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on étouffait la victime entre deux planches do bambou, graduellement resserrées autour de son buste, et c’était seulement lorsqu’on la voyait aux prises nvec la suprême angoisse que le prêtre, à coups de hache, séparait son corps en deux. Ailleurs, la victime était dépecée vivante, morceau par morceau. Le capitaine Macpherson, en 1846, portait à cinq cents le chiffre des victimes annuellement immolées sous le nom de mériahs. Cependant ce chiffre paraît exagéré. Le major général John Camphell, commissaire anglais dans le Khoudistan, à qui revient principalement l’honneur d’avoir à peu près détruit cette abominable institution, croit que chaque groupe de villages (mootah) avait une fois l’an son sacrifice expiatoire, sans compter des circonstances spéciales qui pouvaient donner lieu à un surcroît de tueries ; mais qu’en somtite il faut évaluer à cent cinquante le nombre des mériahs qui tombaient chaque année sur l’autel de Tado-Pciinor ou de Manuck-Soro.

MEKIAN (Matthieu), graveur suisse, né à Pâle en 1593, mort à Bade-Schwnlbach en 1650. En sortant de l’atelier du graveur Dietrich Mever, à Zurich, il se rendit à Paris, s’y lia intimement avec le fameux Callot, puis visita l’Allemagne et finit par se fixer à Francfort, où il épousa la fille du graveur Théodore de Bry et fonda une maison de librairie. Merian a surpassé tous les graveurs à l’eau-forte de son temps par la beauté, la variété et le nombre de ses travaux. Outre de nombreuses planches d’après ses propres dessins, représentant des sujets divers, des paysages, on a de. lui une quantité considérable de gravures servant a illustrer divers recueils. Nous citerons particulièrement : la Danse des morts, telle qu’on l’a dépeinte à Bâle (Bâle, 1621, 42 pi. in-4<>) ; Icônes biblicx (Strasbourg, 1625-1C27) ; Americanische historia (Francfort, 1631-1655, in-fol.) ; De rébus publicis Hanseaticis de Werdenhagen (Francfort, 1643- 1G72, in-fol.), collection de vues pittoresques ; Jtinerarium halis (1G43), etc.

MERIAN (Matthieu), dit le Jeune, peintre et graveur suisse, fils du précédent, né à Bâle en 1621, mort à Francfort en 1687. Élève de son père, de Sandrart et de Van Dyck, il fit de rapides progrès, s’adonna principalement au genre du portrait, en prenant, pour modèle ce dernier maître, visita une partie de l’Europe, puis habita Nuremberg et Francfort. Riche et considéré, il se vit comblé d’honneurs et de présents par plusieurs princes d’Allemagne, reçut de l’électeur de Brandebourg le titre de conseiller et la mission de le représenter à Francfort en qualité de son chargé d’affaires, et devint en même temps conseiller aulique du margrave de Baden-Dourlach. Merian continua la publication du Theatrum europæum et celle des Topographiæ, commencées par son père. On cite, parmi ses œuvres les plus remarquables, Artémise, la Madeleine et le magnifique portrait de Pietro Soderini. Il a laissé, en outre, quelques gravures.

MERIAN (Jean-Matthieu de), peintre allemand, fils du précédent, né à Francfort vers 1050, mort dans la même ville en 1716. Élève de son père, il fut longtemps son collaborateur ; mais, à la mort de celui-ci, il abandonna l’art pour le commerce et se mit à la tète de l’importante librairie fondée par son aïeul. Il publia de nouvelles éditions des gravures do son père, du Theatrum, des Topographie, etc., et réalisa, dit-on, une fortune considérable. Jean-Matthieu de Merian avait reçu de l’électeur de Mayence le titre de conseiller et des lettres de noblesse pour quelques livres rares et cinq ou six pastels de médiocre valeur.

