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rai, par J.-L. Rey, commissaire se police au Mans (1847, in-32) ; les Filles de Paris, par Angelo de Sorr (1847, 2 vol. in-E°) ; la Prostitution à Paris et à Londres, par Lecour (1871, in-18°) ; Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie, par Maxime Du Camp (1873), dont le troisième volume contient une intéressante étude sur la prostitution dans la capitule ; De la prostitution dans les grandes villes, par Jennnel (1874, in-18).

Nous allons compléter cette bibliographie en nous arrêtant plus longuement sur quelques ouvrages très-connus.

Prostitution (DE h) dons la ville de Part» considérée Boni le rapport de I hygiène publique, de In murale et de l’administration,

par Purent-Duehatelet (faris, 183C, 2 vol. in-8o). De tous les ouvrages publiés sur la prostitution, celui-ci est de beaucoup et à juste titre le plus connu et le plus estimé. Dans son Pornographe, Restifde La Bretonne avait étudié la prostitution à un point de vue plus élevé et parlé de réformes ; mais les récits scandaleux dont il se plut àémailler son livre, le cynisme bien connu de l’auteur empêchèrent de prendre au sérieux le Pornographe. Parent-Duchâtelet trouva donc le terrain à peu près libre quand il écrivit le plus remarquable de ses ouvrages d’hygiène publique, celui qui devait lui donner sa plus grande part de célébrité. L’auteur étudie la prostitution à trois points de vue différents : au point de vue de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration.

L’étude hygiénique est de beaucoup la plus complète. L auteur, agrégé de la Faculté de médecine et médecin à l’hôpital de la Pitié, est là sur un terrain qui lui est familier. Son coup d’œil est constamment juste ; il prévoit, il devine. Les beaux chapitres qui forment cette partie de l’œuvre sont dignes des mé-. ditations studieuses des hommes de science qui ont la triste, mais utile mission d’approcher des prostituées. Nous signalerons cependant dans cette partie une chose regrettable, mais qui tient à la nature même de l’œuvre, œuvre mixte destinée à la fois aux spécialistes et aux hommes du monde : les détails techniques sont nombreux, précis et... repoussants. Ils font que le livre ne peut figurer que dans un nombre restreint de bibliothèques et que, partant, il ne produit pas tout le bien qu’il pourrait produire.

L’étude faite au point de vue moral est neuve et personne, excepté peut-être Restif île La Bretonne, n avait osé parler ainsi de la prostitution. Jusqu’à lui, on avait détourné les yeux avec dégoût, on se taisait. L’auteur — ose regarder le sujet en face, et le lecteur, dès lors, ne craint pas de faire comme lui.

Restent les questions administratives. Ici ■ e savant écrivain, entraîné loin des sentiers de la science médicale, est complètement dépaysé, fin vain, il s’aide des notes qui lui sont fournies par M. Béraud, chargé du service actif de l’attribution des mœurs à la préfecture de police ; il marche à tâtons et ne s’avance sur un terrain si nouveau pour lui que pour revenir bientôt en arrière.

En résumé, ce livre, pris dans son ensemble, est un livre excellent et témoignant de recherches immenses et scrupuleuses. Les renseignements de statistique sont nombreux et instructifs ; la partie médicale est sans reproche ; les questions morales, enfin, sont étudiées avec un soin et avec un esprit humanitaire qui étonnent moins quand on suit que l’auteur ne quittait ses utiles travaux que pour aller à la recherche des pauvres et des souffrants.

Prostitution (DE La) en Europe depuis l’antiquité jusqu’à la fin du Mie siècle, par R& butaux (Paris, 1851, 1 vol. in-4o). L’auteur a consulté les chroniques, ouvert les registres des anciennes municipalités, conservés dans les archives de nos grandes villes, et retrouvé dans les dispositions législatives émanées des papes la preuve de faits historiques les plus scandaleux. Son travail est le seul des ouvrages sur la prostitution qui ait été composé avec cette ardeur de recherches, cette soif de découvertes qui est le propre des écrivains se livrant depuis longtemps aux travaux historiques.

Une restriction cependant : nous approuvons peu les illustrations que l’éditeur a cru devoir joindre au travail de M. Rabutaux. Il ne convient guère, croyons-nous, d’exciter le public, par l’attrait de gravures d’un goût douteux, à acheter un livre qui, par le soin apporté à sa composition et par la nature même du sujet qu’il traite, doit rester aux mains seules des moralistes et des érudits.

