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qu’elle subit encore résultent de la loi fondamentale de la nature organique, et, pourvu que la race humaine ne périsse point et quo la constitution des choses reste la même, ces modifications doivent aboutir à la perfection... Il est sûr qtle ce que nous appelons le mal et l’immoralité doit disparaître ; il est sûr que l’homme doit devenir parfait. » Ce qui fait la confiance de M. H. Spencer, c’est qu’il y a une loi de la vie qui n’est pas seulement vraie do l’espèce humaine, mais de toute la nature organique, et que la moralité qui doit assurer le bonheur n’est qu’un cas particulier de cetle loi. Partout la vie nous offre la preuve que le progrès se fait, quand des parties d’abord similaires et indépendants deviennent dissimilaires et dépendantes. Quand l’organisme tend à passer de l’état d’un assemblage d’unités discrètes à l’état intégré d’un système d’unités coordonnées, il tend à devenir une chose distincte, à s’individuer, d’après la définition que Coleridge donne de la vie. Depuis ces êtres inférieurs, sorte de gelée vivante, où l’on ne découvre pas d’organes, pas même de forme, qui se nourrissent de l’eau qui les imbibe et qui sont dépourvus d’unité à ce point qu’on peut les couper et que chaque morceau continue à. vivre comme auparavant la masse totale, jusqu’aux vertébrés, chez lesquels des appareils compliqués, voués a des fonctions distinctes sous l’impulsion d’un système nerveux, coordonnent leurs actions avec une harmonie qui nous fournit le plus haut type de l’unité, et dont, aucune partie ne peut être blessée sans que l’ensemble en ressente un dommage notable qui peut aller jusqu’à la destruction, il y a une échelle immense dont tous les degrés sont des degrés d’individuation. « Plus l’organisme est inférieur, plus il est à la merci des circonstances ; il est toujours exposé a. périr par l’action des éléments, faute de nourriture, ou détruit par ses ennemis, et presque toujours il périt. C’est qu’il manque du pouvoir de Conserver son individualité. Il la perd, soit en repassant à la forme inorgïi nique, soit en disparaissant absorbé dans une autre individualité. Au contraire, chez les animaux supérieurs, qui possèdent la force, la sagacité, l’agilité, il existe en outre un pouvoir de conserver la vie, d’empêcher que l’individualité ne se dissolve aussi aisément. Chez ces derniers, l’individuation est plus complète. Dans l’homme, nous voyons la pins haute manifestation de cette tendance. Grâce k la complexité de sa structure, il est l’être le plus éloigné du monde inorganique, où l’individualité est au minimum. ’Son intelligence et son aptitude à se modifier d’après les circonstances lui permettent de conserver la vie jusqu’à la vieillesse, de compléter le cycle de son existence, c’est-à-dire de combler la mesure de l’individualité qui lui est départie. Il a conscience de lui-même, il reconnaît sa propre individualité. De plus, le changement qu’on peut observer dans les affaires humaines sopère dans le sens d’un plus grand développement de l’individualité ; on peut dire que c’est une tendance àl’individ nation.» Enfin, ce que nous appelons la loi morale, la loi de la liberté dans l’égalité, est la loi sous laquelle l’individuation devient parfaite. La faculté qui se développe encore aujourd’hui et qui deviendra le caractère delinitif de l’humanité sera l’aptitude * reconnaître cette loi et à y obéir. L’affirmation toujours plus intense des droits de l’individu signifie une prétention toujours plus forte à faire respecter les conditions externes imlispensabl«s au développement de l’individualité. Non-seulement on conçoit aujourd’hui l’individualité et l’on comprend par quels moyens on peut la défendre, mais on sent qu’on peut prétendre à la sphère d’action nécessaire au plein développement de l’individualité, et Ton Veut l’obtenir. Quand le changement qui s’opère sous nos yeux sera achevé, quand chaque homme unira dans son cœur à un amour actif pour la liberté des sentiments actifs de sympathie pour ses semblables, alors les limites k l’individualité qui subsistent encore, entraves légales ou violences privées, s’effaceront ; personne ne sera plus empêché de se développer, car, tout en soutenant ses propres droits, chacun respectera les droits des autres. La 101 n’imposera plus de restrictions ni de charges ; elles seraient à la fois inutiles et impossibles. Alors, pour la première fois dans l’histoire du monde, il y aura des êtres dont l’individualité pourra s’étendre dans toutes les directions. La moralité, l’ind.viduation parfaite et la vie parfaite seront en même temps réalisées dans l’homme définitif, l.a société devient elle même un individu. Avec l’individuation des parties progresse aussi la dépendance réciproque des punies. Dans un organisme supérieur, vraie république de monades, chaque unité vouée à des fonctions indépendantes qu’elle exerce isolément est unie à des unités similaires pour une œuvre commune dont toutes les autres roritent, de même que, de son côté, elle profite du travail de toutes les autres.et devient, en définitive, très-dépendante. Il en est de même de la société ; les unités sociales vouées de plus en plus à. des fonctions spéciales se groupent avec les unités similaires pour former des classes distinctes qui accomplissent au profit de la société et île chaque unité sociale des fonctions spéciales et deviennent, en définitive, très-dépendantes. Dans une société civilisée comme dans un

