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Duc, monta & la tribune : « C’est le 30 ma ! 1778, s’éeriu-t-îl, que les honneurs de la sepulture ont été refusés à Voltaire, et c’est ce înême jour que la reconnaissance nationale doit consacrer en s’ucquittant envers celui qui a préparé les hommes à la tolérance et à la liberté. « Lors de la suppression de l’ordre de Cltenux, le corps de Voltaire, précédemment enterré dans l’abbaye de Selliëres, en Champagne, qui en dépendait, avait été provisoirement déposé dans l’église de Romilly. Ce fut là que la Révolution alla le chercher. « L’Assemblée nationale ordonne que la dépouille mortelle do Marie -François Arouet-Voltaire soit transférée de l’église de Romilly data celle de Sainte-Geneviève de Paris. ■ Le corps, arrivé à Paris le 11 juillet 1791, dans la nuit, fut déposé provisoirement au centre de la nouvelle place de la Bastille. Le lendemain, le cortège se mit en marche vers Sainte-Ueneviève. Il se composait : des sapeurs de la garde nationale, d’un bataillon d’enfants, des clubs, de la corporotion des forts de la halle, des hommes à piques du faubourg Saint-Antoine ; derrière venaient, portés par des patriotes, un plan en relief de la Bastille, une couronne murale maçonnée avec le mortier des cachots de la Bastille, des cuirasses et des boulets rouilles trouvés dans les fossés de la Bastille, les bustes et médaillons de Mirabeau, Desilles, Franklin, J.-J. Rousseau, moulés avec du plâtre provenant de la Bastille. Puis venaient des artistes escortant la statue de Voltaire par Houdon, portée triomphalement ; huit femmes vêtues dé blanc soutenaient une statue de la Liberté, qui semblait montrer du doigt une édition complète de Voltaire, traînée en grande pompe dans un coffre doré. Enfin venait le sarcophage, traîné par douze chevaux blancs. Le cortège, après des haltes nombreuses, devant l’Opéra, place Louis XV, quai des Théatins où Voltaire avait habité l’hôtel du marquis de Villette, et devant l’Odéon, parvint enfin & sa destination vers dix heures du soir, à la lueur des torches.

Le nom de Panthéon, tout païen, parut pour la première fois, quelques jours après, dans une pétition réclamant les mêmes honneurs pour Rousseau et signée de poètes, d’artistes et do savants : Dueis, Chanifort, Piis, Viotti, Garnerin, etc. L’Assemblée eût adhéré volontiers ; mais, devant la résistance des habitants de Montmorency, suppliant qu’un laissât parmi eux, à Ermenonville, les restes déJean-Jueques, elle ajourna l’examen de la proposition.

Le 12 septembre 1792, l’Assemblée législative ordonna que le corps du commandant Beaurepaire, qui s’était suicidé lors de la reddition de Verdun, serait transporte au Panthéon français et que l’inscription suivante serait gravée sur sa tombe : « 11 aima mieux se donner la mort que de capituler avec les tyrans. «

Le 21 janvier 1793, le député Lepelletier do Saint-Fargeau ayant été assassiné pour avoir voté la mort du roi, la Convention ordonna la translation de ses restes au Panthéon.

Enfin Marat, auquel, a^rès le coup de poignard de Charlotte Cnrday, la Convention "avait déjà fait élever un mausolée sur la place du Carrousel, fut jugé digne du Panthéon. Le 25 novembre 1793, Marie - Joseph (Jhénier étant monté à la tribune prouva, pièces eu main, les transactions de Mirabeau avec la cour, leur opposa le désintéressement tout Spartiate de Marat et conclut aux honneurs du second au Panthéon, dont le premier serait déclaré indigne. La Convention adopta ces conclusions Uans un décret qui ne fut exécuté qu’après la chute de Robespierre, le 21 septembre 17M. Nous extrayons du programme officiel des cérémonies quelques détails curieux. Après avoir fixé l’ordre et la marche du cortège, les rédacteurs du pro- ; rumme ajoutent : « Le cortège s’arrêtera orsqu’il sera arrivé sur la place du Panthéon. Un huissier de la Convention s’avancera vers la porte d’entrée et il y sera fait lecture du oécret qui exclut du Panthéon les restes de Mirabeau. Aussitôt le corps de Mirabeau sera porté hors de l’enceinte du temple et remis au commissaire de police de la section. Le corps de Marat sera ensuite porté triomphalement sur une estrade élevée Sans le Panthéon... Tous les citoyens qui assisteront à la fête seront sans armes. > Ce dernier paragraphe est significatif : il indique que les thermidoriens étaient peu rassurés et craignaient une émeute dont les funérailles de l’Ami du peuple auraient pu être le prétexte. Tout se passa paisiblement. Le corps de Mirabeau fut déposé dans un coin du cimetière de Saint-Étienne-du-Mont.

