’honneur (7 juillet 1884).

MIRIK ou TIMBRES, Cap de la côte du Sahara, sur l’océan Atlantique, à 160 kilom. S.-E. du cap Blanc et à 360 kilom. N. de Saint-Louis, par 19° 22’ 14" de Iat. N. et 18° 53’ 30" de long. O. C’est près de ce cap que s’arrête le banc de sable d’Arguin, de 8.400 kilom. carrés de superficie, célèbre par le naufrage de la « Méduse » en 1816. Ce promontoire sépare la baie de Saint-Jean, au N., de la baie de Tanit, au S. La côte près du cap est habitée p, ar des Arabes, qui y possèdent plusieurs villages. À El-Mahara, a l’E., se font des pêches considérables.

  • MIROIR s. m. — Encycl. Phys. Miroir

magique, Nom donné à certains miroirs de bronze, fabriqués au Japon, et portant des dessins en relief sur leur face postérieure. L’image du soleil réfléchie par la fuce antérieure de ces miroirs forme un disque sur lequel ces dessins sont visibles.

La cause de ce phénomène, qui a beaucoup intrigué les physiciens, e^t fort simple ; Govi avait remarqué qu’un tel miroir, de qualité médiocre, donue de magnifiques résultats lors MISÉ

MISR

1597

qu’on le chauffe. Ayrton pensa que les dessins de la face postérieure étaient reproduits sur la face polie, mais si faiblement qu’ils étaient invisibles. Il attribua cette reproduction des dessins à fa propriété qu’ont certains bronzes de fléchir sous une pression énergique et de revenir ensuite dans une position opposée. Or, le3 miroirs japonais sont travaillés au grattoir, et il était vraisemblable que cet effet se produisait. Les expériences suivantes ont du reste vérifié cette explication : Bertin a découvert qu’un miroir de métal quelconque, gravé à sa face postérieure, devient magique lorsqu’on comprime de l’air dans une boîte dont ce miroir forme une des faces. Laurent répéta l’expérience avec un miroirl de verre mince gravé, et avec une pression très faible. Il montra également que, si l’on applique sur un miroir ordinaire de verre un tube métallique chaud, la déformation qui s’ensuit est suffisante pour rendre le miroir magique, et l’image de la section du tube reste visible sur l’écran jusqu’à ce que le miroir soit refroidi.

  • MIRZA (Mohammed-Ali ou Alexandre Kazem-Beg),

orientaliste persan, né à Kecht

en 1803. — Il est mort à Saint-Pétersbourg le 8 décembre 1870.

Misanthrope et l’Auvergnat (LE), comédie en un "acte de M. Labiche (Palais-Royal, 1852). C’est un des petits chefs-d’œuvre du fécond vaudevilliste. Chiffonnet, un bon rentier, découvre que l’humanité ne vaut pas cher, car tout le monde ment. Son coutelier lui a vendu un rasoir en lui affirmant qu’il coupait très bien et le rasoir ne coupe pas du tout ; son domestique lui affirmequ’il est frais comme une rose, il se regarde dans un miroir et se voit jaune comme un citron. Quelles canailles 1 Survient l’Auvergnat Machavoine ; il rapporte un portefeuille perdu par Chiffonnet et contenant quelques billets de mille. Chiffonnet lui offre une récompense honnête ; refus de Machavoine, qui n a fait que son devoir. « Machavoine, tu es sublime, s’écrie Chiffonnet. — Sublime vous-même, répond l’Auvergnat ; je suis franc, moi ; je ne sais pas mentir. — Tu ne sais pas mentir ? Machavoine, comment me trouves-tu ce matin ? — Je vou3 trouve... laid. — Très bien ; si je me mariais, crois-tu que je serais ? ... — Tout de suite ! » La franchise de Machavoine réconcilie Chiffonnet avec l’humanité. Il propose à l’Auvergnat 5 francs par jour pour rester près de lui et dire toujours la vérité, avec dédit de 30.000 francs si l’un des deux manque a sa parole. Machavoine accepte, mais Chiffonnet ne va pas tarder à se repentir de son imprudence. On vient lui signifier d’avoir a monter la garde ; Chiffonnet fait répondre par sa concierge qu’il est absent. Un mensonge ? halte-là ; Machavoine ne le supportera pas, et il dénonce la frime. Mme Coquenard vient supplier Chiffonnet de ne pas prêter 4.000 francs à son mari, un joueur, qui se ruine. Chiffonnet veut faire le galantin... Machavoine apporte triomphalement la perruque dont il orne son crâne dénudé. Survient Coquenard, sa femme se cache dans un cabinet. À la première demande d’argent, Chiffonnet se récuse, il n’a pas la somme. « Quel toupetl s’écrie Machavoine. Je viens do vous rapporter votre portefeuille avec 4.000 francs dedans I » Ce Machavoine, avec sa franchise, commence à être une véritable peste. Et voila que Coquenard découvre l’ombrelle oubliée par madame. tMadame Coquenard est ici », s’écrie-t-il d’une voix tonnante. Chiffonnet jure ses grands dieux que non ; toutes les ombrelles se ressemblent ; Machavoine, qui ne sait pas mentir, lui affirme que cette dame était là, qu’il l’a vue, de ses yeux vue. Décidément Machavoine est insupportable, et il faut absolument le congédier. Oui, mais le dédit de 30.000 francs 1 Heureusement que l’Auvergnat a eu le temps de s’amouracher de la petite bonne de Chiffonnet, celui-ci le décide a mentir pour sauver la situation et ses 30.000 francs. Toutes les péripéties de cette petite pièce sont spirituellement amenées.

