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forts pour faire percer à travers son air mélancolique quelques rayons de joie tennient indécis sur tous les visages le rire affectueux et les pleurs. Il suivait avec une vive attention toutes les péripéties du drame. A certains endroits, Jasmin avait fait quelques coupures pour éviter les applications trop douloureuses. M. Thierry s’en aperçut et l’interrompit aussitôt : « Poow, lui dit-il, vous passez quelque chose. » Jasmin fut très-flatté de cette interruption, qui prouvait avec quel intérêt son récit était suivi. Cet incident enflamma encore sa verve. Quand il arriva à ce vers de l’Aveugle, parlant de son fiancé : « Qu’il fait noir loin de luil » ^ Que fay nègre, len d’el !

une vive agitation anima ie visage d’Augustin Thierry et un frémissement involontaire parcourut l’assemblée ; tous les regards se portèrent sur lui. On savait que, dans ses moments de tristesse, l’illustre aveugle disait quelquefois : < Je vois plus noir ! » — « Eh ! quoi, Jasmin, lui dit-il, auriez-vous donc été aveugle, vous aussi, que vous peignez si bien les horribles tortures de ceux qui ne voient plus ? »

C’est dans cette soirée que M. Ampère disait : « À défaut de vers de Jasmin, on ferait 100 lieues pour entendre sa prose, »

Dans un autre poème, également en trois chants, Jasmin a retracé, avec une sensibilité où se mêle un certain enjouement, sa jeunesse et les scènes variées d’une existence partie de bien bas pour arriver enfin ù la célébrité et presque à la fortune. Nous avons fait beaucoup d’emprunts à ce poème : Mis soubenis, en 1res paousos (Mes souvenirs, en trois pauses), pour la biographie de Jasmin (v. ce moi). Deux autres grandes œuvres, Marthe la folle et Françounetto, ont chacune leur compte rendu spécial. Mentionnons, comme d’une importance moindre : les Deux jumeaux (1846), où M. Oh. de Alazade remarque que t l’esprit de Jasmin a gagné plus de sûreté ; ».la Semaine d’un fils (IS49), dont le même critique a fait l’analyse et l’éloge dans la Revue des Deux-Mondes.

Enfin, le recueil renferme, à côté de ces œuvres de longue haleine, un grand nombre de petites pièces dans lesquelles le po8te parle volontiers de ses goûts, de ses désirs, île ses impressions et de ses affaires personnelles. Ces sortes de poésies familières, dédaignées aujourd’hui, ont été de tout temps, un des exercices favoris des poëtes. Les poëtes français du xvic siècle y excellaient et, dans le xviu». Voltaire y a jeté tout ce qu’il avait d’esprit, de bon sens et de gaieté. C’est aussi un des meilleurs genres de Jasmin. Les poëtes, en général, sont un peu personnels, ils aiment à parler d’eux-mêmes.

En 1853, l’Académie française couronna les Papillotes sur le rapport de M. Villemain, qui salua en Jasmin, « non plus l’écho retrouvé des anciennes chansons du Languedoc, mais la voix même, la voix vivante de son enfance et de son peuple sous une forme agrandie. »

Nous nous arrêterons sur cette appréciation de l’illustra critique.