MERIAN (Marie-Sibylle), femme peintre et naturaliste, sœur de Matthieu, dit ie Jeune, née à Francfort en 1647, morte à Amsterdam en 1717. Toute jeune encore, elle montra de rares dispositions pour le dessin, reçut d’abord des leçons du peintre Jacques Moreels, second mari de sa mère, puis du fameux Abraham Mignon, qui lui apprit la miniature, et elle acquit sous sa direction une grande habileté, surtout pour peindre les insectes et les fleurs. En 1665, la jeune artiste épousa un peintre de Nuremberg, André Graff, qui, quelques années plus tard, s’étant attiré de mauvaises affaires, dut prendre la fuite. Cette mésaventure détermina Sibylle à reprendre le nom de Merian, qu’elle ne quitta plus. Par la suite, elle cessa d’habiter Nuremberg pour retourner à Francfort, puis elle se rendit en Hollande avec ses deux filles, et s’associa à la secte des labbadistes, établie k Bosch. Elle profita de son séjour dans ce pays pour visiter les cabinets d’histoire naturelle d’Amsterdam et les collections particulières les plus remarquables. N’ayant plus rien à observer de nouveau en ce genre, Sibylle se rendit avec une de ses filles à Surinam en 1699, dessina les reptiles, les insectes, les plantes, les fleurs, les coquilles qu’elle trouva dans cette région de 1 Amérique et, de retour en Hollande eu 1701, elle s’occupa de mettre au jour les trésors qu’elle avait amassés. Indépendamment d’un nombre considérable de dessins sur vélin, qu’on voit à Amsterdam, à Londres, à Saint-Pétersbourg, etc., on a d’elle : Der itaupen wunderbare Verwand’ung (Nuremberg, 1679), traduit en latin sous le titre de Erucarum

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ortus, alimentum et paradoxa metamorphosis (Amsterdam, 1705), et en français sous celui à’Histoire des insectes de l’Europe, dessinés d’après nature et expliqués par M.-J. Merian (Amsterdam, 1730, in-fol.) ; Florum fasciculi III'advivum depicti (Nuremberg, 1680, in-fol.) ; Metamorphosis insectorum Surinamensium (Amsterdam, 1705, in-fol., avec 60 p).), magnifique recueil extrêmement rare, traduit en français sous le titre d’Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l’Europe (Paris, 1771, 3 parties in-fol.).-Sa fille aînée, Jeanne-Hélène, née à Francfort en 1S88, l’accompagna à Surinam en 1699, et fit un second voyage dans la Guyane hollandaise en 1702. Elle y épousa un commerçant de cette ville, et envoya à sa mère des mémoires et des dessins pour compléter son grand ouvrage sur la métamorphose des insectes. — Sa seconde fille, Dorothée-Marie-Henriette MuaiAN, née à Francfort en 1678,

morte en 1745, avait des connaissances étendues en histoire naturelle, en hébreu, et dessinait avec talent. Elle conserva le nom de sa mère après son mariage avec le peintre russe Xsell.

MERIAN (Jean-Bernard), philosophe suisse, né à Liechstall, canton de Baie, en 1723, mort à Berlin en 1807. Son père était un ministre réformé fort estimé en Suisse et qui devint, en 1738, chef des Églises protestantes du canton de Bâle. Il fit donner à son fils une éducation distinguée. Celui-ci se signala dès son extrême jeunesse par son goût pour les lettres et la philosophie ; il aimait aussi la philologie et les beaux-arts. Reçu docteur en philosophie à l’âge de dix-sept ans, il avait soutenu une thèse sur le suicide : De autochiritt (1740, in-4»), qui eut du succès. « Il est assez singulier dit Ancillon, qu’un des hommes les plus gais ait traité ce triste sujet avec une sorte de prédilection. »

Merian ambitionnait une chaire et en sollicita une dès 1741. Mais, après avoir inutilement concouru à diverses reprises, il entra dans l’état ecclésiastique, puis alla séjourner à Lausanne, où il apprit à fond la langue française, De retour à Bâle, on lui offrit un emploi de précepteur à Amsterdam, où il se rendit et resta durant quatre ans. Il y était encore, quand une lettre de Maupertuis le fit venir à Berlin, où Frédéric II lui proposait une pension et un emploi de professeur de philosophie à l’Académie de cette ville. C’était en 174S. Pendant plus d’un demi-siècle, Merian enseigna à Berlin et influa sur le développement scientifique et littéraire de l’Allemagne. C’était un homme modeste, n’aimant pas à faire parler de lui et qui, en dehors de ses devoirs d’académicien, n’occupa que deux emplois médiocres, celui d’inspecteur du collège français de Berlin (1767), et celui de directeur des études au collège de Joachim (1772).

À l’Académie, il occupa pendant dix-neuf ans une chaire de philosophie, qu’il quitta en 1771 pour celle des belles-lettres, et résigna cette dernière en 1797, afin de succéder à Formey en qualité de secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin. Il avait été nommé auparavant bibliothécaire de la même Académie, puis membre de la commission économique, inspecteur du collège français (17G7), et directeur des études du collège de Joachim (1772). Il n’a guère écrit que pour le corps savant auquel il appartenait, si l’on excepte quelques ouvrages, tels que : De peccatis poetarum advenus rhétoricesprmeepta (Baie, 1741, in-4<>) ; Cogilaliones de contempla lingu& latins (1742, in-4o) ; De subsidiis qu% requiruntur ad intelligendum Homerum (1744, in-4o) ; Observatiunum historicarum sylloge (1744, in-4o), et quelques traductions, comme 17 ?) !-lèvement de Proscrpine de Claudien (1767, in-8o), quelques morceaux de Plutarque que Frédéric II voulait connaître, les Essais philosophiques de Hume (1759, 2 vol, in-S°), inconnus jusque-là sur le continent et que sa version française popularisa en Europe, et enfin les Lettres cosmologiques de Lambert (1770, in-12), écrites en allemand et que la version peu littérale de Merian, publiée sous le titre de Système du monde, a fait connaître en France.