Mlae au lambeau (la), tableau de M. CarolusDuran, exposé au Salon de 1882. Le

Christ repose sur une civière recouverte d’une draperie pourpre ; saint Jean, assisté dans ses soins funèbres par une sainte femme qui porte un bassin, se penche vers le cadavre pour l’oindre, selon la coutume juive, de myrrhe et d’aloès. La Vierge pleure, le visage à demi caché par l’épaule du Sauveur et Marie-Madeleine prosternée baise pieusement ses pieds. Les figures ressortent en clair sur la roche sombre du sépulcre et sur un ciel balayé de nuées noires où le soleil se couche dans une éclaircie d’or et d’argent. « La corps du Christ, dit M. Henri Houssaye, baigné à la fois de la lumière divine et des ombres de la mort, se modèle en plein relief. Le buste surtout est de la plus puissante exécution. Les tons intenses des draperies, les rouges, les roses, les bleus, tour à tour exaltés ou amortis par les alternances savantes du clair-obscur, s’atténuent dans une forte et claire harmonie. L’œil se complaît au hardi groupement des nuances de couleur et aux belles lignes de la composition qui s’équilibrent comme chez les maîtres. La Mise au tombeau a l’aspect et le caractère d’un tableau ancien. »

Misère et remède», par le comte d’Haussonville (1886, in-8°). Cet ouvrage fuit

partie des Études sociales entreprises par l’auteur et qui comprennent deux autres volumes : l’Enfant à Paris, les Etablissements pénitentiaires en France. Dans celui-ci, il aborde un sujet peignant par excellence, bien propre à faire voir que notre état social n’est civilisé qu’à la surface et ressemble à ces magnifiques rues, bordées de hautes*maisons splendides, qui cachent derrière elles un réseau de ruelles immondes et de taudis infects. Les premiers chapitres : l’Indigence à Paris et d Londres, les Quartiers pauvres à Paris, la Question du logement, les Garnis et la pO' pulalion nomade, les Asiles de nuit, la Vie du pauvre, sont une longue et tristement pittoresque promenade dans le royaume de la misère. L auteur, ne pouvant mener partout son lecteur, a borné ses excursions & trois ou quatre arrondissements : le Vfl, celui du Panthéon, pour lui montrer l’intérieur des maisons qui bordent les rues avoisinant ta place Maubert ou rampent le long de la montagne Sainte-Geneviève ; le XIIIe, pour parcourir avec lui les quartiers de la Salpêtrière, de la Butte-aux-Cailles, des Gobelins, et pénétrer dans les cités de chiffonniers des environs de la barrière d’Italie, puis le XIXe et le XX« (la chaussée Clignancourt, Bellevillo, Ménilmontant, Charonne). C’est partout le même spectacle désolé. Le logement du pauvre est sinistre, et cela sans qu’il soit besoin d’aller voir les huttes de nomades qui bordent la cité Doré, la cité des Khroumirs ou celle de la Femme en culotte, mais en se contentant de visiter certaines rues du centre de Paris. Une seule maison de la rue Galande compte 150 locataires entassés dans des chambres où logent, outre le père et la mère, 6 ou 8 enfants ; deux pièces s’y payent 250 francs par an, et une seule 150 à 200 francs I La plupart ne sont pourtant que des boîtes carrées, sans jour et sans air, où l’on étouffe dans une atmosphère nauséabonde.