l’npilloica de monsieur Bcnolnt (LES), opéra-comique en un acte, paroles de MM. Jules Barbier et Michel Carré, musique de M. Henri Reber (Opéra-Comique, 28 décembre 1853). C’est une œuvre de goût, pleine de science et de sentiment. En voici le sujet : Deux jeunes gens, qui se croient frère et sœur et dans une position de fortune très-modeste, ont pour voisin un. brave et digne homme, M. Benoist, qui joue du violon. Il est très-bien accueilli par les jeunes ouvriers, et même si bien, qu’il se croit un instant aimé de Suzanne, qui lui a dit en plaisantant qu’elle ne voulait pas d’autre mari que lui. Cependant Benoist se souvient de son premier, de son unique amour. Il avait adressé une déclaration en vers à une charmante tille qui habitait une chambre vis-à-vis de la sienne. Le madrigal avait été accepté. Le lendemain, la belle se met à la fenêtre ; une de ses papillotes est enlevée par le vent. Notre poëte amoureux s’en empare ; mais quelle est sa stupéfaction lorsqu’il reconnaît un fragment de sa déclaration ! Aussi, depuis ce temps, il doute fort de lui-même et des sentiments qu’il peut inspirer. Il a raison, car l’ouverture d’une boîte, renfermant un testament, fait connaître que Suzanne n’est pas la sœur d’André. Tous deux pleuraient à la pensée de se quitter. C’est de grand cœur qu’ils s’épousent, et le brave Benoist retourne à sa mansarde avec son violon. Ce dernier personnage a été créé par Sainte-Foy avec un talent achevé de comédien. Tous les morceaux qui composent la partition de M. Reber ont du caractère, expriment avec vérité la situation, le sentiment intime des personnages. La mélodie est toujours distinguée et l’harmonie d’un intérêt soutenu, La facture a les apparences de la simplicité, ce qui a fait accuser la manière du compositeur d’affectation et de parti pris. C’est à notre avis une erreur. Il y a dans.les accompagnements une dépense considérable de connaissances symphoniques et d’arrangementsingénieux. Grétry et Haydn semblent revivre dans le style dramatique de M. Reber. Ce n’est pas un faible mérite que d’évoquer de telles ombres. Nous signalerons, pnrmi les morceaux saillants, la romance de M. Benoist, les couplets d’André : Suzanne n’est plus un enfant ; le dialogue entre la voix

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de Suzanne et le violon de M. Benoist ; le duo du partage du mobilier materne) et un dernier duo d amour. Le compositeur a traité l’orchestration avec une grande sobriété, saifs y employer les cuivres. Les rôles ont été créés par Sainte-Foy, Couderc et Mm» Mioian-Carvalho.

PAPILLOTÉ, ÉE (pa-pi-llo-té ; Il mil.) part, passé du v. Papilloter. À qui l’on a mis des papillotes : Vous tenez boutique pour tout le monde... Je ne m’en irai pas d’ici sans avoir été papilloté, crêpé, bichonné, parfumé à l’huile antique. (Scribe.)

— Typogr. Dont l’impression n’est cas nette, a le défaut dit papillotage : Feuille

PAPII.LOTÉE,

PAPILLOTEMENT s. m. (pa-pi- !lo-te-man ; Il mil. — rad. papilloter). Eclat qui trouble et fatigue la vue : Au premier aspect, Von est plus étonné que séduit ; mais bientôt l’œil se fait à ce papillotemknt d’étoffes, à ces ombres transparentes. (Th. Gaut.)

PAPILLOTER v, n. ou intr. (pa-pi-llo-té j Il mil. — rad, papillote). Se dit des yeux qui éprouvent un mouvement incertain et involontaire qui les empêche de se fixer : Les yeux lui papillotknt continuellement. (Acad.)

— Fatiguer l’esprit par l’accumulation des effets brillants : De petites pensées brillantes et découpées en petites phrases précipitées et décousues papillotent, étourdissent, fatiguent. (Boss.)

— B.-arts. Se dit d’un ouvrage qui offre trop de petits plans recevant des lumières étroites et portant de petites ombres.

— Typogr. Se dit d’un tirage qui manque de netteté et dans lequel l’impression se projette au delà de l’œil de la lettre. Il On dit aussi FRISKR.

— Agric. Ne se développer qu’en partie : Vigne qui papillote.

— v. a. ou tr. Mettre des papillotes à : Papilloter une petite fille, les cheveux d’une petite fille.

— Art culin. Envelopper dans des papillotes : Papilloter des côtelettes.

— Techn. Diviser en copeaux minces et droits : Papilloter des bois de teinture.

Se papilloter v. pr.- Se mettre les cheveux en papillotes : Une femme qui passe sa journée à se papilloter.

PAPIMANE s. (pa-pi-ma-ne—àe pape, et de manie). Habitant du pays de Papimanie, suivant Rabelais.

— Fam. l’artisan du gouvernement spirituel et temporel du pape.

— Adjectiv. Qui a rapport aux habitants de Papimanie :

Si quelqu’un se présente

A nos regards, ayant face riante. Couleur vermeille et visage replet..., Dire pourrez, sans que l’on vous condamne : Cettui me semble, a le voir, papimanc.

La Fontaine.

PAPIMANIE s. f. (pa-pi-ma-nî— de pape, et de manie). Zèle excessif pour le^pape et son gouvernement : La pammanie est un genre de folie furieuse.

PAPIMANIE, nom donné par Rabelais kun pays imaginaire, qu’il suppose habité par des admirateurs fanatiques du pape.

