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morfondre v. a. oïl tr. (mor-fon-dre-Quelques-uns tirent ce mot de mort et fondre, fondre jusqu’à la mort ; mais, comme le mot appartient originairement à 1 art vétérinaire (v. morfonduris), il vaut mieux y voir, avec Ménage, morve et fondre, répandre la morve). Pénétrer de froid, transir : 11 fait un froid 7Kt vous morfond. Le froid, la pluie et même ■a rosée morfondent les petits dindonneaux. (Buff.)

— Art vétér. Morfondre un cheval, Lui causer un coryza, un écoulement nasal.

Se morfondre v. pr. Être pénétré de froid : Vous allez vous morfondre, par le temps qu’il fait. On m’a laissé me moiîfondkb dans la rue.

— Par ext. Rester dans une attente longue et ennuyeuse : Se morfondre à la porte (le quelqu’un. Le cardinal demeura seul plus a une fieure, dans le cabinet du roi, à su morfondre. (St-Sim.)

Tête-bleu ! c’est lo moins qu’un homme de ma sorte No s’aille pas morfondre a garder une porte.

A. ue Musset.

Pourquoi te marier ? un cadet de maison...

— Eh palsambleu ! faut-il qu’un cadet se morfonde, Et le» aînés tout seuls peupleront-ils le monde ?

Destouches..

— Par anal. Employer un temps très-long à faire ce que 1 on fait : Ce général s est morfondu devant cette place, il S’appesantir longuement : Il ne faut pas sa morfondre et s’appesantir sur son ouvrage, cela glace l’imagination. (Volt.)

— Techn. Perdre sa force de fermentation, en parlant de la pâte : La pâte se morfond.

— Art culin. Perdre ses qualités, en parlant d’un mots que l’on tarde trop à manger : • Ce ragoût se morfond.

— Avec suppression du pronom complément : Il n’est pas honnête de me laisser morfondre. (Volt.)

MORFONDU, UE (mor-fon-du) part, passé du v. Morfondre. Transi de froid : Pour se sauver de la pluie,

Entre un passant morfondu.

La Fontaine.

L’air devenu serein, il part tout morfondu, Sèche du mieux qu’il peut son corps chargé de pluie.

La Fontaine.

— Fig. Qui manque de vigueur, d’énergie, de passion : Les économistes sont les plus' étonnés et les plus morfondus de tous les êtres. (Galiani.)

— Techn. Qui a perdu sa force de fermentation : Pâte morfondue.

— Art culin. Qui a perdu de ses qualités en restant trop longtemps sans être servi : liagoût morfondu.

— Econ. rur. Se dit des œufs de vers à soie dont le germe a péri : Graines morfon- D3E3.

— Substantiv. Personne transie de froid :

Moi, charitable et bonhomme,

2 ’ouvre au pauvre morfondu.

La Fontaine.

— s. m. État d’une personne transie de froid : Elles sentent le morfondu. (Montaigne.) || Vieux mot.

— Mar. Cordage fait avec de vieux câbles détordus.

Morfondu (le), comédie en cinq actes et en prose, de Pierre de Larivey. Cette comédie fait partie de neuf pièces du même auteur, publiées en 1G79 sous le titre de Comédies facétieuses. La Gelozia de Grazzini, poste florentin qui vivait au xvie siècle, a servi de type et de modèle au Morfondu, titre que de Larivey a donné à sa pièce, « à cause d’un vieillard amoureux d’une jeune fille qu’il vouloit épouser, de laquelle il devint si jaloux que, pour l’épier en une nuit, il pensa mourir de froid. » Une intrigue de valet fait le fond de cette comédie. Le vieux Joachim a une fille, qui est aimée de Charles, qu’elle paye de retour, et un fils, Philippe, amoureux d’Hélène, nièce d’un autre barbon, Lazare. Joachim, fort avare, est contrarié d’avoir à donner une dot à sa fille ; or le vieux Lazare lui propose de la prendre sans argent, La proposition est acceptée. Mais Philippe, pour sauver sa sœur et la donner à son ami Charles, se prête à une ruse imuginée par son laquais, Lambert. Celui-ci fait croire au vieux Lazare que sa future court le guilledou avec son amant. Lazare entre en une furieuse jalousie ; il veut voir. Lambert lui promet donc do le rendre témoin des débordements de la fille de Joachim. En conséquence, il fait revêtir a la femme de chambre de îtllle Joachim les vêtements da sa maîtresse, et sous cet attirail, devant le vieillard qu’il cachera, elle répondra amoureusement à Charles et artira avec lui. C’est Chose convenue. Lamert arrive avec le vieux Lazare, qu’il a dépouillé de ses vêtements et couvert "à la légère, et c’est en grelottant de froid que le vieillard assiste à la perte de ses illusions. Il claque des dents, redemande ses habits à Lambert ; mais ses habits servent h Philippe qui, grimé en Lazare, et aidé de Léger, le laquais de celui-ci, se glisse dans la maison du vieux barbon auprès de sa nièce Hélène. Telle est l’intriguéqui, se découvrant au cinquième acte, fiait naturellement par un

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double mariage. Il -n’y a’ que le morfondu qui ne soit point content.