À cette misère du logement M. le comte d’Hausson ville voit une cause principale dans la rapacité de certains propriétaires et surtout des entrepreneurs de cités ouvrières, qui louent à long terme un vaste terrain, y élèvent dans des conditions de bon marché phénoménales, en planches et en plâtras, des constructions d’une insalubrité notoire, et trouvent moyen de tirer de leurs capitaux 25 ou 30 pour 100 au moins. Cette exploitation de la misère se pratique, dans tous les quartiers excentriques, sur la plus grande échelle. En second lieu, d’après l’auteur, le prolétaire a trop d’enfants.

Le chapitre consacré aux asiles de nuit nous fait voir un dénuement encore plus absolu chez cette sorte de population flottante qui, soit accidentellement, soit d’un bout de l’année a l’autre, n’a ni feu ni lieu, et ne vit que de hasards, quelquefois du vol. Mais naturellement c’est la misère de l’ouvrier laborieux qui nous intéresse davantage. En l’étudiant dans ses causes, l’auteur est amené à réfuter la fameuse loi* d’airain du socialiste Lassalle, d’après laquelle le salaire de l’ouvrier ne serait jamais supérieur à ce qu’il lui faut strictement pour sa subsistance ; M. d’Haussonville montre que cette prétendue loi est fausse, au moins à Paris, sinon pour les femmes, du moins pour les hommes, et le relevé qu’il fait des salaires moyens dans les diverses catégories de professions appuie son assertion d’une façon assez concluante. Il détruit également le préjugé accrédité qui veut que les denrées de consommation aient subi, depuis dix ou douze ans, une augmentation formidable ; le pain, la viande, les légumes secs sont restés stationnaires ; la viande de porc a diminué ; le vêtement et le linge coûtent moins cher qu’il y a dix ans. C’est donc dans le taux des loyers et dans le trop grand nombre d’enfants qu’il faut, en dehors des crises accidentelles etdes chômages, chercher la cause de la misère du travailleur.

Dans la seconde partie du livre, intitulée : le Combat contre la misère, le comte d’Haussonville examine, au point de vue critique, tout ce qui a été fait, soit par l’État, soit par les individus, pour arriver à une solution plus ou moins satisfaisante des questions sociales. L’examen des divers chapitres qui la composent, et qui ne sont eux-mêmes que des résumés succincts, nous entraînerait trop loin. Bornons-nous à dire que l’auteur ne voit que dans le développement de l’épargne, dans les sociétés de secours mutuels et dans les caisses de retraite le moyen pour l’ouvrier et le petit employé d’échapper à la misère ; quant aux sociétés coopératives, à la participation aux bénéfices, aux syndicats ouvriers, il leur refuse toute action décisive dans la solution du problème. Tout au plus croit-il a l’avenir des sociétés coopératives de consommation, mais ce ne sont pas, à proprement parler des sociétés coopératives, car il faut réserver ce nom à celles qui ont la production pour objet. Celles-ci, et l’expérience semble donner raison à l’auteur, peuvent réussir dans la petite industrie, elles échouent dans la moyenne et ne pourraient même pas tenter de s’essayer à la grande, celle qui exige la direction d’un nombreux personnel d’ouvriers et la mise en valeur do capitaux importants.

MISRATA ou MESRATA, cap de la côte de la Tripolitaine, à 200 kilom. E. de Tripoli, par 320 22’ 22" de lat. N. et 12° âï’ si" de