Enfin, le 9 octobre 1794, Jean-Jacques Rousseau eut son tour. Le corps, porté par une députation d’habitants d’Ermenonville, fut reçu aux Tuileries, où le futur archichaneelier de l’Empire prononça un très-beau discours. Les restes du philosophe, enfermés dans une urne, furent transfères aussitôt au Panthéon, escortés par la foule et précédés d’un orchestre jouant divers morceaux du Devin du village.

Mais l’heure de la réaction avait sonné, et c’est en vain que le parti thermidorien avait donné, par le triomphe des restes de Marat, des arrhes au vieux parti jacobin. Le 1er février 1795, le buste de Marat, placé dans divers théâtres et encore dans les principaux cafés de Paris, fut hué, puis renversé, et on

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lit dans Yffisfoire de la dévolution de l’abbé de Montgaillard : « s février 1795. Les restes de Marat sont arrachés du Panthéon, traînés dans les rues par les jeunes gens de Paris et jetés dans les immondices de la rue Montmartre, digne tabernacle d’un tel dieu. ■ Le fait est douteux et il est probable que ce fut l’effigie seule du célèbre tribun que l’on précipita dans l’égoutde la rue Montmartre. Les représentants se bornèrent a décréter, le 8 février 1795, que les honneurs du Panthéon ne pouvaient être accordés à un citoyen que dix ans après sa mort. Puis, donnant à ce décret un effet rétroactif, ils rapportèrent toutes décisions contraires, mais sans prononcer le nom de Marat. La version de l’abbé de Montgaillard est fausse ; les restes de l’Ami du peuple furent transportés à Saint-Étienne-duMout,

Le Panthéon, cependant, en tant qu’édifice, $tak fort négligé ; toutes ces installations de grands hommes avaient eu lieu un peu hâtivement et les travaux étaient loin d’être terminés. Nous lisons dans le Tableau de Paris de Mercier les lignes suivantes, à propos d’une visite qu’il fit au monument de Soufflot en novembre 1795 • « Je me suis jeté dans les escaliers de l’édUice, à travers les échelles, la poussière des plâtres, les marteaux, les longues scies et les échafauds mouvants. Le moindre son se répercutait ; le moindre mouvement^semblait m’annoncer la chute prochaine du dôme, et pour le coup je me figurais enterré dans le Panthéon sans plaidoyer et sans conteste. En sortant de 1 édifice, j’éprouvai le plaisir qu’éprouvent les matelots et les guerriers à la suite des tempêtes et des combats : celui de me sentir vivant. • Cette image désoléé n’était que trop exacte. Soufflot fils, puis Rondelet n avaient pu parer qu’au plus pressé. Le Panthéon une fois mis en état, l’Empire naquit dans 1 intervalle, et Napoléon, qui venait de rétablir le cuite, imagina de rendre le temple républicain au clergé, tout en lui conservant la destination que lui avait donnée l’Assemblée constituante. C’est ce que M. de Champagny exposa dans un curieux rapport : « Votre Majesté a voulu que le Panthéon fûtle temple de la Religion et celui de la Reconnaissance, dont le v«eu réuni, en s’élevant vers le ciel, lui demande d’acquitter la dette contractée sur la terre envers ceux qui auront bien servi la patrie et le prince. Les grands dignitaires, les grands officiers de l’Empire, de la couronne et de la Légion d’honneur, les généraux et sénateurs vous paraissent avoir de3 droits à cette noble sépulture : grande conception qui accomplit ainsi, dans une même considération, les vœux du patriotisme, do la morale et des beauxarts. » Ou voit par ce fatras amphigourique que l’Empire continuait à sa manière la tradition républicaine, et qu’a partir de 1804, pour passer grand homme et recevoir les honneurs du Panthéon, il suffit d’être le serviteur de Napoléon 1er. un décret en date du 20 février 1806 rendit le Panthéon au culte sous le nom d’église Sainte-Geneviève et le consacra à la sépulture des «citoyens qui, dans la carrière des armes ou dans celle de l’administration et des lettres, auront rendu d’éminents services à la patrie. » Le chapitre métropolitain de Notre-Dame fut chargé de dessei’VimtSainte-Genevieve, et la garde de l’église fut confiée à un archiprêtre choisi parmi les chanuines. Les restes de trente-neuf personnages franchirent, sous l’Empire, les portes du Panthéon ; quelques-uns seulement sont vraiment illustres : le maréchal Lannes (1810) ; Leblond de Saint-Hilaire, tué à ses côtés à Essling ; portails, ministre des cultes ; Cabanis, Vien, Lagrauge, Bougainville.