MORFONDURE s. f. (mor-fon-du-re — rad. morfondre). Pathol. Ecoulement par le nez d’une humeur limpide et séreuse, sans affection catarrhale.

— Art vétér. Chez le cheval, patar.çhe nasal intense, accompagné où non de catarrhe bronchique, et causé par une impression brusqua de froid : Ce cheval jette des naseaux, mais ce n’est qu’une morfondure. (Acad.)

MORFONTA1NE, village de France. V.

MORTEFONTAINE.

MORFOCACE DE BEAUMONT (Gilles), lécrivain français qui vivnit dans la première moitié du Xvme siècle. Il fut avocat ^au parlement de Paris et trésorier de France. Sous le voile de l’anonyme, il publia : Apologie des bestes, où l’on prouve leurs connaissances et leur raisonnement par différentes histoires (Paris, 1732, in-8o), écrit en vers où l’on trouve des détails curieux^ maïs qui est inférieur à l’Apologie des bêles du-Père Bougeant.. :.•.’ ..-..■

MORG-AB, le Margus des anciens, rivière a Asie. Elle prend sa source sur-’i’es limites du Khoràçan persan et du kanat de Balk, coule d’abord au S.-O., puis au N.-O., entre dans le pays des Turcomans, passe à Merv, et se perd dans un désert de sable, qui le sépare du Djihoun, après un cours de 800 kilomètres.

MORGAGNI (Jean-Baptiste), célèbre anatomiste italien, né àForli(Romagne)en 1082, mort à Padoue en 1771.. A seizeuns, il sa rendit à Bologne pour y.faire ses études médicales et y fut reçu docteur en 1701. Quelque temps après, il remplaça Valsnlvn dans la place de démonstrateur d’anatomie. Il y montra un talent immense de professeur et d’anatomiste et acquit bientôt une grande réputation qui lui valut, en 1712, la chaire de médecine théorique, devenue vacante à Padoue par la mort de Vallisniéri ; mais il ne garda pas longtemps cette chaire et’ l’abandonna pour prendre celle d’anatomie aussitôt que cette dernière fut devenue vacante. Morgagni y. professa pendant plus de soixante ans, avec un succès qui seul suffirait à sa célébrité, si les ouvrages nombreux qu’il publia ne lui assuraient pas l’immortalité. Morgagni était un travailleur infatigable, passionné pour là science. Bien qu’il fut très-riche, il menait l’existence la plus simple et la plus frugale. Il était doux, affable, mais d’une susceptibilité parfois puérile. Caldini raconte qu’il fut vivement froissé parce qu’un médecin, en parlant de lui, n’avait pas fait précéder son nom du titre d’illustrissime. Il avait, en outre, la faiblesse de croire à l’astrologie judiciaire. Morgagni lit faire des pas énormes à l’anatomie pathologique en se livrant, par des dissections, à l’étude approfondie des lésions qu’on trouve sur les cadavres et dont la plupart étaient restées jusque-là ou inconnues ou incomplètement décrites. Aux observations déjà faites par Bonnet, Valsalva et autres, Morgagni en ajouta un grand nombre dues à ses propres recherches et s’adonna à l’étude si intéressante et jusque-là négligée des rapports qui rattachent les lésions organiques aux symptômes par lesquels elles se traduisent dans la vie. Dans l’étude de ces rapports, Morgagni fit preuve d’une étonnante perspicacité et ouvrit à l’art médical une voie nouvelle. Voici- les principaux de ses ouvrages : Adversaria ânatomica prima (Bologne, 1706, in-49) ; Adversaria ânatomica altéra et iertia (Padoue, 1707, in-4o) ; Adversaria ânatomica quarta quinta et sexia (Padoue, 1719, in-4o) ; De génère mortis Cleopatrie epistols (Rome, 1719, in-fol.j ; Nàvd institutionum nle^icarum idea (Padoue, 1712, in-io) ; De anatomicis Eusiachii tabulis episloïa (Rome,1714, in-fol.)’ ; De lacrymalibus ductU bmeorumqite obstrucfioiie (Turin, 1714, in-4o) ; De vila et scriptis Dominici Gulielmini (Genève, 1719, in-4o) ; Epistols ànatomics (^è-’ nise, 1762, in-fol.) ; De calculis felleis (nid) ; Itesponsum medico- légale circa ■ obstetricum judicium de mulieris virginitate (Rome, 1739, • in-4o) ; De sedibus et causis morborum per anatoniem indagatis (Venise, 1762, 2 vol. infol.), un des ouvrages- qui ont exercé l’influence la plus considérable sur la science moderne ; Opuscula miscellanea, quorum non pauea nunc primum prodeunt très in partes divisa (Naples, 17G3, 3 vol. in-4o) y Opéra omnia (Venise, 1762, 6 vol. in-fol.).

