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aliénés de Bicètre ; quelque temps après, il devint un des directeurs de l’établissement médical d’Ivry, fondé par Esquirol, et, depuis lors, il a été chargé du service des aliénés à la Salpêtrière. On lui doit les ouvrages suivants : les Facultés morales considérées sous le point de vue médical (1830) ; Mémoires sur la folie raisonnante envisagée sous le point de vue médico-légal (1840) ; Études physiologiques sur la folie (1840) ; Mémoires sur le traitement des hallucinations par le dalura-stramonium, dans la Gazette médicale (1841) ; Lettres médicales sur la colonie d’aliénés de Gheel, insérées dans le numéro du îor septembre de la Revue indépendante (1842) ; Recherches sur les aliénés en Orient ($iZ, in-8°) ; Du^haschisch et de l’aliénation mentale (1845, in-8°) ; De Vétiologie et de l’épilepsie (1854, in-4°) ; la Psychowgie morbide dans ses rapports avec la philosophie de l’histoire (1859, in-8°). M. Moreau de Tours, qui passe pour un des chimistes les plus distingués de notre lemps, est un des principaux rédacteurs-fondateurs des Annales médico-psychologiques, dans lesquelles il est chargé de traiter la médecine légale relative aux aliénés.

MOREAU (Louis-Isidore-Eugène Lemoine, dit Eugène), auteur dramatique, né à Paris en 1806. Il a composé, soit seul, soit en collaboration, un grand nombre de vaudevilles

et de drames, parmi lesquels nous citerons : Candinot, roi de Rouen (1839) ; les Heureux ; le Chevalier de JJeuuvoisin ; le Maître de poste ; Ce qui manque aux grisettes ; Polfcette et Bamboche ; E.-H, Breda-Street (1848) ; les Deux sans-culottes (1848) ; le Courrier de Lyon (1850). On lui a attribué plusieurs pièces qui appartiennent à son homonyme,

M. Jean-Eugène Moreau.

MOREAU (Louis-Ignace) ; littérateur, né à Paris en 1807. Il débuta par des brochures philosophiques et des articles insérés notamment dans le Plutarque français, et obtint, en 1838, un emploi à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Nommé conservateur adjoint a la

bibliothèque Mazarine en 1850, il a succédé à M. Philarète Chasles comme conservateur en 1873. M. Moreau a réuni des documents pour la collection de la Société de l’histoire de France et s’est principalement occupé de travaux philosophiques. Nous citerons de lui : Du matérialisme phrénologiaue (1843) ; Considérations sur la vraie doctrine (1844) ; le Philosophe inconnu ou Réflexions sur les idées de L.-Cl. de Saint-Martin le Théosophe (lS50) ; la Destinée de l’homme on Du mal, de l’épreuve et de la stabilité future (1857). On lui doit aussi d’excellentes traductions des Confessions de saint Augustin (Paris, 1810), et de la Cité de Dieu (Paris, 1844), qui ont été couronnées par l’Académie française, et uno

traduction de l’Imitation de Jésus - Christ (1860).

MOHEAU (Hégésippe), né à Paris en 1810, mort dans la même ville en 1838. Il était fils naturel d’un homme qui devint plus tard professeur au collège de Provins, et il fut

