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Nous n’avons parlé jusqu’ici an musicien qu’en tant qu’interprète ; il faut l’envisager aussi comme créateur. La langue françaisa a pour qualifier celui-ci un autre vocable, mais plus indéfini encore que le premier et moins significatif. Pour elle, le musicien qui crée, qui tire de son cerveau les mélodies qui nous charment ou nous passionnent, nous enchantent où nous émeuvent, flattent nos oreilles ou déchirent notre âme, est un compositeur, titre vague et indéterminé, puisque le poète, le romancier, le peintre, le sculpteur composent également. Quelle que soit la, nature de sa création : opéra ou symphonie, romance ou chansonnette, études instrumentales ou pièces fugitives, inesse ou quadrille, oratorio ou caprice, polka ou motet, sonate ou pot-pourri, c’est toujours fin compositeur. L’auteur de la Juive et celui du Pied gui remue, Meyerbeer et Paul Henrion, le grand Bach et le petit Offenbach, Lesuêur et (Jlapisson, Hérold et M. Eugène Déjazet, Mozart’et Mugasd, tous sont des musiciens et tous sont des compositeurs. C’est au public à faire la différence, à apprécier les degrés divers et à classer chacun selon son mérite.

Toujours est-il que le musicien est un artiste — la plupart du temps — et que s’il ne doit pas à l’art qu’il cultive la richesse, les’ honneurs et la gloire, le plus déshérité a du inoins une consolation : celle de pouvoir calmer en secret ses douleurs et de trouver duns l’exercice même de cet art une colisolution à bien des chagrins, h, bien des déboires, à bien des déceptions !

— Hist. Musiciens du roi. V. chambre (musique de la) et chapelle (musique de la),

— Iconog. V. MUSIQUE.

Musiciens célèbre» (les), par M. Félix. Clément (18G8, gr. in-4<>). Dans cqt ouvrage, l’auteur donne l’histoire des musiciens çélW bres depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours. Il a divisé son travail en quatre parties. Dans la première, il fait figurer la musique scolastique, depuis Palesuina jusqu’à Sébastien Bach ; dans la seconde, Haydn, Mozart, Beethoven, tous les maîtres de la composition idéale, y compris Méhul et Cherubini ; dans la troisième, Rossini et tous les musiciens de sou école : nous assistons à l’épanouissement des formes mélodiques ; la.liberté dans l’emploi des genres donne de la variété à l’inspiration et des richesses à l’orchestration plus développée. Enfin, dans la quatrième sont les romantiques, Weber, Meyerbeer, leurs adhé. rciusetleurssuivants, recherchantavanttout le pittoresque, la couleur locale et les fortes impressions, lesquelles viennent enrichir l’art de nouveaux eriets. Ce classement est celui qui se prête le plus logiquement à l’intelltr gence des révolutions de 1 art musical. Pendant trois^siècles, on en suit facilement les vicissitudes, les mouvements, les transformations.

« Il y a pour l’histoire des beaux-arts, dit M. P. Douhaire, une forme en quelque sorte consacrée : c’est la biographie. Elle a toujours prévalu et toujours plu ; témoin, pour la peinture d’abord, les quinze ou vingt ouvrages qui ont précédé ou suivi les Vies des peintres de Vasari, Le succès de ce genre, un peu secondaire, soit dit en passant, ne tient pas seulement, comme ou pourrait le penser, a ce qu’il plaît à plus de monde, mais encore à ce qu’il est plus approprié à la nature du sujet : dans l’art, les individualités ont un rôle plus large et une action plus accusée qu’ailleurs. Aussi est-ce également sous cette forme que l’histoire de la musique a été le plus souvent.faite, au moins dans ces derniers temps. N’avons-nous pas eu, en effet, et presque coup sur coup, le Dictionnaire des musiciens de Choron et la Biographie des musiciens de Fétis ? Or, voici qu’après ces’maîtres, un musicien non moins intelligent de son art et plus érudit qu’eux, M. Félix Clément, voulant seconder par l’histoire l’enseignement musical aujourd’hui en progrès chez nous, choisit, à leur exemple, la voio de la biographie. Les Musiciens célèbres auraient pu aussi bien s’intituler Vies des grands musiciens modernes.