MORGAN (Henri-John), célèbre chef ^de, flibustiers anglais, .né dans. le.pays de Galles vers 1637, mort.à la Jamaïque en 1790. Poussé par son goût pour les aventures, il quitta lamaison de son père, qui était un riche fermier, s’embarqua comme matelot, se rendit aux Antilles et s’enrôla bientôt parmi les flibustiers. Son intrépidité, son audace, son imperturbable sang-froid dans le danger lui acquirent un rapide ascendant sur ses compagnons. II s’était fait connaître par plusieurs expéditions heureuses et fructueuses, lorsque le vieux corsaire Manswelt le prit en amitié, le nomma son vice-amiral et complota avec lui d’aller piller la ville de Mata, à l’extrémité de l’isthme de Panama. L’entreprise échoua et Manswelt mourut peu après, laissant ses biens à Morgan. Celui-ci prit alors sans conteste le commandement des flibustiers, fut bientôt à la tête de 12 bâtiments,

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montés par 700 hommes, attaqua la ville de Puerto-del-Principe, battit son gouverneur, livra la ville au pillage, emporta peu après d assaut Puerto-Bello, ville de l’isthme de Panama, défendue par trois châteaux forts, et y commit les plus horribles excès (1BG8). La ville fut saccagée ; les habitants les plus riches, mis à la torture, furent contraints de livrer leur argent, et les flibustiers se livrèrent au pillage et à la débauche avec tant d’emportement qu’au bout de quinze jours une épidémie, causée par la putréfaction des cadavres non enterrés, se déclara parmi eux. Néanmoins, le président de Panama, Guzman, s’étant avancé avec 1,500 soldats pour délivrer la ville, Morgan déclara qu’il l’incendierait si on ne lui donnait -une rançon de 100,000 écus, et Guzman, intimidé par son audace. Consentit à lui envoyer cette somme et à le laisser s’embarquer librement.

Le bonheur qui semblait favoriser toutes les entreprises du terrible chef des flibustiers, les immenses richesses qu’il devait à ses brigandages lui attirèrent un grand nombre de nouveaux compagnons, particulièrement des Français sous les ordres de Pierre le Picard qui venait de piller Maracaïbo avec l’Olonais. Après avoir mis à rançon Gibraltar, détruit le fôrt’de Maracàïbô, incendié une partie çle la ■flotte espagnole, pris la Marqueza, bâtiment de 22 canons, Morgan retourna à la Jamaïque, où il avait transporté ses trésors, avec l’intention de passer le reste de sa vie dans le repos (1669). Mais, dès l’année suivante, cédant aux instances de ses compagnons qui voulaient piller Panama, il se mit à la tête d’une flotte de 37 navires, montés ■ par 2,200 hommes, la plus considérable qu un flibustier eût jamais réunie, et prit pour lieutenant un Français d’une rare intrépidité, nommé Bradelet. S’étant rendu maître de l’Ile Santa-Catalina, à l’est de la côte de Nicaragua, et d’un fort situé à l’embouchure du fleuve de Chagres, il marcha sur Panama avec 1,300 hommes, essuya des fatigues inouïes, éprouva avec ses hommes toutes les horreurs de la faim et se trouva, lorsqu’il arriva en vue de la ville, en présence d’uné année de 8,000 hommes, protégée par une nombreuse artillerie. Après une nuit de repos, Morgan fondit sur l’ennemi, qu’il tailla en pièces, prit djassaut Panama, qu’il livra à un pillage général, puis y fit mettre la* feu Sans que rien eût donné prétexte à cette action barbare, soumit à la torture les principaux habitants de la ville pour les forcer à livrer leurs richesses et retourna à Chagres avec son butin, évalué à 443,300 livres d’urgent (environ 20 millions), non compris l’or et les pierreries (1671). Dans le partage de cet immense butin, Morgan se fit la part du lion, mit de. côté pour lui la plus grande partie des pierreries et excita à tel point le mécontentement de ses compagnons que, craignant un soulèvement, il mit à la voile avec trois bâtiments dont les capitaines avaient procédé de la même façon que lui et conçut avec eux le projet- d’exercer plus en grand le métier de pirate, qu’il ne songeait plus à quitter. Mais ayant appris, sur ces entrefaites, que le roi d’Angleterre venait de faire la Eaix. avec l’Espagne et de défendre, aux fliustiers d’attaquer désormais les possessions de cette puissance, il se fixa à la Jamaïque, s’y maria, devint commissaire de l’amirauté, fut créé chevalier par Charles II et termina paisiblement sa vie dans cette île.