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organisme supérieur, l’unité harmonique formée par la subordination des parties est la première condition d’existence ; nulle partie ne peut être blessée ou détruite sans que toutes en ressentent un dommage. La civilisation qui resserre toujours davantage les liens de cette harmonie n’est qu’une opération d’individuation.

L’histoire de la science nous la montre en progrès. Ses diverses parties ont entre elles des rapports incessants ; elles s’unissent par des échanges continuels de services. M. H. Spencer nous y fait reconnaître le même caractère de développement. La science, comme l’homme et la société, est un organisme dont les parties, unies par un consensus général, servent au développement de l’ensemble aussi bien qu’à celui des autres parties. > L’observation d’une étoile exige le concours de plusieurs sciences ; elle a besoin d’être digérée par l’organisme entier de fa science. Chiique science doit s’assimiler la part qui lui revient dans l’observation, avant que le fait essentiel qu’elle révèle acquière la valeur qui la mettra à même de contribuer au progrès de t’astronomie. » Une découverte dans une science cause tout de suite un progrès correspondant dans plusieurs autres ; une lacune dans une science arrête le développement de celles qui doivent attendre que celte lacune soit comblée. • Pour faire une bonne observation dans une science naturelle pure, il faut le concours organisé d’une demi-douzaine de sciences, »

On a vu qu’avec l’individuation, qui forme un tout composé de parties harmoniquement liées, il se fait une autre opération qui distingue ces parties et donne à leurs fonctions respectives des caractères tranchés : c’est la spécialisation des parties. Les deux tendances deviennent toujours plus évidentes dans le cours du progrès, la variété croît avec l’unité qu’elle accompagne. Mais c’est tantôt la variété, tantôt l’unité qui frappe l’attention avec le plus d’intensité. Ces deux faits concomitants, qui ne s’expliquent pas l’un par l’autre, n’ont pas, au point de vue du progrès même, une égale signification. L’individuation qui constitue l’unité est le caractère principal ; la spécialisation des parties qui constitue la variété est le caractère secondaire. Toutefois, la difficulté de remonter directement de l’individuation k la loi physique qui en exprime la cause détourna peu à peu AL H. Spencer de In considération du caractère essentiel du progrès, pour tourner son attention plus spécialement, et quelque temps exclusivement, sur le caractère secondaire. Kn èuidiaut une question qui se rattachait trop à ses plus intimes préoccupations pour ne pas exercer sur son esprit une attraction prépondérante, l’évolution naturelle des espèces, et en recherchant les preuves géologiques qui l’appuient, M. H. Spencer reconnaît que « non-seulement les individus du règne végétal et ceux du règne animal progressent en originalité dans le cours de leur évolution, mais que, durant les époques géologiques, tes flores et les faunes suivent la même mai che. » C’était un fait que la doctrine de l’individuation ne pourrait exprimer, mais qui trouvait sa tormule générale dans une loi déjà découverte et précisée par des penseurs allemands illustres à divers titres : A. Voltf, Gœthe et Baer. D’après ce dernier, ■ la série des changements opérés pendant qu’une graine se transforme en arbre, un œuf en animal, <îst un passage d’un état de structure homogène à un état de structure hétérogène, • À partir de ce moment, en possession d’une furmule qui exprimait un des côtés les plus saillants du progrès de la vie, M. H. Spencer délaissa.peu à peu le principe de l’iudividuaiion et n’y revint que lorsque, pur de nouvelles spéculations, il put lui rendre dans son œuvre la place prééminente qui lui appartient, en lui donnant une forme tout à fait différente, « non plus métaphysique et impropre à recevoir une explication naturelle, mais une forme purement physique, susceptible de recevoir une explication complète. ■ C’est pourquoi si, durant les annews qui suivent la publication de la Statique sociale, on retrouve encore dans les écrits de M. H. Spencer le principe d’unité sous le nom d’indWiduation, de dépendance mutuelle, de consensus, on y trouve de plus en plus accentué le rôle que jouent dans les progrès la spécialisation des parties et l’hétérogénéité croissante de l’ensemble.