PAPIN s. m. (pa-pain — du lat. pappare, manger à la manière des petits enfants ; de pappa, bouillie, mot imitatir’ du langage des enfants). Bouillie, dans le langage des enfants.

PAPIN (Nicolas), médecin français, né à Blois, mort vers 1655. Il exerça son art à Blois et à Alençon, et publia quelques ouvrages qui prouvent plus.de présomption que de véritable savoir. Nous citerons de lui : Raisonnements philosophiques touchant la sa-

lure, flux et reflux de la nier (Blois, 1647,

"in-8") ; De pulvere sympathico (Paris, 1651, in-8<>) ; Considérations sur le Traité des passions de l’aine de Descartes (Paris, 1652). Il était l’oncle du célèbre Denis Papin.

PAPIN (Denis), l’inventeur de la machine à vapeur, né à Blois en 1647, mort à Marbourg (Hesse-Cassel) en 1714. Sa famille était protestante. Fils d’un médecin habile, il se prépara à continuer la profession de son père. Il fit ses études en médecine à Paris, où il prit tous ses degrés et où il exerça même pendant quelque temps. Les études médicales ne l’empêchèrent pas de se livrer avec ardeur k celles des mathématiques et de la physique, sciences qui l’attiraient d’une façon singulière et pour lesquelles il avait une remarquable aptitude.

Ses talents naissants lui attirèrent l’amitié de l’illustre Anglais Huyghens, qui habitait Paris à cette même époque et qui lui donna des leçons. Durant un premier séjour qu’il alla faire en Angleterre en 1671, il attira sur lui l’attention par ses recherches et ses. expériences nouvelles, se lia avec le savant chimiste Boyle, qui le lit collaborer à ses travaux et sur la proposition duquel il fut nommé membre de la Société royale de Londres (1631). La même année, il publia sa théorie du digesieur, connu depuis sous le nom de marmite Papin, sous le titre de ; Manière d’amollir les os et de faire cuire la viande en peu de temps et à peu de frais (Londres, 1681 ; Paris, 1682) ; il y démontrait, à

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l’aide d’un appareil de son invention, la possibilité, en soumettant l’eau à une pression de trois ou quatre atmosphères, de l’élever à une température supérieure à 100°. Il était revenu à Paris ; en 1685, lors de la révocation de l’édit de Nantes, il dut quitter la France. Cette déplorable mesure n’aurait-elle eu pour résultat que d’éloigner un tel homme, qui alla mettre au service de l’Angleterre et de l’Allemagne ses talents et son génie, qu’on De saurait trop flétrir cet acte d’un pouvoir arbitraire, concession faite aux instigations stupides des coteries religieuses. Denis Papin, jouissant déjà d’une certaine célébrité scientitique, se rendit en Angleterre, où le monde savant l’accueillit à bras ouverts. Continuant le cours de ses travaux, il publia dans les Transactions philosophiques des mémoires qui le tirent avantageusement connaître en Allemagne et lui valurent l’offre, en 16S7, delà chaire de mathématiques de Marbourg, qu’il accepta. Ses leçons agrandirent encore sa réputation et lui attirèrent l’amitié du landgrave de Hesse, prince éclairé et ami des sciences. À Cassel, où il se rendit en quittant Marbourg, il lit une série d’expériences et construisit des appareils fort remarquables : fourneaux pour couler des glaces, appareils pour conserves alimentaires, machines à épuiser les salines, chariot à vapeur, pompe balistique à lancer des grenades, machine pour faire monter l’eau de la Fulda, etc. ; ce dernier appareil, très-ingénieux, fut emporté par les glaces.

La France avait repoussé de son sein ce fils glorieux, et l’Académie des sciences, s’associant à l’édit de Louis XIV, le considéra comme un.étranger et le nomma seulement membre correspondant en 1699. » Un peu avant cette date, dit Arago, Papinavait publié un mémoire dans lequel il donnait ladescription la plus exacte de la machine à feu appelée aujourd’hui machine atmosphérique, et dont l’invention seule méritait que ce corps savant en fit un de ses associés. Avant Papin, on avait eu quelque idée de la force de l’air et de l’eau dilatés par la chaleur ; mais nulle tentative n’avait été faite pour donner à cette force connue une application utile... Papin est le premier qui ait songé à combiner dans une même machine à feu l’action de la force élastique de la vapeur avec cette propriété dont la vapeur jouit, et qu’il a signalée, de se condenser par le refroidissement. »