amené tout enfant dans cette ville, où sa mère entra en service et mourut quelque temps après. L’orphelin fut recueilli par la généreuse famille où avait servi sa mère et placé au séminaire de Meaux, puis à celui d’Avon, où il termina ses études’classiques. Il dut alors songer à demander au travail* des moyens d’existence. Il revint à Provins, et fut employé comme correcteur dans une imprimerie. (J’est là que Moreau connut et aima celle que dans le cours de ses poésies il nomme ma sœur, à qui il a dédié ses contes en prose, et qui n’est autre que la propre fille de l’imprimeur. Jamais ce chaste et doux souvenir ne quitta le poète, et l’on peut dire que le peu de jours qu’il passa à Provins furent les seuls où il n’eut pas à lutter contre la mise.re qui s’acharna après lui jusqu’à sa mort. Venu à Paris pour tenter la fortune, il entra comme compositeur à l’imprimerie Firmin Didot. Mais il était déjà trop rêveur pour être un bon ouvrier ; son salaire quotidien ne s’élevait pas bien haut, et il restait constamment au-dessous de ses besoins. ■ Ma chambre est petite, écrivait-il à sa sœur pendant l’hiver de 1829 ; mais la nuit j’enveloppe mon cou dans un mouchoir qui a touché le vôtre, et je n’ai plus froid. »

Survint la révolution de 1830. Hégésippe Moreau combattit sur les barricades et sauva un Suisse blessé, auquel il donna son unique redingote. Dans la période qui suivit les trois jours, les ateliers chômaient souvent et Moreau se vit sans travail. Il se fit maître d’étude, puis quitta l’établissement où il était entré, voulut donner des leçons et ne rencontra que la plus terrible misère. Sans argent, sans logis, il couchait tantôt dans les fourrés du bois de Boulogne, tantôt dans-les bateaux de charbon amarrés-sur les quais ; ramassé par les patrouilles, il se laissait emmener à la préfecture de police et refusait de se nommer pour prolonger sa détention et recevoir quelques jours de plus le pain des prisonniers. O est alors qu’il composa, sur une borne, son Ode à là faim ; son caractère s’aigrissait et sa muse, qui jusqu’alors n’avait chanté que la tendresse, se plut aux refrains de haine et de vengeance. L époque, il faut le dire, était bien faite pour surexciter le cerveau d’un poète ; la bataille était en permanence dans la rue, partout on ne parlait que de réformes ; les mots de liberté, d’égalité, étaient dans toutes les bouches ; on n’enten MORE

dait partout que plaintes et réclamations, et Moreau ne manquait pas d’attribuer à l’ordre de choses existant 1 obscurité et la misère dans laquelle il se trouvait enchaîné, malgré le talent qu’il se sentait, malgré son génie dont il avait conscience, mais qu’il n’avait pas les moyens de révéler. Nous n’entendons nullement ici nous prononcer pour ou contre les opinions politiques exprimées par Moreau dans ses poésies, d’autant moins qu’à notre sens son radicalisme, en matière politique aussi bien qu’en matièro religieuse, lui était inspiré moins peut-être par des principes et des convictions bien arrêtées que par son irritation contre le sort et surtout contre l’indifférence du public. Et à ce propos nous ne

saurions mieux faire que de citer le passage suivant de Sainte-Beuve : ■ Les poètes sont une race à part, une race des plus intéressantes quand elle est sincère, quand l’imitation et la singerie (comme il arrive si souvent) ne s’y mêlent pas ; mais, dans aucun temps, cette race délicate ou sublime n’a paru se distinguer par une connaissance bien exacte et bien pratique de la réalité. Quant à la société, c’est-à-dire à la généralité des hommes réunis et établis en civilisation, ils ’demandent qu’on fasse comme eux tous en arrivant, qu’on se ■nette à leur suite dans des cadres déjà tracés, ou, si l’on veut en sortir, qu’alors, pour justifier cette prétention et cette exception, on les serve hautement ou qu’on les amuse ; et, jusqu’à ce qu’ils aient découvert en quelqu’un ce don singulier de charme ou ce mérite de haute utilité, ils sont naturellement fort inattentifs et occupés chacun de sa propre affaire. Peut-on s’en étonner ? » Il serait par trop cruel de blâmer Moreau de s’être laissé aller à la colère ; mais il n’est que juste de constater, en opposition à ceux qui s’obstinent encore aujourd’hui, sur la foi des théories révolutionnaires semées dans son œuvre, à le considérer comme un homme politique, qu’il n’était qu’un poëte, un poBte de race, il est vrai, et que la postérité n’oubliera pas.