Ce beau volume est le Le viris iltuslribus de la musique et il a toutes sortes de titres à devenir classique comme l’autre. À ne les prendre qu’au point de vue da l’intérêt narratif, ces histoires d’artistes venus de si loin, pour la plupart, à la renommée et à la gloire et qui souvent en ont joui d’une façon si excentrique, Sont tout ce qu’on peut imaginer de plus curieux., déplus réjouissant et de plus touchant parfois. Sans courir après la légende, l’auteur ne rejette pas l’anecdote, lorsqu’elle est vraisemblable et caractéristique. Et quelle vie d’artiste n’eu est semée ? M. Félix Clément la raconte à merveille, sans broderies, sans façon, rapidement, incidemment et simplement comme trait de physionomie. Toutefois, ce qu’il tient plus encore à faire connaître que l’homme dans le compositeur, c’est son oeuvre, c’est la nature et le caractère de son inspiration, 11 y a, dans ces vies d’hommes nés d eux-mêmes et fils de leur génie, assez de détails intéressants pour les faire lire avec attrait par ceux qui n y chercheraient que des faits et des renseignements artistiques ; mais leur valeur essentielle n’est pas là ; elle réside dans les idées dont elles sont animées, dans les doctrines esthétiques qui y régnent et qui, sans affecter une forme

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didactique, ne s’accusent pas moins avec beaucoup de force et de netteté. >

Hnslcien* (biographie ; universelle des), par Fétis. V. biographie.

Musiciens de l’orchestre (LES), opérettebouffe en deux actes, paroles de M. Bourdois, musique de MM. Hïgnard, LépDelibes et Erlanger (Bouffes-Parisiens, le 25 janvier 1SS1). Dans cette farce de carnaval, les acteurs s’installent dans l’orchestre et dans les galeries et font entendre un charivari assez peu divertissant. Les trois compositeurs ont bien fait de se partager la, responsabilité de cette médiocre plaisanterie j la part es t moins lourde pour chacun.

MUSICO s. m. (mu-z’t-ko — rad. musique). Nom donné, en Belgique et on Hollande, à des sortes de cafés chantants où le bas peuplo et les matelots vont boire, fumer et entendre de la musique : 11 faut avouer qu’une île encAantée dont Vénus est la déesse et où des nymphes caressent des matelots après un voyage de long cours ressemble plus à un musico d’Amsterdam qu’à quelque chose déplus honnête, (Volt.)

MUSICOGRAPHE s. m. (mu-zi-ko-gra-fe — de musique, et du gr, graphô, j’écris). Auteur qui écrit sur là musique.

— Instrument à l’aide duquel on écrit de la musique..

MUSICOMANE s. {mu-zi-koTma-ne — de musique, et du gr. mania, fureur). Personne qui aime la musique, avec passion, il On dit

aussi MÉLOMANE...,

MUSICOMANIE s. f. (mu-zi-ko-ma-n !rad. musicomane). Goût passionné pour la musique. || On dit aussi mêlomanie.’

— Pathol. Folie maniaque, qui a la musique pour objet.

MUSIP, 1VE adj. (mu-ziff, i-ve). Autréorthographe du mot mussif.

mtjsimon s. m. (mu-zi-raon). Mamm. Ancien nom du mouflon.

MUSIQUE s. L (mu-zi-ke — laf. musica, gr. musiké ; dé mousa, muse. Lejmot grec est proprement un adjectif dont on’a fait un suustantif, comme nous avons fait nous-mêmes pour un grand nombre de substantifs désignant dés arts ou* des sciences, tels que : métrique, mimique, mécanique, optique, logique, métaphysique, etc.). Art de combiner des sons d’une manière agréable à l’oreille ; sciencèdes sons considérés soùs le rapport de la mélodie, du rhythme et de l’harmonie : La musique est un don de Dieu, et elle est alliée de près à ta théologie. (Luther.) La musique est comme une langue universelle qui raconte harmonieusement toutes les sensations de ta vie. (Mme Cottin.) La musique est une architecture de sons. (Mme de Staël,) La musique endort le chagrin dans Us cœurs agités. (Chateaub.) La musique crée un langage dont les plus ignorants et les plus pauvres seulent toute lapuissance et toute ta douceur. (E. Montégut.) Il y a des êtres pour lesquels la musique est une autre vie dalis’ la vie ; de même que le paysan russe prend, dit-on, ’ses rêves pour lu réalité, sa vie pour un profond sommeil. (Balz.) La musique est une contemplation par touïe. (Proudh.) Autant la musique est propre à soulever les passions, autant elle l’est peu à éveiller les idées, (Vacherot.) Cet homme assurément n’aime pas la musique.