Ses découvertes étaient consignées, à mesure qu’il les faisait, dans le Journal des savants, les Transactions philosophiques, les Nouvelles de la république des lettres et les Acta eruditorum de Leipzig. Parmi ces remarquables travaux, il faut citer : Expériences faites avec la machine pneumatique sur la manière de conserver les corps dans le vide (1676) ; Description d’un siphon (16S5) ; Description d’une canne à vent ; Démonstration de la vitesse avec laquelle l’air rentre dans un récipient épuisé ; Nouvelle manière d’élever l’eau ; Description et usage de la nouvelle machine à élever l’eau ; Réponse aux objections du médecin Nuis sur cette machine (1687) ; Nouvelles expériences sur la poudre à canon (1688) ; Description du soufflet de Hesse (1689), etc. En 1695, il réunit les principaux de ces articles dans un recueil intitulé : Fasciculus dissertationum. C’est dans sa Description et usage de la nouvelle machine d élever l’eau que l’on trouve sa théorie, encore fort imparfaite, d’une machine fonctionnant par le jeu alternatif d’un piston. Il résulte de ces documents qu’il avait trouvé, dès 1695, la théorie de la machine à vapeur, et que ce fut lui qui répandit dans tout le monde savant la connaissance du puissant moteur dont il semble avoir pressenti le magnifique avonir. Perfectionnant de plus en plus son invention, il parvint enfin à construire un appareil d’un jeu régulier. Cette machine, telle qu’il la décrit dans son Ars nova ad aquam ignis adminiculo effteacissime eleoeindam (Leipzig, 1707), est le type des machines atmosphériques : au fond d’un cylindre vertical dans lequel se mouvait le piston, Papin plaçait de 1 eau qu’il faisait chauffer ; la tension de la vapeur devenait bientôt égale à la pression atmosphérique, et le piston remontait entraîné par des poids portés par un plateau relié à sa tige par une corde et deux poulies. Lorsque le piston était arrivé au haut de sa course, on enlevait le feu, la vapeur se condensait et le piston redescendait alors, entraînant avec lui les poids portés par le plateau. C’est vers 1698 que Papin faisait ces expériences ; mais il n’en publia les résultats qu en 1707, et déjà, en 1705, Savery et Newcomen avaient établi leur première machine à vapeur. Il convient, dans son ouvrage, que les Anglais étaient arrivés aux mêmes résultats par les mêmes moyens ; toutefois, ses communications insérées dans les Acta eruditorum. lui assurent une priorité incontestable.

Ses tâtonnements avant d’arriver a ce résultat sont intéressants a connaître. Il imagina d’abord de faire mouvoir le piston à l’aide du vide, et il employait à cet effet une pompe aspirante, qu’une chute d’eau mettait en mouvement, et avec laquelle il faisait communiquer, par une suite de tuyaux, le corps de pompe de sa machine. Il essaya ensuite de faire le vide sous le piston en brûlant de la poudre à canon dans son corps de pompe ; mais ces deux moyens ne lui paru PAPI

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rent pas remplir son but. Enfin, il reconnut les propriétés d’élasticité et de condensation de la vapeur et obtint ainsi le résultat qu’il poursuivait depuis si longtemps ; il s’occupa alors des moyens de transformer le mouvement rectiligne de la tige du piston en mouvement rotatoire et en indiqua la méthode, de sorte qu’il laissait peu de chose à faire pour que son invention put s’appliquer aux nouveaux besoins de l’industrie et de la locomotion. En outre, ayant reconnu les dangers que présentait le maniement de cette force incommensurable découverte par lui, il inventa la soupape de sûreté, a laquelle est resté son nom et qui permet à la vapeur de s’échapper d’une façon automatique dès que la pression intérieure atteint le point qu’elle ne pourrait franchir sans danger pour la machine.

On raconte aussi que Papin avait fait construire un bateau muni de roues que sa machine aurait mises en mouvement, et que les mariniers du Weser, jaloux de leurs privilèges, brisèrent le bateau. Cette histoire est peu vraisemblable ; Papin eût-il conçu vaguement l’espoir que sa machine pût servir un jour à remplacer l’action du vent, qu’il n’aurait pas poussé l’enthousiasme jusqu’à vouloir passer en Angleterre avec un appareil aussi imparfait que l’était encore le sien. Papin, qui, sans doute, avait employé ses dernières ressources à la réalisation de son rêve, paraît être mort dans un état voisin de la misère.