Prosiitolios (LA) clics tous les peuples, par

Dufour (1852, 6 vol. in-S°). Depuis Lucien jusqu’à Parent-Duchâtelet, en passant par Restif de La Bretonne et Rabutaux, à tous SI. Dufour a demandé une pierre pour bâtir nu édilice fraîchement peint, brillant à l’œil, mais peu solide sur ses assises. L’éditeur n’a rien négligé pour donner au livre de M. Dufour tous les dehors séduisants propres à attirer l’attention des lycéens et des vieillards ■désœuvrés et libertins. En agissant de cette ■façon, peut-être, le succès de scandale a. été obtenu, mais cet ouvrage n’est pas digne île prendre rang dans les bibliothèques à côté des auteurs sérieux que nous venons de nommer. Prostitution (DE LA) dans la ville d’Alger

PROS

depnls la conque»©, par le docteur E. A. Duchesne (Paris et Londres, 1853, 1 vol. in-8o). Après avoir à grands traits esquissé l’histoire de la prostitution en Algérie avant la conquête, l’auteur arrive à l’étude intéressante à laquelle o donné et donne encore lieu l’application dans notre colonie du règlement de la métropole sur la prostitution. Un pareil sujet amène l’examen de graves questions qui naissent surtout de la composition hétéroclite des populations de l’Algérie. Ces populations contiennent, en effet, les débris des races maures, arabes, berbères ; les Espagnols viennent s’y joindie et les Français achèvent cet assemblage extraordinaire. Or, chaque prostituée, mahomét&ne, arabe, mauresque, berbère, prétendait conserver, prétend encore et conserve à quelques égaras la religion, les mœurs, les habitudes de son pays. L’étude de cette étrange Babel recommande l’ouvrage de M. Duchesne aux érudits et aux curieux.

PROSTOME s. m. (pro-sto-me — préf. pro, et du gr. stoma, bouche). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétrainères, de la famille des charançons, tribu des brachydérides, dont l’espèce type habite l’Australie. Il Syn. de péhimackète, autre genre d’insectes.

— Helminth. Genre de vers, de la classa des turbellariés, formé aux dépens des planaires, et comprenant plusieurs espèces qui se trouvent dans les eaux douces ou salées.

PROSTOMIDE adj. (pro-sto-mi-de — du prêt’, pro, et du gr. utornu, bouche). Ichthyol. Se dit d’un poisson dont la bouche est placée à l’extrémité du museau.

— s. m. pi. Famille de poissons, de l’ordre des lophobranches.

PROSTOMIS s. m. fpro-sto-miss — du préf. pro, et du gr. stoma, bouche). Entom. Genre d’insectes coléoptères têtratnères, de la famille des xylophages, formé aux dépens des trogosites, dont l’espèce type habite l’Orient.

PROSTRATION s. f. (pro-stra-si-on — lat. proslratio ; de prostralus, prosterné.) Action de se prosterner, état d’une personne prosternée ; Il y a te culte de ta parole ; il y a celui de tout te corps, qui comprend les génuflexions, les prostrations et les autres actions et cérémonies extérieures. (Boss.)

— Fig. Abattement, affaiblissement extrême : La prostration des forces. Lu prostration de la volonté. L’ivresse et la prostration sont les premiers effets de l’abus des boissons. (A. Riou.) Toute action trop violente sur le système organique est suioie de prostration. (A. Rion.)

~- Syn. Prostration, abattement, accablement. V. ABATTEMENT.

PROSTRÉ, ÉE adj. {pro-stré — lat. prostrattts ; de pro, en avant, et de stratus, couché). Pathol. Abattu, privé de toute force, de toute énergie.

PROSTYIiE s. m. (pro-sti-le — gr. prostulos ; de pro, en avant, et stulos, colonne). Archit. anc. Façade d’un temple orné de colonnes Sur le devant seulement.

— Adjectiv. : Temple phostylk.

— Encycl. Les temples prostyles avaient quatre colonnes placées à la façade principale ; on les appelait encore, pour cette raison, tétrastyles (à quatre colonnes). Il faut les distinguer d’autres temples dits également tétrastyles, mais qui avaient quatre colonnes à la face antérieure et à la face postérieure ; ces derniers se nommaient plus justement ainphiprostyies (prostyles des deux côtés). On peut se faire une idée de l’aspect extérieur qu’offrait un temple prostyle par l’église Notre-Dame-de-Lorette, à Paris.