La chute de l’Empire amena un nouveau changement. Louis XVIII supprima la nécropole, ht arracher du fronton la célèbre légende : Aux grands hommes la patrie reconnaissante, respectée par l’empereur lui-même, ety substitua celle-ci : D. O. M. Sub invoc. S. Genovefs Lud. X V dicavit, Lud. X VIII reslituit. Le 3 janvier 1823, à l’occasion de l’inauguration officielle de l’église, l’abbé de Boulogne trouva opportun et de bon goût de lancer du haut de sa chaire l’anathème aux rentes impurs des complices des incrédules. La Restauration ne s’en tint pas là. Une nuit, des ouvriers, des manœuvres conduits par un gentilhomme de la chambre descendirent dans la crypte du Panthéon, violèrent les tombes de Voltaire et de Jean-Jacques Rousseau, mirent leurs restes dans un sac et sortirent ; une voiture attendait sur la place du Panthéon : ces hommes y montèrent avec leur fardeau. Au bout d’une heure de marche, ils s’arrêtèrent et redescendirent : on était hors de Paris, eu ruse campagne, près d’une fosse creusée ; dans cette fosse on vida le sac qui contenait tout ce qui restait des deux plus grands penseurs du xvihs siècle, et tout fut dit. M. Victor Hugo a peint ce sinistre tableau avec son style magique dans les Misérables.

L’Empire, de 1806 à 1815, avait dépensé 2,266, oso francs pour l’achèvement du Panthéon ; Louis XVIII se borna à commander à Gros la grande fresque qui orne la coupole supérieure du dôme. Eile représente l’apothéose de sainte Geneviève. La sainte, dans son costume de bergère, est au milieu des cieux entourée d’anges semant des fleurs ; à ses côtés sont Louis XVI, Louis XVII et

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Marie-Antoinette. Au bas sont peintes diverses scènes : Ciovis et sainte Clolilde assistant à la destruction des autels du paganisme. Char-Jemaijne voit des anges présenter la croix aux Saxons. Saint Louis et Marguerite de Provence prientà genoux. Enfin Louis XVUI en personne, appuyé sur la duchesse d’Angoulême, monire au duc de Bordeaux la

charte constitutionnelle, que l’héritier présomptif jure de respecter. Cette fresque récemment réparée est fort belle, malgré certains de ses épisodes, sur lesquels il y aurait beaucoup à dire.

En 1829, à la veille d’une nouvelle révolution, le corps de Soufflot, l’architecte du Panthéon, fut transféré définitivement dans la crypte souterraine, et ce ne fut que justice.

1830 éclata. Le 29 juillet, un des combattants, un artiste dramatique, Eric Bernard, fit peindre sur une planche, l’ancienne inscription : Aux grands hommes la patrie reconnaissante et elle fut hissée sur la plintho aux applaudissements de la foute. Une ordonnance du 26 août suivant rectifia cette manifestation. Nous en citerons deux passages : « Considérant qu’il est de la justice nationale et de l’honneur de la France que les grands hommes qui ont bien mérité de la patrie en contribuant à son bonheur et à sa gloire reçoivent, après leur mort, un témoignage" éclatant de l’estime et de la reconnaissance publiques ; le Panthéon sera rendu à sa destination primitive et légale. L’inscription : Aux grands hommes, etc., sera rétablie, sur le fronton. Les restes des grands hommes qui auront bien mérité de la patrie y seront déposés. »