La santé délahrée par tant de misères, mourant de faim, Hégésippe Moreau entra à l’hôpital de la Charité ; c’était au moment du choléra de 1832, et le pauvre poète, voulant en finir avec la vie, se roulait dans les lits des cholériques ; la contagion l’épargna. Un lit et du pain, c’était pour lui l’opulence ; aussi la santé revint-elle promptement. Un matin il sortit de la Charité, marcha droit devant lui, sortit de Paris et se dirigea sur Provins. Il avait besoin de se réconforter l’âme après avoir guéri le corps, et il savait bien qu’on le recevrait à bras ouverts à la ferme de Saint-Martin, dans cette famille où il avait passé son enfance. Plus tard, de retour à Paris, il envoyait en guise de remercîment à sa bienfaitrice sa délicieuse chansonnette intitulée la Fermière :

Amour à la fermière ! Elle est

Si gentille et si douce !

C’est l’oiseau des bois qui se plaît Loin du bruit dans la mousse.

Pendant son séjour à Provins, Moreau eut l’idée de fonder dans cette ville un journal en vers, sorte de Némésis, semblable à celle que publiait à Paris Barthélémy. Plusieurs numéros parurent, en effet, sous le titre de Diogène ; mais les Provinois goûtèrent peu le talent, très-réel pourtant, développé par le poëte, et celui-ci, irrité plus que jamais de ne pouvoir conquérir un public, fulmina, dans un dernier numéro, des injures tellement violentes contre certains personnages de la ville, qu’il fut provoqué en duel et obligé de revenir à Paris. De 1834 à 1838, sa vie n’offre plus qu’une longue lutte avec la misère, lutte mortelle, dont le dénoûment lugubre eut lieu à l’hôpital de la Charité le 10 décembre 1838. Ce jour-là, la France perdit un grand poëte. Hégésippe Moreau n’a laissé qu’un volume de poésies gracieusement intitulé : Myosotis. Il suffit à lui assurer une place, et des plus honorables, dans la poésie contemporaine. Sans parler des pièces où, suivant nous, il a grossi sa voix au-dessus de ses forces, nul plus que lui, parmi nos poètes du xixe siècle, n’a eu la précision de la forme, la grâce et la fraîcheur idylliques, la mélancolie et la tristesse élégiaques.

On trouverait sans doute dans le Myosotis des passages où la pensée n’est pas assez nettement exprimée, où le style est quelque peu embarrassé et manque même de pureté, mais on doit tenir compte des rudes sentiers qu’avait à traverser la muse du poète. On doit surtout se rappeler que l’expérience n’avait pas eu le temps da lui venir. Sainte-Beuve a dit excellemment : » Si l’on considère aujourd’hui le talent et les poésies d’Hégésippe Moreau de sang-froid et sans autre préoccupation que celle de l’art et de la vérité, voici ce qu’on trouvera, ce me semble. Moreau est un poète ; il l’est par le cœur, par l’imagination, par le style ; mais, chez lui, rien de tout cela, lorsqu’il mourut, n’était tout à fait achevé et accompli. Ces trois parties essentielles du poëte n’étaient pas encore arrivées à une pleine et entière fusion. Il allait, selon toute probabilité, s’il avait vécu, devenir un maître, mais il ne l’était pas encore. Trois imitations chez lui sont visibles et se font sentir tour à tour : celle d’André Chénier pour les ïambes, celle surtout de Barthélémy dans la satire et celle de Béranger dans la chanson. Dans ce dernier

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genre pourtant, quoiqu’il rappelle Béranger» Moreau a un caractère à lui, bien naturel, bien franc et bien poétique ; il a du drame, de la gaieté, de l’espièglerie, un peu libertine partois, mais si vive et si légère qu’on la lui passe. » Moreau n’était pas seulement un poète, c’était un prosateur et des plus purs, des plus élégants. Ses cinq contes en prose, le Gui de chêne, la Souris blanche, les Petits souliers, Thérèse Sureau et le Neveu de la fruitière, sont dignes de l’auteur du Myosotis. Rien n’est gracieux, touchant et naïf comme l’histoire de cette excellente Fée des pleurs, la digne sœur de la Fée aux miettes ; quant à Thérèse Sureau, c’est, en quelques pages, le drame le plus émouvant et le plus profondément moral qu’on puisse imaginer.