Les anciens employaient aussi le inotprostyle substantivement. Il signifiait alors le vestibule formé par les colonnes de la façade. C’est ce que, chez les modernes, on appelle souvent, d’une manière fort impropre, péristyle, puisque le mot péristyle veut dire que les colonnes font le tour de l’édifice tperi, autour, stylos^ colonne).

PROSTYPE s. m. (pro-sti-pe — du préf. pro, et du gr. stupos, souche). Bot. Cordon vasculaire qui pénètre entre les lames du ligament propre d’une graine.

PROSULË s. f. (pro-zu-le — dimin. de prose). Liturg. Petite prose, prose courte.

PROSYLLOGISME s. re. (pro-sil-lo-ji-sme — du prèf. pro, et de syllogisme). Logiq. Dans la logique de Kaut, Conclusion servant de prémisse à un nouveau raisonnement.

PROSYLLOGISTIQOE adj. (pro-sil-lo-jisti-ke — du préf. pro, et de syllogistique). Logiq. Qui O le caractère d’un prosyllogisme : Proposition prosyi-l.ogistio.ue.

PROSYMNE s. m. (pro-zi-mne). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentumères, de la famille des malaeodermes, tribu des clairones, dont l’espèce type vit au Sénégal.

PROSYNODAL, ALE adj. (pro-si-no-dal, a-le — du préf. pro, et de synodal). Hist. ecclés. Qui précède un synode : liéumon pro-

SYNODALK.

s

PROSZNA, rivière de Prusse. Elle prend sa

source dans la Silésie, à 13 kitoin, N.-E. de

Rosenberg, coule au N., forme sur presque

tout son cours la limite entre la Prusse et la

I Pologne russe et se jette dans la Wartha,

PROT

à 8 kilom. S.-O. de Pyzdry, après un cours

de 200 kilom.

PROSZOWIANIN (Simon), poète latin polonais, mort en 1560. Il fit ses études à l’université de Cracovie et devint plus tard, dans cette ville, directeur de l’école de Saint-Florian, puis de celle du Château. On a de lui : Andr. Fulvii Sabini ars metrica cui adjwixit proprios libros duos (Cracovie, 1532) ; Ad Petrum Tomicium episcopum Craeoviensem elenia (Cracovie, 1532) ; Simonis Prossoviani lyrica (Cracovie, 1535) ; Epitkalamion Joachimi Èrandeburgensis et serenissimx Bedwigis (Cracovie, 1535), poëme où il célèbre en beaux vers le voyage de l’électeur à Cracovie.

PROTADE ou PROTHADE (saint), prélat français, mort en 624. Il était parent d’un maire du palais de Bourgogne. Vers 612, il succéda, comme évêque de Besançon, à Nicet, se signala par son zèle à maintenir l’intégrité du dogme et de la discipline et acquit une grande réputation de prudence et de sagesse, qui lui valut d’être fréquemment consulté par le roi Clotaire II. L’Église l’honore le 10 février. On a de lui un Rituel, publié par Dunod dans les Preuves de l’histoire de l’église de Besançon, d’après un manuscrit du XIIe siècle.

PROTAGON s. m. (pro-ta-gon). Chim. Nom donné par Liebreich à une substance qu’il a découverte dans le cerveau.

— Encycl. Le protagon est une substance qui, d’après Liebreich est le principe constituant le plus important du tissu nerveux. C’est à ses dépens que se forment la cérébrine, la myéline, etc. Pour le préparer, on prend de la substance cérébrale que l’on débarrasse de sang aussi complètement que possible, on la réduit en pulpe et on l’épuisé pur l’éther à o». C’est de la masse qui reste que l’on extrait le protagon au moyen de l’alcool à 85» centésimaux maintenu à la température de 45°. La solution alcolique refroidie à 0° donne un dépôt abondant. On lave celui-ci avec de l’éther, puis on le fait redissoudre dans l’alcool chaud. Par le refroidissement le protagon se dépose alors en touffes de cristaux aciculaires. Le protagon est incolore, inodore, peu soluble dans l’éther, très-soluble dans l’alcool chaud. Avec l’eau, il se gonfle, sa gélatinise et se convertit, même quand on l’étend d’une plus grande quantité d’eau, en un ilnide opalescent. Il paraît répondre h la formule trop compliquée pour être sûre

C«6H»iAz*P02ï.