Après avoir successivement éprouvé que la loi de Baer s’appliquait aux organismes considérés comme inuividua, à l’agrégat de tous les organismes dans le cours entier de l’histoire géologique, aux chefs-d’œuvre de la littérature, aux institutions fondamentales de la société, comme aussi aux langues, aux arts et à tous ces produits de la vie mentale qu’il comprend sous le nom générique de àiipej-orgimiques, M. H. Spencer se trouvait placé sur une pente qui devait le porter naluiellement a étendre cette loi au développement des existences qui composent le

monde inorganique. Un ne peut douter que coexistences n’aientaussiuneévolution. Les changements coordonnés qui constituent la genèse du système solaire dans son ensemble et celle des grands corps qui le composent, les états divers par lesquels la terre a passé depuis l’époque où elle s’est agrégée en un sphéroïde g :-zcux pour arriver a uavera les

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périodes d’incandescence, de consolidation de la croûte et de condensation des eaux, sous l’action combinée des forces neptuniennes et plutoniques, à l’état où nous sommes, tous ces changements attestent un développement graduel. Kn examinant tous ces changements, M- H. Spencer reconnut l’universalité de la loi de Baer ; il fit plus, i ! en voulut chercher la cause naturelle. Cette recherche fut l’origine du bel essai intitulé : le Progrès, sa toi et sa cause, qui devait d’abord paraître sous le titre plus significatif de : la Cause de tout progrès.

Le monde sidéral, nous dit M. H. Spencer dans cet essai, si l’on adopte l’hypothèse des nébuleuses, a passé d’un état presque homogène, où la matière était diffuse, à l’état actuel, en obéissant à la loi de Baer. À une masse où toutes les parties étaient semblables par la composition, les forces qu’elles exerçaient les unes sur les autres, la direction du mouvement qu’elles suivaient, a succédé un système de masses distinctes et différentes par leur volume, la direction de leurs mouvements, l’inclinaison de leurs axes, la forme de la courbe qu’elles suivent dans leur révolution, etc. De même, la terre a obéi à cette loi en passant de l’état d’incandescence à l’état actuel, où une croûte

solide et refroidie emprisonne un noyau encore incandescent et présente de grandes inégalités d’élévation, de structure, d’exposition aux rayons sotaires, de climats, etc. De même encore, les êtres vivants non-seulement comme individus, mais considérés dans Içs faunes et les flores qui se sont succédé à la surface du globe ; de même.encore, toutes les manifestations sociales, les institutions politiques, les industries, le commerce, les sciences, les lettres, les arts. Si le mode de développement est partout le même, nous devons conclure de l’uniformité de la loi à l’uniformité de la cause. Quelque étendue que soit cette loi, puisqu’elle comprend tous les faits d’évolution, elle n’est encore qu’une généralisation de l’expérience ; elle a besoin d’être ramenée à aite loi plus générale qui, d’empirique, la rende rationnelle et lui confère, ainsi qu’au progrès qu’elle résume, le caractère de la nécessité. Le progrès est un changement, sous quelque forme qu’il se manifeste ; c’est donc dans une loi de changement qu’il faut chercher la raison de cette transformation de l’homogène en hétérogène. M. H. Spencer la trouve dans une loi démontrée par l’expérience et vérifiée dans tous les ordres de faits. « Dans les événements les plus grandioses, comme dans les plus insignifiants, » qui se succèdent dans le monde sidéral, dans le système solaire, dans l’histoire de notre planète, dans les deux règnes de la vie et dans la société, nous reconnaissons qu’une cause produit toujours