Reonakd. , — Genre des compositions musicales : Musique française. Musique italienne. Musique d’Eijtise. L’éloquence lient lieu de la musique guerrière ; elle précipite Us âmes contre le danger. (Mme de Staël.)

— Ensemble de caractères au- moyen desquels ou traduit les conceptions musicales ; feuilles, cahiers, papiers sur lesquels ces caractères sont écrits ou imprimés : Écrire, copier de la musique. Lire de la musique. Marchand de musique. Bibliothèque de musique. On est parvenu à composer la musique.

— Corps de musiciens qui exécutent ensemble de la musique : La. musique d’un régiment. La musique de l’Opéra. Je ne sais pas comment l’Opéra, avec une musique si parfaite et une dépense toute royale, a pu réussir à m’ennuyer. (La Bruy.)

— Par ext. Suite de sons considérés au

fioint de vue de l’effet qu’ils produisent suroreille : Sa voix est une vraie musique. Voilà une heure que ce chien hurle ; quand finira cette musique ? C’est une belle musique que le tintement des pièces de cent sousl Je laisse braire les ânes sans me mêler de leur musique. (Volt.) Il y a des paràles qui sont de la musique et des regards qui sont des paroles. (Noël.) La voix humaine est une musique à l’oreille humaine. (V. Hugo.) L’eau qui coule, c’est à la fois un tableau et une MUSIQUE. (A. Karr.)

O métamorphose mystique "

Ce tous mes sens fondus en un ! v

Son haleine fait la musique

tomme sa voix fait le parfum.

Baudelaire.

— Fig. Ensemble harmonieux : L’archilec-, ture est un accord, un jeu harmonieux de proportions géométriques et de lignes variées décrivant des surfaces et des corps solides, en un mot une véritable musique de l’étendue. (D. Ramée.) Comment se défendre d’aimer l’être qui, le premier, nous révêle les MUSiQUES-de la vie ? I (Balz.) |

Musr

Musique mécanique, Celle qui s’exécute automatiquement au moyen d’un mécanisme renfermé dans un instrument ou un meuble.

• !- Musique grise, Celle qui est faite pour des instruments qui ne donnent qu’un son fondamental, pour des tuyaux d’orgue larges et fermés.

Musique colorée, Celle qui est écrite pour des instruments qui donnent des sous larges et pleins.

Musique de chambre, Celle qui est destinée à être exécutée dans les réunions particulières et souvent tout intimes.

—■— Musique enragée, Miisique de chiens et dé chats, Musique discordante et qui déchiré l’oreille : J’entendais les assistants se dire à leur oreille ou plutôt à la mienne : Quelle musique enragée I quel diable de sabbatl (J.-J. Rouss.)

Musique des saints innocents, Mauvaise musique.

Instrument de musique, Instrument avec lequel oa exécute de la musique.

Notes de musique, Signes dont on se sert pour exprimer par écrit les sons musicaux.

Livre, cahier, papier de musique, Livre, cahier, papier où il y a des airs de musique écrits ou imprimés.

Être réglé comme un papier de musique, Être exact et ponctuel dans tout ce qu’on fait. Se dit par allusion aux lignes parallèles tracées d’avance sur les papiers où l’on écrit la musique.

Mettre en musique, Composer de la musique sur : Mettre en musique une ode de

V. Hugo.

. — Antiq. Ensemble de tous les arts auxquels président les Muses : II semble assez prouvé que les Grecs entendirent d’abord par ce mot musique tous les beaux-arts ; la pj-euve ej est que plus d’une Muse présidait à un art qui n’a aucun rapport avec la musique proprement dite, comme Clio à l’histoire. (Voit.)

Faire de la musique, Être, brochés en musique, Se dit des clous qui tiennent un fer de cheval, lorsque, plantés irrégulièrement, ils sortent sur la corne à. des hauteurs inégales.