MORGAN (George Cadogan), physicien anglais, né dons le pays de Galles en 1754, mort en 1798. De 1776 à 1786, il remplit diverses fonctions pastorales, puis se fixa à Hackney, où il professa la physique. Indépendamment de plusieurs mémoires insérés

dans les Philosophieal transactions, on a de lui Lectures on electricity (Londres, £ vol. in-so).

MORGAN (sir Thomas-Charles), médecin et littérateur anglais, né en 1783, mort’en 1843. Reçu docteur en médecine à Cambridge en 1809, il alla exercer à Londres la pratique de son à.rC Pendant une excursion en friande, il fit la connaissance de miss Sidnéy Oweiison, célèbre femme de lettres anglaise, et, après l’avoir épousée en 1812, s’établit en Irlande où, pendant vingt-cinq ans, il se dévoua à la cause de l’émancipation catholique. Ayant renoncé à la pratique de la médecine pour s’occuper de littérature, il devint le collaborateur du Monthly Magazine et de plusieurs autres recueils périodiques où il se fit remarquer par son style vif et piquant. À l’arrivée des whigs au ministère en 1831, il fut nommé commissaire des pêcheries irlandaises et conserva plusieurs années cet emploi. On a de lui : Esquisses de la philosophie de la vie (1816, in-8o) ; Philosophie de ta morale (1819, ih-8o) ; le Livre sans nom (1841, 2 vol. in’-S°), recueil d’essais et d’esquisses, écrits par lui et par sa femme, et qui avaient déjà paru dans diverses revues.

MORGAN (Sidney Owbnson, lady), femme de lettres anglaise, femme du précédent, née à Dublin en 1780, morte à Londres en 1859. Son père était un pauvre acteur de province, jouant les emplois de bouffon, d’une vie assez irrégulière et qui, à travers ses courses "perpétuelles, ne put faire donner à sa fille qu’une éducation peu soignée. Le goût pour les lettres de la jeune miss Owensou triompha de ces diffieuftés premières et, à dix-huit ans, ellti publia ses premiers romans : Saint-Clair

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(Londres, 1804, S vol. in-12) et la Novice de Saint-Dominique (1805, ,4 vol. iu-8<>), productions assez faibles où l’on remarque pourtant de la fraîcheur. Son troisième ouvrage, qui lui fut inspiré par la douloureuse situation de son pays natal et l’injuste oppression de l’Angleterre, eut un grand retentissement. Il a pour titre Glowina ou la Jeune Irlandaise, histoire nationale (18OS, 3 vol. in-go). Le succès de ce livre fut prodigieux et, non-seulement il fonda la réputation littéraire de son auteur et lui ouvrit les salons de la haute société anglaise, mais encore il l’engagea à persister dans la même voie et à continuer à défendre avec sa’plume la cause de ses compatriotes, victimes de l’oppression anglaise. C’est ce même sentiment patriotique qui lui dicta un grand nombre de ses œuvres postérieures, où la fiction du roman n’altère en rien l’exactitude et la fidélité des peintures delà vie et des souffrances du peuple irlandais. Peu après la publication de la Jeune Irlandaise, elle fit paraître des Mélodies irlandaises recueillies par elle durant son séjour dans le Connaught. En 1S07 parurent ses Essais patriotiques sur l’Irlande et la Chanson d’une harpe irlandaise, fragment poétique (iii-8»), ouvrages empreints de la même sensibilité ; la Première tentative ou ïe Caprice d’un moment, opéra-comique (théâtre de Dublin, 1808) ; un roman, Ida l’Athénienne (1810, 4 vol. in-8o) ; un autre roman, le Missionnaire, histoire indienne (1811, 3 vol. in-12), succédèrent à ces premières productions.