plus d’un effet. La complication croissante des choses, leur passage d’une structure homogène à une structure hétérogène en est une conséquence forcée. « Vienne maintenant, ajoute M. H. Spencer eu finissant son écrit sur le Progrès, vienne la confirmation de l’hypothèse des nébuleuses, et il sera démontré que l’univers a débuté comme un organisme par un état homogène ; que, dana sa totalité et dans chacune de ses parties, il a marché et marche encore vers un état de plus en plus hétérogène. On s’assurera que, depuis te commencement jusqu’à notre temps, une force qui se dépense en se décomposant en plusieurs forces a toujours produit un degré supérieur de eom, ltcation. L’hétérogénéité qui en est résultée s’accroît et s’accroîtra encore. Le progrès n’est pas un accident, il n’est pas soumis à la volonté de l’homme ; le progrès est une nécessité bienfaisante. » Peu après, M. H. Spencer signala une autre cause physique qui, jointe à la première, explique le passage de l’homogène à l’hétérogène ; il montra que l’état de l’homogénéité est une condition d’équilibre instable.

Nous venons d’exposer la grande loi qui domine tout le système de philosophie de M. Spencer, Eu vertu de cette loi générale d’évolution, M. H. Spencer est conduit h admettre, en psychologie, l’unité de composition des phénomènes de l’esprit et lu continuité de leur développement. Entre les faits physiologiques et les faits psychologiques, il n’y a point, pour lui, de ligne précise de démarcation. Sensations, sentiments, instincts, intelligence, tout cela constitue un monde à part, mais qui sort de la vie animale, qui y plonge ses racines et, en est comme l’eifiorescence. Entre la fonction la plus humble et la pensée la plus haute, il n’y a pas opposition de nature, mais différence de degré, chacune n’étant qu’une des innombrables manifestations de la vie. » La vie du corps et la vie mentale sont des espèces dont la vie proprement dite est le genre. • Et tandis que la psychologie ordinaire, fondée exclusivement sur l’observation intérieure et l’emploi de la méthode subjective, en vient à se restreindre à l’étude de l’homme sans nul souci des formes inférieures de la vie intellectuelle, la psychologie expérimentale aspire à découvrir, décrire et classer les divers modes de la sensation et de la pensée, à en suivre l’évolution lente et continue, depuis l’infusoire jusqu’à l’homme blanc et civilisé. Elle est donc une étude non-seulement statistique, mais dynamique ; elle ne Constate pas su.uinoiit doj Cuits, elle nuJie

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leur genèse, leur développement, leurs transformations.

L’intelligence à son plus bas degré est action réfl«xe ; elle devient instinct par transformation ; et de là sortent la mémoire et la raison, le sentiment et la volonté. L’action réflexe forme la transition de la vie purement physique à l’instinct. « En employant le mot instinct, non comme le fait le vulgaire pour désigner toutes les sortes d’intelligence autres que celles de l’homme, mais en le restreignant à sa signification propre, l’instinct peut être défini : une action réflexe composée. Strictement parlant, on ne peut tirer de ligne de démarcation entre lui et l’action réflexe simple, de laquelle il sort par des complications successives. » Tandis que, dans