PAPIN (Isaac), théologien françaist né à Blois en 1657, mort à Paris en 1709. Il était neveu de Claude Pnjon, ministre protestant, et se voua d’abord à la carrière pastorale. Étant allé étudier la théologie à Genève, il assista à la querelle des universalistes et des particularistes, provoquée par Amyraut, et il en fut profondément attristé ; l’intolérance des orthodoxes le révolta. Était-ce bien là la spectacle que devait offrir une Église fondée sur le libre examen ? Encouragé par son oncle Pajon, il adopta les idées de celui-ci sur le libre arbitre et rompit presque complètement avec les orthodoxes. À Samour, où il acheva ses études, on l’invita à signer la condamnation du pajonisme ; il s’y refusa courageusement ; mais, par cet acte, il se fermait la carrière pastorale en France. Il en prit son parti, passa, en 1686, en Angleterre, où l’évêque d’Ely lui conféra les ordres, le diaconat et la prêtrise. Papjn se rendit ensuite en Hollande et publia ses Essais sur la Providence et la grâce, OÙ le pajonisme était plus clairement formulé que dans les écrits de Pajon lui-inôme. Jurieu le dénonça aussitôt au synode de Bois-le-Duc, qui condamna le livre et l’auteur. Papin, n’espérant plus pouvoir vivre tranquillement en Hollande, partit pour Hambourg, prêcha dans l’église d Altona, et il était à la veille d’y être nommé pasteur, quand l’irascible Jurieu sonna l’alarme et le lit congédier. À Dantzig, où il se réfugia, il trouva encore la haine de son persécuteur. Dégoûté par cette persécution obstinée, fatigué de sa vie errante, Papin entra en relation avec Bossuet, résolu à quitter le protestantisme. L’évêque de Meaux l’y encouragea vivement ; cependant Papin, converti dès ce moment, usa de dissimulation vis-à-vis de ses coreligionnaires. Il fit un séjour à Londres, sans rien dire du changement qui s’était opéré en lui ; à Douvres, il osa même monter en chaire dans le temple réformé. Arrêté a. Calais comme ministre, il fut aussitôt remis en liberté, sur des lettres venues de la cour ; il prit alors le chemin de Paris, où il abjura publiquement avec sa femme, le 15 janvier 1690, dans l’église des prêtres de l’Oratoire. 11 alla ensuite s’établir à Blois, où il passa les dernières années de sa vie, adversaire déclaré de la tolérance qu’il avait si justement implorée avant son abjuration. Outre les Essais de théologie, déjà mentionnés, on a de lui : la Foy réduite à ses véritables principes et renfermée dans ses justes bornes (Rotterdam, 1687, in-12) ; la Vanité des sciences ou Réflexions d’un philosophe chrétien sur te véritable bonheur (168S). Après son abjuration, Papin publia la 'Tolérance des protestants et l’autorité de l’Église (1692, in-12), ouvrage réimprimé sous ce titre : tes Deux voyes opposées en matière de religion, l’examen parti • eu lier et l’autorité (Liège, 1713, in-12), écrit qui est le développement du syllogisme suivant : la liberté d’examen proclamée par les protestants conduit fatalement à la tolérance île toutes les sectes ; or, la tolérance universelle tend à l’anéantissement du christianisme ; donc, c’est à l’anéantissement du christianisme que conduisent les principes des réformés. « Qui ne sera frappé, disent justement MM. Haag, du vice de ce raisonnementT L’exemple de la Hollande, de l’Angleterre, des États-Unis d’Amérique prouve jusqu’à l’évidence la fausseté de la mineure : la tolérance universelle tend à l’anéantissement du christianisme, ce qui reviendrait à dire que le christianisme doit nécessairement être persécuteur. » Après la mort de Papin, son eousin Pajon, prêtre de l’Oratoire, publia le recueil de ses œuvres en trois volumes in-12, avec une notice en tête (Paris, 1723).

PAPIN (Elle), général français, né à Bordeaux vers 1760, mort à Agen eii 1825. II suivait la carrière du négoce lorsqu’il s’enrôla, en 1793, dans un corps de volontaires, se distingua contre les Espagnols à l’armée des Pyrénées-Orientales et parvint rapidement