MOREAU (Elise Derus, dame Gagne, dite Elise), femme de lettres française, née à Rochefort (Charente-Inférieure) en 1813. Elle fit son éducation elle-même et sentit se développer de bonne heure son goût pour la-poésie. En 1S3C, Mlle Derus vint à Paris et, grâce à la protection de M. Guizot, elle se vit accueillie par Mmo Tastu, Mme Emile de Girardin, etc., qui ne lui ménagèrent pas les conseils et lui accordèrent leur amitié. Elle présenta à cette époque, à l’Académie française, une pièce devers, l’Arc de Triomphe, qui fut couronnée, et publia, sous le pseudonyme d’Elise Moreau, son premier volume de poésies, les Rêves d’une jeune fille, qui commença à la faire connaître. En 1853, MllB Derus épousa le poôte Gagne et ne tarda pas à se lancer à corps perdu dans le monde des conceptions archi-excentriques de l’auteur de

l’Unitéide. Depuis ce moment, ses qualités de poète agréable se sont évanouies, et elle s’est vue enveloppée dans le ridicule qui s’attache à la personne de « l’avocat des fous, » inventeur de la théophilanthropophagie. On lui doit les ouvrages suivants : les Rêves d’une jeune fille, poésies (1837, in-S°) ; Une destinée (1838, in-8°) ; les Souvenirs d’un petit enfant, contes pour la jeunesse (1840, in-S°) ; la Fille du maçon (1841, in-S°) ; l’Age d’or, poésies de l’enfance (1850, in-12) ; Moralités en vers (1852, in-12) ; une Vocation ou le Jeune missionnaire (1855, in-8"), ouvrage réédité sous ce titre : Voyage et aventures-d’un jeune missionnaire en Océanie (i8G0) ; Omégar ou le Dernier homme, proso-poésie dramatique de la' fin des temps, en douze chants, avec un prologue et un épilogue en vers, par M. Gagne (1858, in-12) ; il/me de Bawr (1861, in-12), étude biographique ; les Mémoires d’une sœur de charité, etc. Mme Gagne a fait aussi le prologue du fameux poïïme de son mari, VUnitéide, et a collaboré à plusieurs journaux de jeunes filles : le Magasin des jeunes personnes, le Journal des demoiselles, etc.

MOREAU (Louis - Guillaume), romancier français, né à Brest en 1814. Il avait été successivement employé dans les hôpitaux de la

marine, voyageur de commerce, commis chez un banquier, gérant d’une minoterie, lorsqu’il s’adonna à la culture de la poésie et des lettres. Quelques pièces de vers de sa composition parurent dans divers recueils, et l’une d’elles obtint une mention honorable aux Jeux Floraux. M. Moreau se initensuite à écrire des romans, qui ne manquent pas d’intérêt et attestent des recherches consciencieuses, mais dont le style laisse beaucoup à désirer. Nous citerons de lui : le Routier et la Juive (Paris, 1856, 3 vol. in-S°), dont l’action se passe au moyen âge ; le Brigand de la Cornouaille (1860, 2 vol. in-12), roman historique, dont le principal personnage est le féroce partisan La Fontenelle ; 1 Héritière de Kéroulas (1861, l vol. in-12), récit inspiré par une vieille ballade bretonne et empreint d un caractère de profonde mélancolie. Citons encore de M. Louis Moreau un vaudeville,