— Constr. Mélange de poussier et de plâtre.

— Moll. Espèce de volute, qui est marquée de lignes semblables à celles d’un papier de musique.

— EnCyCl. I. DÉFINITIONS, ORIGINES ET HIS-TOIRE sommaire dk la musique. Les diverses définitions qui ont été données de la musique se rapportent toutes aux deux grands ordres de faits qui font la base de cet art : la combinaison des sons et l’émotion qui en résulte. La définition la plus générale est celle-ci : La musique est un art qui a pour but d’émouvoir au moyen des combinaisons et des modifications du son. J.-J. Rousseau dit : « La musique est l’art de combiner les sons d’une manière agréable à l’oreille. » Berlioz met une restriction ; suivant lui, * la musique est l’art d’émouvoir, par les sons, les hommes intelligents et doués d’une organisation spéciale, » Il ujoute que la musique est un auxiliaire de la parole.

C’est sous ce point de vue que la musique a toujours été envisagée par les anciens. Ils la considéraient comme une langue universelle et son étude préparait, comme celle des mathématiques, à l’étude de la philosophie. Hermès et Pythagore définissaient la musique da science de l’ordre en toutes choses. » C’est assez dire qu’ils lui donnaient le sens beaucoup plus étendu d’harmonie.

Dès l’antiquité, on n’avait point trouvé de moyen plus efficace pour graver dans l’esprit des hommes les principes de la morale et l’amour de la vertu que l’usage de la-musique. Ceci s’explique naturellement, car la grandeur des sentiments et l’élévation des idées cherchent par des accents proportionnés à se faire un langage digne d’elles.

La musique faisait partie des études regardées comme indispensablas chez les anciens pythagoriciens ; ils s’en servaient pour exciter le cœur à des actions louables et pour s’enflammer de l’amour de la vertu. Selon ces philosophes, notre âme n’était, pour ainsi dire, formée que d’harmonie, et ils croyaient rétablir, par le. moyen de l’harmonie sensuelle, l’harmonie intellectuelle et primitive des facultés de l’âme, c’est-à-dire celle qui, selon eux, existait en elle avant qu’elle animât nos corps et lorsqu’elle habitait les cieux.

Innée chez l’homme, comme le sentiment de la parole, la musique n’a point eu, h proprement parler, d’origine. Il y eut sans doute un homme qui, le premier, s’avisa de souffler dans un roseau creux et inventa la flûte ; mais personne n’a inventé le chaut. D’après les anciennes traditions, consignées par les poètes, et que l’un des plus grands, Lucrèce, a rendues de la façon la plus large et la plus précise, le chant des oiseaux, le murmure du vent dans les roseaux et dans les branches des arbres donnèrent à l’homme les premières idées des modulations harmoniques :

At liquidas avium voces imitarier ore Anle fuit multo quant laiia carmin» cantu Concelebrare homincs possinl, aurisque juvare, Et zephyri cava per calamorum sibila jtrimum ■ - Agrettleis docuere cavas infiltre cicutas. Inde minutatim dulceii didicere querelas Tibia quas fundit dijitii pulsata canmtum.

Ce roseau creux sur lequel, d’après le

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poeto, les bergers modulèrent leurs plaintes amoureuses donna naissance à toute la musique instrumentale. Le bois et le métal furent façonnés à l’envi. Tous ces noms de héros et de demi-dieux auxquels la mythologie et même la Bible attribuent l’invention de la musique, Osiris, Jubal, TiibalCaln, Hennis, Cadmus, Chiron, Amphion, Apollon, Musée, ne sont que des personnifications mythiques ; tout au plus peut-on rapporter à ces personnages fabuleux l’invention de la musique instrumentale, ou des instruments de musique : les cymbales, les trompettes, la lyre, la flûte, le psaltérion.

On trouve dans l’Inde, a. une époque presque indéfiniment reculée, les traces d’un art musical établi sur des bases fixes. Les Indous attribuaient l’origine de la musique à Sereswati, la déesse de la parole, en même temps que l’invention du vinia, le plus ancien instrument musical connu et qui devait se rapprocher de la flûte.