C’est donc une substance phosphorée. Bouilli avec l’eau de baryte concentrée, il se convertit en acide phosphoglycérique et en une nouvelle base, la neurine.

PROTAGONISTE s. m. (pro-ta-go-ni-ste — gr. protagonistes ; âeprôtos, premier, et de agonizâ, je combats). Théâtre gr. Principal personnage d’une pièce de théâtre, celui qui y joue le premier rôle.

— Encycl. Avant Eschyle, il n’y avait qu’un acteur sur la scène. Quand ce poète en eut ajouté un second, celui qui était chargé du rôle capital, sur lequel se concentrait tout l’intérêt du drame, fut distingué par la dénomination de protagoniste. Il arrivait quelquefois que le protagoniste, de même que les autres acteurs, était chargé de plusieurs personnages dans une même pièce. Ainsi, dans Antigone, il représentait à la fois Antigone, Tirénos et Eurydice. Mais, le plus souvent, on ne lui confia’it qu’un seul rôle, pour qu’il y consacrât toutes ses facultés.

Dans les pièces qui exigeaient trois acteurs, il y avait trois portes sur le théâtre : celle du milieu était réservée au protagoniste, celle de droite au deutéragoniste, celle de gauche au tritagoniste. En sa qualité de personnage principal, le protagoniste occupait presque toujours le milieu de la scène ; le deutéragonisio et le tritagoniste s’avançaient vers lui des deux côtés, le premier à droite, le second à gauche. V., pour plus de détails, dkutéràgonistb.

PROTAGORAS, l’un des plus célèbres sophistes grecs, né à Abdère (Thrace) vers 488 av. J.-C, mort vers 419. U avait été portefaix dans sa jeunesse. On raconte que Démocrite, frappé un jour de l’art avec lequel il avait façonné et lié un fagot, de manière que l’équilibre parfait de ses parties en allégeât sensiblement le poids, le prit pour disciple. Protagoras enseigna à son tour, près d’Abdère d’abord, ensuite à Athènes, la rhétorique, la grammaire, la poésie et l’éloquence (vers 444). Là, il acquit beaucoup de réputation par ses talents oratoires, par la singularité de sa doctrine, compta Périclès au nombre de ses admirateurs, rit payer le premier ses leçons, qu’il mit à un prix fort élevé, amassa beaucoup d’argent, parcourut ensuite les principales villes de la Grèce, la Sicile où il demeura longtemps, l’Italie, où il donna des lois aux citoyens de Thurium, et revint une seconde fois à Athènes, vers 420. Ayant lu publiquement un de ses traités dans lequel il mettait en doute l’existence des dieux, le célèbre sophiste s~ vit accusé d’athéisme. Il s’enfuit sur une barque el périt en mer (vers 419 av. J.-C.) Ses ouvrages furent recherchés avec le plus grand soin, jusque dans les maisons des particuliers, et brûlés sur la place publique, par ordre des

PROT

magistrats, de sorte qu’il n’en reEte aucun. La rhétorique lui doit l’invention des lieux communs. Protagoras était vain, hardi, présomptueux ; il parlait de ses rivaux avec méf>ris, et de lui-même avac une confiance qui e faisait admirer de la multitude, mais qui déplaisait aux getis sages. Il possédait au ’ plus haut point 1 art de la discussion, et grâce a sa mémoire qui lui fournissait sans cesse des exemples et des citations, grâce à la souplesse et à la subtilité de son esprit, il réduisait presque toujours ses adversaires au silence. Platon lui-même, son ennemi déclaré, convient qu’il avait l’imagination vive et féconde, une mémoire prodigieuse, un esprit souple, une vaste érudition et une éloquence irrésistible. Protagoras enseignait que l’homme est la mesure de toutes choses, qu’aucun objet sensible n’est quelque chose indépendamment de l’être sentant, que toutes les opinions sont vraies relativement et qu’il n’y a de vérité que par relation à quelque chose. C’est sans doute ce qui l’a fait accuser de pousser si loin l’art de l’argumentation qu’il enseignaitàsoutenir le pour et le contre et considérait comme purement arbitraire la distinction du juste et de l’injuste, du vice et de la vertu. Un de ses ouvrages commençait par ces mots : • Je ne puis dire s’il y a des dieux ou s’il n’y en a point ; plusieurs raisons m’empêchent de le savoir, telles que l’incertitude de la chose en elle-même et la brièveté de la vie humaine. ■ Toute sa théodicée se trouve résumée dans ces quelques lignes. En morale, il arrivait à la négation de toute vertu ; enfin, en physique, il admettait que la matière est fluide et que, comme elle s’écoule continuellement, il s’opère des additions pour remplacer ce qui s’est écoulé. On peut consulter sur ce philosophe la Vie et les doctrines des philosophes célèbres de Diogètle Laërce, une intéressante notice de Hardion, publiée dans le tome XXVe des Mémoires de l’Académie des inscriptions, sous le titre de Dissertation sur l’origine et tes progrès de la rhétorique, et De Protagors vila de Geist (Giessen, 182S, in-4o).