M. Dlaguiguac, sorte d’étude de mœurs sur les-voyageurs de 1840.

MOREAU (Jean-Eugène), auteur dramatique et acteur français, né à Paris en 18Ï6. Il débuta tout jeune encore, commo acteur, au Gymnase-En fan tin, puis joua successivement sur le théâtre Comte et dans diverses villes de province. De retour à Paris, il parut sur ■ le théâtre du Panthéon, qu’il quitta pour se rendre à Saint-Pétersbourg, y joua avec succès pendant plusieurs années, puis revint en France avec une pension de l’empereur de Russie. Depuis lors, il a été secrétaire-régisseur à la Porte-Saint-Martin et aux Variétés et codirecteur du théâtre Beaumarchais. Ou lui doit plusieurs pièces, qu’on a souvent attribuées à son homonyme, M. Eugène Moreau : la Peau de singe (1833) ; Louise de Rouvray (1839) ; Deux couronnes (1840) ; Hirondelles (isoi) ; le Zouave de la garde (1863) ; le Cabaret de la Grappe dorée (1805) ; les Vendanges du Clos-Tuvannes (1&C5), etc.

MOUEAC (Mathurin), sculpteur français, "né à Dijon en 1824. Élève de Ramey fils et de M. Dumont, il commença à se faire remarquer en exposant, en 1848, Y Elégie, statue d’une grande finesse de sentiment. Au Salon de 1852, l’artiste envoya un groupe charmant, la Fée aux fleurs, qui fut très-remarque et qui parut en bronze au Salon suivant. Depuis cette époque, M. Moreau a exposé un assez grand nombre de statues, dans lesquelles l’élégance delà forme se joint à la précision savante de l’exécution. Nous citerons : l’Eté, statue qui lui valut une 2«, médaille à l’Exposition de 1855 ; les Enfants en-

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dormis, groupe (1857) ; la FUeuse (1859), morceau excellent, auquel le jury décerna une ire médaille ; Méditation (1861) ; le Printemps (1863) ; Studiosa (1863), statue qui reparut à l’Exposition universelle de 1867 avec la Pileuse ; Vierge ; Saltarella, groupe (1868) ; le Repos (1860), statue ; Néréide (1870) ; Primavera, groupe en bronzo, et deux bustes (1872) ; Libellule, statue ; Circé, statuette en bronze (1873). M. Mathurin Moreau a reçu en 1865 la croix de la Légion d’honneur.

MOREAU DE BlOUL (Jean-Michel-Raymond-Guislain), littérateur et homme politique

belge, né à Namur en 1705, mort k Bioul en 1835. Lorsqu’il eut fait à Reims ses études de droit, il fit, de 1790 à 1793, des voyages en France, en Italie, en Suisse, en Allemagne, devint en 1812 sous-préfet de Dinant et alla, en 1818, siéger à la seconde Chambre des états généraux, où son vote en faveur d’un nouveau système d’impôts lui attira de nombreuses attaques de la part des feuilles libérales. En 1821, Moreau devint membre de la première Chambre et fut élu, après la Révolution de 1830, bourgmestre de Bioul. Outre divers ouvrages manuscrits, on a de lui : l’Architecture de Vitruve, traduite en français avec des remarques (Bruxelles, 1816, in-4°, av. fig.).

MOREAU-CHRISTOPHE (Louis-Mathurin), publiciste et administrateur français, né à Sainte-Maure (Indre-et-Loire) en 1799. Lors de la Révolution de 1830, il était avocat à Loches, où il avait épousé la fille dé M. Christophe, représentant du peuple pendant les Cent-Jours. M. Girod (de 1 Ain), député de l’arrondissement, devenu préfet do police, le nomma

inspecteur général des prisons de la Seine, à l’occasion d un remarquable écrit sur les7’"brmules pénales des anciens, qu’il lui avait présenté en 1828 pour la Société royale des priions. Pendant les trois difficiles années qui suivirent son entrée en fonctions, M. Moreau-Christophe s’en acquitta de façon à mériter