La théorie de l’ancienne musique de l’Inde est exposée dans des livres écrits en langue sanscrite. Parmi ces ouvrages, deux semblent remonter à la plus haute antiquité. Le premier porte le titre de Jlagavibodha (doctrine des modes musicaux) et est l’œuvre de Sotna, célèbre joueur de vinia. Le second fuit partie d’une encyclopédie connue sous te nom de Devanagari. La Fable porte à seize mille le nombre des modes en usage dans la musique indoue. Soma réduit ce nombre à neuf cent soixante, puis à trente et un, qui Sont ceux dont le caractère est le plus tranché. L© nombre des sons est fixé à sept. La gamme complète d’un mode est appelée sutaragrama et sa première note ou note fondamentale se nomme swara, comme nous nommons la notre tonique. Les noms des notes sont : sardja, richtibda, gundfiora, madhyama, parchama, dhuirata et nickâda, et par abréviation : sa, ri, ya, ma, pa, dha, ni.

L’échelle musicale est divisée en vingt-deux parties correspondant chacune à un quart de ton k peu près, disposée de la manière suivante : .

ga

pa

dha 4" 3

ni

2

En comparant cette échelle à la nôtre, on pourra facilement se convaincre de l’énorme différence qui les sépare. Les sons de notre gamme qui auraient le plus d’analogie avec les sons de celle-ci seraient : la, si, ut, ré, mi, fa, sol. Ainsi, le mode Bhairava ressemble ii une gamme de fa h dont le si serait bécarre, L’Inde possède également le plus ancien exemple de notation musicale. Cinq des sept notes de l’échelle sont représentées par les consonnes composant le nom qui leur est propre ; les deux autres se marquent par les voyelles rf et «’, La valeur des notes est doublée par la substitution des voyelles longues uux voyelles brèves ; des signes particuliers existent encore pour désigner des valeurs plus longues. Le diapason des sons, la liaison des notes, le mouvement, les agréments, broderies, etc., s’expriment par des cercles, des ellipses, des lignes courbes, brisées, droites, verticales, horizontales, placées de diverses manières. Une fleur de- lotus indique la terminaison d’un chant.

La Chine est, après l’Inde, le pays où l’on trouve les traces les plus anciennes d’un système établi ; nous l’avons exposé à l’article Chine et nous y renvoyons te lecteur, ainsi qu’aux articles Japon et Perse. Il trouvera là, dans des sections spéciales, ce que l’on sait sur la musique de l’extrême Orient. Elle a si peu de rapports avec la nôtre qu’on peut se dispenser de la faire figurer dans une histoire sommaire de la musique, et si nous avons parlé de celle des Indous, c’est à cause de ses affinités avec la musique grecque.

L’Égypte, ce grand foyer de civilisation antique, ne connut qu’un art musical tout à fuit rudimentaire. Sur la foi de Diodore de Sicile, plusieurs historiens ont répété que les Égyptiens considéraient la musique comme un art frivole et dangereux. Goguet, en s’appuyant des témoignages de Platon, d Hérodote et de Clément d’Alexandrie, observe quo l’assertion de Diodore ne doit pas être prise à la lettre. Eu rapprochant le Traité des lois de Platon de l’ouvrage sur le même sujet de Clément d’Alexandrie, on reconnaît que les Égyptiens jugeaient certains genres de musique susceptibles de corrompre les mœurs et, pour qu’il ne pussent jamais être adoptés, ils avaient défendu toute espèce d’innovation et toute, pratique tendant à s’éloigner des modes prescrits. Il ne s’agit donc pas de proscription de la musique en général. Cette défense de tout changement s’étendaitaussi à la sculpture, à la peinture, comme aux lois et aux mœurs ; elle forme même un des traits principaux de la physionomie de ce peuple. Hérodote, en décrivant quelques-unes des fêtes de l’Égypte, dit expressément qu’on y jouait de la flûte et qu’on y chantait des hymnes. Comme les Égyptiens n’avaient ni solennités civiles ni théâtres, qu’ils ne connaissaient aucun des jeux favoris des Grecs, la musique ne pouvait être employée que dans les cérémonies religieuses et aux funérailles. Du reste, ils ne paraissent avoir connu aucun système régulier. Autant qu’on peut le conjecturer à l’aide de rares témoignages et surtout par les peintures murales, les instruments usités en Égypte étaient : 1" lu harpe