Protagoras OU les Sophistes, dialogue de

Platon, où Socrate, le principal interlocuteur, s’entretient de la vertu avec Protagoras, Hippias et Prodieus. Socrate se rend à une école de sophistes et y trouve Protagoras en train de donner des leçons de vertu. Il s’étonne et demande si la vertu peut être enseignée. Sur la réponse affirmative de Protagoras, i l’oblige à descendre au fond de la question et lui demande quelle est l’essence de la vertu, si elle est une, si elle a des parties qui se laissent enseigner les unes après les autres. Le sophiste prétend, avec tout le monde, que la vertu a des parties diverses, comme la sagesse, la justice, -la tempérance ; mais Socrate, par une analyse profonde et subtile, lui montre que ces différentes vertus, loin d’être indépendantes, se contiennent toutes les unes les autres et se supposent réciproquement ; qu’il n’y a point de sainteté qui ne soit juste, de justice qui ne soit sainte, do tempérance qui ne soit sage, de sagesse qui ne soit tempérante ; il montre que les deux termes de la vertu en apparence tes plus éloignés, le courage et la sagesse, sont une même chose ; que le vrai courage doit savoir ce qu’il fait et pourquoi il le fait, et que, par conséquent, il repose sur des raisons morales, sur la sagesse et la science ; de sorte qu’en dernier résultat toutes les vertus ne sont que des applications, plus ou moins dissemblables en apparence, du même principe qui les comprend toutes et leur communique à toutes son propre caractère. Diverse au dehors, comme le monde auquel elle se mêle ; variée et infinie comme les situations de la vie, la vertu est une dans l’intention de l’agent moral ; son unité et son identité constituent toute sa réalité. Platon reproduit souvent ce principe qui, plus tard, devint un des éléments du stoïcisme, et produisit dans son exagération ce paradoxe célèbre : Que l’homme a toutes les vertus ou n’eu a pas une, et que la vertu est parfaite ou n’est pas. Ici, Socrate l’établit avec rigueur et lucidité dans ses justes limites. Les vertus ainsi réduites a la vertu et la vertu à. l’inspiration vertueuse, on conçoit comment Socrate refuse d’admettre qu’elle tombe sous l’enseignement de l’école.

Ce dialogue, gracieux dans sa forme, uni dans sa marche, est dégagé de ce luxe de discussions épisodiques qui caractérisent en général les autres dialogues de Platon. Il appartient à lu jeunesse de l’auteur, alors plus sobre, moins abondant que dans la seconde phase de sa carrière.

PROTAIN (Jean-Constantin), architeeto français, né à Paris en 1769, mort en 1S37. En sortant de l’atelier de Chalgrtu, il se rendit eu Italie pour s’y perfectionner, revint eu France eu 1794, fut pendant quelque temps professeur à l’École des mines, puis fut attaché comme architecte a la commission des arts et des sciences de l’expédition d’Égypto (1798). Après avoir exécuté plusieurs travaux importants à Alexandrie, il s’occupa avec Dutertre de réunir des documents relatifs aux monuments de l’Égypte, devint membre de l’institut du Caire, fut blessé lors de l’assassinatde Rléberen voulantretenir le meurtrier et parvint a rapporter en France les dessins qu’il avait exécutés et qui ont servi au grand ouvrage sur l’Égypte. En lSOo, il