d’être nommé, par ordonnance spéciale, chevalier de la Légion d’honneur. Cette distinction lui fut principalement accordée pour la part par lui prise à l’organisation de la maison de correction des jeunes détenus et à la fondation de la Société de patronage des jeunes libérés, dont il fut élu secrétaire général, en même temps que M. Bérenger président. En 1832, l’année du choléra, le ministre d’Argout se fit accompagner de M. Moreau-Christophe dans la visite courageuse

qu’il fit dans tous les établissements publics où sévissait le fléau. C’est pendant cette visite que le ministre lui offrit, comme échelon d’une préfecture, la sous-préfecture de Nogent-le-Rotrou, offre qu’il accepta pour couper

court aux reproches, d’ailleurs très-fondés, que lui faisait le préfet de police Gisquet de se refuser à faire de la police dans les prisons politiques. Un malheur domestique étant venu le frapper, la mort de sa fille unique, il sollicita et obtint de rentrer dans le service actif des prisons. Il fut d’abord envoyé en mission pénitentiaire en Angleterre, en Écosse, en Belgique, en Hollande, en Suisse, puis nommé inspecteur général des prisons, fonctions qu’il occupait avec le titre de première classe, lorsque la Révolution de 1848 éclata. Il fut destitué. « La révolution de Février l’a destitué, dit un peu plus tard M. Jules Favre à la tribune, et ce n’est pas, certes, ce qu’elle a fait de mieux. » (Moniteur du 12 avril 1850.) M. Moreau-Christopha se retira en Alsace, où il venait de se "remarier et où, depuis lors, il a longtemps demeuré, *s’oucupant exclusivement de 1 éducation de ses deux fils et de travaux historiques, physiologiques et littéraires. On a dit de lui qu’il était le Joseph de Maistre du système pénitentiaire, comme Charles Lucas en était le Ballanche. "Voici la liste des ouvrages publiés par M. Moreau-Christophe : Voyage sentimental de Sterne, traduction nouvelle, édition bijou (1828) ; De l’état actuel des prisons en France, dans ses rapports avec la théorie pénale du code (1836, 1 vol. in-S°) ; De la réforme des prisons en France, considérée dans ses rapports avec te système de l’emprisonnement individuel (1838, 1 vol. in-S») ; Rapport à M. le ministre de l’intérieur sur les prisons de l’Angleterre, de l’Écosse, de la Hollande, de la Belgique et de la Suisse (1839, 1 vol. in-4°, av, pi. et dess. de l’Impriin. roy.) ; Considérations sur la réclusion individuelle, traduit du hollandais de W.-H. Suringar (Paris et Amsterdam, 1843,1 vol. iu-8<>) ; Défense du projet de loi sur les prisons contre les attaques de ses adversaires (Paris, 1848, 1 vol. grand in-8°), imprimé et distribué aux Chambres, par les soins du gouvernement ; Code des prisons ou Recueil complet des lois, ordonnances et instructions ministérielles concernant les maisons d’arrêt, maisons de force et autres prisons, préventives ou pour peines, de 1670 à lS62, .avec tables, annotations, etc. (3 forts vol. in-so, édit. compacte) ; Revue pénitentiaire- et des institutions préventives, recueil périodique trimestriel, enrichi de planches et dessins, et formant quatre volumes grand in-8°, de 1044 à 1847 inclus. ; Discussion du projet de loi sur les prisons à la Chambre des députés, texte officiel annoté, avec table alphabétique, etc. (Paris, 1845, 1 vol. grand in-8<>) ; Congrès pénitentiaires de Francfort et de Bruxelles, texte annoté des discours et des votes, avec table, etc. (1846-1847,2 vol. grand in-8°) ; Du droit à l’oisiveté et de l’organisa*