l’action réflexe simple, une seule impression est suivie d’une seule contraction ; tandis que, dans les formes plus développées de 1 action réflexe, une seule impression est suivie d’une combinaison de contractions ; dans celle que nous distinguons sous le nom d’instinct, une combinaison d’impressions produit une combinaison de contractions ; et dans la forme la plus élevée, dans l’instinct le plus complexe, il y a des coordinations qui tundent à la fois à diriger et à exécuter. • La transformation de 1 action réflexe simple en action réflexe composée, c’est-a-dire en instinct, s’explique par l’accumulation des expériences et la transmission héréditaire. Mais l’instinct, à mesure qu’il croit en complexité, marche à sa fin ; car, à mesure que les instincts deviennent plus élevés, les divers changements physiques qui les composent deviennent moins cohérents, se coordonnent d’une manière de moins en inoins parfaite, et il doit venir un moment où leur coordination ne sera plus régulière. « Alors ces actions commenceront à perdre le caractère automatique qui les distingue, et ce que nous appelons instinct se perdra graduellement dans quelque chose de plus élevé, i

C’est également par transition que l’on passe de 1 instinct à la raison. Tous deux sont un ajustement des rapports internes aux rapports externes, avec cette seule différence que, dans l’instinct, la correspondance est très-simple et très-générale, tandis que, dans la raison, la correspondance est entre des relations internes et externes qui sont complexes ou spéciales, on abstraites, ou rares. L’hypothèse expérimentale suffit aussi à expliquer le progrès des plus basses aux plus hautes formes de la raison. « De ce raisonnement du particulier au particulier, qui est celui des enfants, des animaux domesiiques et, en général, des mammifères supérieurs, au raisonnement inductif ou déductif, le progrès est déterminé par l’accumulation des expériences. » Et il en est de même pour le progrès de toute la connaissance humaine, jusqu’à ses généralisations les plus larges.

SPE.NOIUS, l’un des chefs de la guerre des mercenaires révoltés contre Carthage. Il avait été esclave à Rome et s’était enfui en Sicile, où les Carthaginois l’avaient pris à leur solde. C’était un homme audacieux et d’une taille gigantesque. Après la première guerre punique, il excita les troupes mercenaires à la révolte et devint avec Mathos un des chefs. Après avoir fuit trembler Carthage pendant deux ans, il fut pris après la défaite du défilé de la Hache et mis en croix par Atnilcar (239 av. J.-C.).

SPENER (Philippe-Jacob), célèbre théologien protestant, fondateur du piétisme, né à Ribeauyillé, (Alsace) en 1635, inorc à Berlin en 1705. Envoyé au gymnase de Colmar, puis à Strasbourg, Spener déploya dans ses études une ardeur peu commune, et suivit plus particulièrement les leçons de deux professeurs qui enseignaient que la piété est au-dessus des argumentations subtiles et que les actes importent plus que les Croyances. Eu dépit de ces leçons, Spener se laissa entraîner à son penchant pour la contemplation. Cependant, il apprenait les langues ’ rientales afin de lire l’Ancien Testament dans le texte original, et le grec pour mieux, pénétrer le sens da l’Évangile. Trop jeune encore pour prendre une place de pasteur quand il eut achevé ses études, Spener se chargea de l’éducation de deux jeunes gens, pu s il se remit à la théologie et visita les universités de Bâle., Fribourg, Genève et Tubingue, se faisant partout des amis par les charmantes qualités de son esprit.

En 1663, il accepta une place de prédicateur à Strasbourg et prit, l’année suivante le grade de docteur en théologie. Il quitta cette ville en 1666 pour aller occuper un poste de pasteur à Francfort, où il obtint beaucoup de succès comme prédicateur. Ses sermons ne brillaient point cependant par l’éloquence ; Spener n avait nul souci des apostrophes sonores et des grands mouvements oratoires. Il parlait simplement, et savait toucher le cœur de ses auditeurs. Spener na se contenta point de ce résultat. Afin d’entretenir la piété populaire, il établit chez lui, en 1670, sous le nom d’assemblées de piété, collegia pietatis, des conventicules où il expliquait la Bible et permettait à chaque auditeur (les femmes exceptées) d’exprimer librement ses doutes, ses sensations et ses opinions. Quelques abus se manifestèrent dans ces réunions ; mais les adversaires de Spener se plurent h les exagérer étrangement.

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