Une commission fut nommée.à l’effet de fixer les conditions et règles à observer dans l’avenir pour l’accomplissement des honneurs à rendre aux grands hommes. Cette commission, composée du maréchal Jourdan, de La Fayette, du colonel Jacqueminot, de Béranger et de Schœnen, fit un rapport que la Chambre déféra à l’examen d’une commission nouvelle choisie dans son sein. Le il.décembre 1830, M. de Montalivet monta a la tribune : • L’antiquité, dit-il, peupla les temples des statues de ceux qui avaient bien mérité de la patrie et de l’humanité, et, chez les modernes, Westminster a recueilli leurs cendres. À l’époque où les Français prirent rang parmi les peuples libres, ils voulurent aussi consacrer cette ère nouvelle par des honneurs rendus au plus éloquent défenseur de leur liberté. Quand la mort frappa Mirabeau, une voix s’éleva dans la première de ces assemblées et le Panthéon s ouvrit pour la mémoire des grands hommes. Si plus tard le pouvoir les a déshérités des honneurs funèbres qui leur furent décernés par la loi, la patrie vient de reconquérir, au prix de son sang, le droit de se montrer reconnaissante, et e est au sortir d’une révolution où les sacrifices ont été sublimes qu’elle éprouve plus profondément que jamais le besoin d’honorer des morts illustres. > Le ministre proposa en conséquence la loi suivante : « Le Panthéon sera de nouveau consacré à recevoir les restes des citoyens illustres qui ont bien mérité de la patrie... Les honneurs décernés seront ou un mausolée ou une inscription gravée sur une table de marbre. Ces honneurs ne seront accordés qu’en vertu d’une loi et dix ans au moins après le décès du citoyen qui en sera l’objet. Néanmoins, au 29 juillet 1831, premier anniversaire de la révolution de 1830, les restes de Foy, LaRochefoucauld-Liancourt, Manuel et Benjamin

Constant seront portés au Panthéon. Seront gravées sur les murs du Panthéon les inscriptions suivantes : Aux guerriers morts pour la patrie ; aux citoyens qui ont péri pour la liberté ; aux héros des journées de Juillet. Les noms seront gravés au bas de cette inscription. La présente loi sera gravée sur les murs du Panthéon. » Mais, au lieu de voter la loi, là Chambre la renvoya aux bureaux, où elle fut comme enterrée. Le gouvernement résolut alors de protester contre ce mauvais vouloir en prenant sur lui de faire graver la liste des morts de Juillet sur quatre tables de bronze. Leur installation dans le temple, le 27 juillet 1831, donna occasion à une cérémonie qui ne manqua pas de grandeur. La coupole du Panthéon était revêtue de tentures noires et de draperies tricolores ; entre les colonnes pendaient des écussons entourés de guirlandes de chêne, liées par des nœuds de crêpe et portant ces dates : 1830, journées des 27, 28, 29 Juillet. Dans deux rangs de tribunes longeant la nef et le chœur s’installèrent des députations delà Chambré des pairs, de la Chambre des députés, des vétérans de 1789, des décorés de Juillet, du conseil d’État, des cours et tribunaux, du corps municipal, de l’Institut de France et des universités. Puis arriva le roi Louis-Philippe, qui prit place sur un trône ; à ses côtés s assirent les princes ses fils, l’empereur dom Pedro, les ministres, les maréchaux, etc. Après un léger préambule, le roi se leva, prit des mains du ministre des travaux publics, M. d’Argout, un marteau et scella successivement les quatre tables de bronze. Après quoi Adolphe Nourrit, le célèbre ténor de l’Opéra, entonna l’hymne suivant :

Ceux qui pieusement sont morts pour ta patrie, Ont droit qu’à leur cercueil on adore et l’on prie ; Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau : Toute gloire près d’eux passe et tombe éphémère ;

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Et, comme ferait une mèr«,

La Toix d’un peuple entier les berce en leur tombeau.

Gloire a notre France Immortelle !

Gloire à ceux qui «ont morts pour elle,

Aux martyrs, aux «aillants, aux farts ;

À ceux qu’enflamme leur exemple.

Qui veulent place dans ce temple

Et qui mourront comme ils sont morts ! C’est sur ces morts, dont l’ombre est ici bienvenue. Que le haut Panthéon élève dans la nue, Au-dessus de Paris, la ville aux mille tours, La reine de nos Tyrs et de nos Babylores,

Cette couronne de colonnes

Que le soleil levant redore tous les jours.

Gloire, etc.

Ainsi, quand de tels morts sont couchés dans la tombe. En vain l’oubli, nuit sombre où va toutes qui tombe, Fasse sur leur sépulcre où nous nous inclinons ; Chaque Jour, pour eux seuls se levant plus Ûdele,

La gloire, aube toujours nouvelle....