En 1812, miss Owenson épousa le docteur sir Thomas-Charles Morgan, déjà veuf de la fille aînée de Guillaume Hamilton, célèbre par Ses nombreux ouvrages de morale, de philosophie et de politique. Deux années après, revenant aux malheurs de l’Irlande, elle publia O’Donnel, histoire nationale (3 vol. in-so), puis Florence Mac- Carthy, histoire irlandaise (1816, 4 vol, in-iï).

À cette époque, lady Morgan vint à Paris, où l’avait précédée une certaine réputation ; elle y fut très-bien accueillie par la haute société royaliste, frétjuenta quelques salons politiques et littéraires et écrivit ses impressions de toutes sortes, durant un séjour do trois années, sous le titre de la France (Londres, 4 vol. in-12). C’est un livre superficiel ; lady Morgan n’avait ni le jugement assez ferme, ni le coup d’œil assez sur pour juger ainsi d’un regard un grand pays ; mais ou y rencontre quantité d’anecdotes curieuses, de propos de salon, de portraits satiriques croqués avec esprit, des mots spirituels, le tout parsemé d’un grand nombre d’uuuchronismes et d’erreurs tout au moins singulières. En quittant la France, elle fit en Italie un voyage de deux ans, s’arrêtant quelques mois dans les principales villes ;’elle en revint avec un ouvrage intitulé l’Italie (1821, 2 vol. in-8«), qui obtint un grand succès et contribua efficacement à éclairer l’opinion publique en Angleterre sur lo condition sooinle de l’Italie sous le régime autrichien, contre laquelle il suscita les antipathies des Anglais. En 1829, elle fit à Paris un nouveau séjour do«t elle a consigné les impressions dans la France en 1829 et 1830 (2 vol. in-8o), puis elle visita la Belgique et revint en Angleterre.

En 1840 parut la Femme et son maître (2 vol. in-s°), un de ses ouvrages les plus originaux et les plus curieux. Une injustice l’avait frappée, celle qui consacre l’infériorité de la femme vis-à-vis de l’homme et, pour mettre cette injustice en lumière, elle fait l’histoire, depuis les temps les plus reculés, delà femme, compagne de l’homme, et montre qu’elle a été de tout temps l’agent principal du développement du progrès. Ce livre est le plaidoyer éloquent et convaincu d’une cause toujours en question. Cette femme remarquable prit le plus vif intérêt aux tentatives d’indépendance des Italiens, en 1847 et 1848, et écrivit à Pie IX une lettre, publiée par les journaux de l’époque, pour l’engager à persister dans la voie de rélonnes où il était entré. Peu de temps après, le cardinal Wiseraan publia une brochure dans laquelle il déclarait entièrement erronés quelques articles qu’elle avait publiés sur la prétendue chaire de saint Pierre, à Rome ; elle lit paraître alors une Lettre au cardinal Wiseman, en réponse à ses remarques (1850), brochure piquante et spirituelle, dans laquelle elle battit complètement son éminent adversaire. Grâce à une pension de 300 livres sterling (7,500 fr.) qui lui avait été accordée sous le ministère Grey, lady Morgan put passer ses derniers jours dans l’aisance. Elle publia quelques semaines avant sa more : Passages tirés de mon autobiographie (1859).

Voici la liste de ceux de ses ouvrages qui ont été traduits en français : la Novice de SaintDominique, par M"»b de R... (la comtesse de Ruolz) [lS05, in-go et 1816, 4 vol. in-12] ; le Missionnaire, par Dubuc (isu et 1817, 3 vol. in-12) ; la Femme ou Ida l’Athénienne, par Dubuc (1812-1817, i vol. in-12) ; Glowina ou la Jeune Irlandaise, par Dubuc (1S13, 4 vol. in-12) ; Saint-Clair, l’héritière de Desmond, par H. Villeinain (1S13, 2 vol. in-12) ; O’Donnel, par Lebrun des Charmettes (1815, 3 vol. in-12) ; Fragments patriotiques sur l’Irlande, par Mme Esmenard (1S17, iji-8°) ; la France, par Lebrun des Charmettes (1817, 2 vol. in-8o) ; Florence Mae-Carifty, par ûefauconi>ret (1819, 4 vol. in-12) ; l’Italie, par iM^e Sobry (1821, 4 vol. in, -8°) ; Mémoires sur la vie