’ Le Panthéon venait de voir sa dernière assemblée I

Louis-Philippe confirma au peintre Gérard la commande de quatre grands sujets a lui faite par Charles X pour l’ornement du Panthéon. Le peintre substitua aux quatre sujets religieux choisis par lui à l’origine de sa commande quatre grandes compositions allégoriques : la Gloire, lu Patrie, la Justice et la Mort. Il conçut ce dernier tableau d’une manière neuve et terrible : la Mort est représentée sous la forme d’une femme à la physionomie consternée, terrible, livide, le front ceint d’un bandeau d’airain ; l’homme est là, mort, fruppé dans sa force, et sa femme et son vieux père pleurent. Non loin, un serpent, emblème du nuil, gravit en rampant lu cime d’une colonne. L’ensemble est d’un grand effet. La Patrie pleure le citoyen qu’elle a perdu ; au-dessus, la Kenommée ouvre ses ailes, et un guerrier, un ouvrier, un magistrat, un laboureur se présentent pour le remplacer. La Justice, le glaive et les balances en main, chasse loin du Panthéon l’Envie, la Vanité, le Mensonge, la Calomnie. C’est h la Vertu, gisaute à ses pieds, qu’ello réserve l’entrée du temple. Knhn, la Gloire est unie à l’Immortalité et toutes deux montrent le ciel à Napoléon, drapé en manteau impérial. Cette déification posthume de l’homme de brumaire était de mode sous Louis-Philippe, et c’est le seul tort que nous trouvions à l’œuvre de Gérard, tort remarquable en général. Là ne se bornèrent pas les travaux du nouveau régime ; dans le tympan du fronton, où la Restauration n’avait mis qu’une croix de mauvais goût, David d’Angers sculpta un colossal bus-relief. La Patrie, debout, distribua des couronnes aux groupes de grands hommes disposés à sa droite et à sa gauche ; assises à ses côtés, la Liberté lui offre des couronnes, qu’elle distribue, et l’Histoire grave sur des tablettes les noms illustres. Sous le péristyle restaient quatre grands cadres, destinés a. l’origine à contenir quatre épisodes de lu vie de sainte Geneviève ; le statuaire Nunteuil y représenta un magistrat bravant un assassin, Un guerrier-refusant les palmes de la victoire, les Sciences et les Arts illustrant la Nation, l’Instruction publique accueillant des enfants amenés par leurs mères. Un médaillon central plus grand représente ta Patrie consolant un citoyen mourant, pendant que la Renommée va partout raconter sa gloire. Ces bas-reliefs sont bien exécutés.

En 1831’, la croix placée au sommet du dôme avait été enlevée ; on songea à la remplacer par une statue colossale de la Renommée ; Cortot fut chargé du travail et le modèle en carton-pierre tut placé en 1838 ; mais la critique en condamna unanimement l’effet disgracieux et la statue tut descendue. En 1840, trois statues de plâtre, la Gloire, la Justice et la Pitié, qui avaient figuré dans la cérémonie du retour des cendres de l’empereur, furent remisées sous les voûtes du Panthéon. Terminons enfin l’histoire du Panthéon en donnant le chiffre des dépenses qu’il occasionna sous le règne de Louis-Phiiippeet qui se mon lent a 1,151,731 fr. 51 c. Les architectes furent, sous ce règne, MM. Rondelet fils, Bastard et Destouches. Leurs travaux se bornèrent d’ailleurs à des nivellements de terrain, à la pose de la grille d’enceinte, de l’escalier, du dallage et autres grosses réparations.

Dans.son ensemble, le Panthéon a la forme d’une croix grecque ; sa façade se compose d’un vaste portique de 42m, îo de développement sur 13m, G4 de profondeur, orné de vingt-deux colonnes corinthiennes cannelées d’une hauteur de 19">,50, reposant sur un perron de douze inarches. Six tonnent avant-corps et supportent le magnifique fronton de David d’Angers ; quatre en arrière - corps prolongentia façade ; les autres doublent ou triplent les premiers rangs ; derrière le portique, les branches de la croix sont formées par les massifs presque sans ornements, dus à Rondelet, d une hauteur de 25 mètres, dont le soubassement octogone, puis circulaire, de 35L",46 de diamètre sert de. buse à un temple circulaire qui est la partie la plus remarquable du Panthéon ; ce temple est percé de seize fenêtres et enveloppa de trente-deux colonnes corinthiennes ; une terrasse avec balustres le couronne et enveloppe un atlique circulaire d’une hauteur de 9 mètres, à jours en arcades, qui sert de point de départ a un dôme ovoïde ; ce doine a 2301,77 de diamètre et

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