Ses œuvres originales, qui se composent de Mémoires insérés dans le recueil de l’Académie de Berlin, y tiennent depuis 1749 jusqu’en 1804 un rang distingué. Ses analyses claires, succinctes et lumineuses ont popularisé, en Allemagne et en Europe, une foule d’œuvres remarquables qu’il a fait connaître le premier. On cite, parmi Ces ouvrages, plu sieurs écrits de Garve, Herder, Mendelssohn, liant et quelques autres, qui lui doivent sans contredit une part importante de leur renommée. Ce qui Sonnait du prix aux comptes rendus de l’auteur, c’était sa compétence aussi bien que son vaste savoir, sa forme littéraire et l’honnêteté de son caractère. Ses jugements faisaient loi. Une œuvre scientifique ou littéraire, condamnée par lui, l’était sans appel ; s’il lui décernait des éloges, sa fortune était assurée.

Les principaux mémoires de Merian sont les suivants : Sur l’aperception de sa.propre existence (1749) ; Sur l’aperception considérée relativement aux idées ou sur l’Existence des idées dans l’âme (1749) ; Sur l’action, la puissance et la liberté (1750). Ces mémoires offrent une étude psychologique intéressante. Il voit dans l’aperception le fait primitif qui

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sert de base à nos connaissances. Dans son mémoire Sur la liberté, il s’attache à distinguer l’action de la passion, la puissance de la liberté, puis il applique les principes qu’il dégage à une théorie de l’entendement et de la volonté. L’homme, dit-il, n’est pas la cause des états successifs dans lesquels se trouve sa conscience ; ces états ont entre eux des liens évidents et réguliers, d’où naissent en nous des idées de dépendance, de liaison et de passivité. L’action est un état différent de ceux qui précèdent. Il y a deux actions en nous, une interne et l’autre externe. L’action externe suppose deux sujets, l’un actif et le second passif, tandis que l’action interne n’en suppose qu’un, tour à tour actif et passif. Les autres mémoires les plus importants sont, par ordre chronologique : Réflexions philosophiques sur la ressemblance (1751) ; Sur le principe des indiscernables (1754) ; Sur l’idéalité numérique (1755) ; Parallèle de deux principes de psychologie (1757) ; Sur le sens moral (1758) ; Sur le désir (17G0) ; Sur la crainte de la mort, sur le mépris de la vie, sur le suicide (1763) ; Discours sur la métaphysique (1765) ; Sur la durée et sur l’intensité du plaisir et de la peine (1766) ; Sur te problème deMolyneux (1770-1779) ; Sur lephénoménisme de David ffume (1793) ; Parallèle historique denosphilosophies nationales (1797).

Merian est un des précurseurs de l’éclectisme ou philosophie critique. Il doit cette qualité à la nature de ses travaux autant qu’à sa complexion depenseur. On remarque ù ailleurs en lui une foule de qualités.brillantes, quoique de second ordre. Son style n’est pas non plus dépourvu de mérite.

Indépendamment.de ses idées positives, il a une méthode qui est celle du ls.vme siècle. En général, c’est la méthode expérimentale. Pour voir les choses telles qu’elles sont, il ajoutait à l’expérience la critique. Il ne s’attachait à aucun système ; il se bornait à opposer les systèmes entre eux, cherchant dans chacun ce qui semblait se rapprocher de la vérité. C’est ainsi qu’il fut amené à combattre ou à opposer entre elles les écoles de Locke et de Condillac, de Leibniz et de Wolf.

Un de ses biographes trace de lui le portrait suivant : « Cette vue du monde et de la vie humaine était moins chez lui une vue de l’intelligence que l’effet d’un heureux tempérament, d’un parfait équilibre des facultés, d’une santé et d’une constitution qui paraissaient indestructibles. Plus tard, il réduisit en principes ce qu’il tenait de la nature et elle devint pour lui une sorte de philosophie, que l’habitude et la réflexion fortifiaient. Il fut bon fils, bon frère, bon époux, et il ne connut jamais les torts, les écarts, les faiblesses des âmes passionnées ni leurs élans sublimes. L’ambition n’eut jamais de charme pour lui ; il abhorrait les grandes places, se moquait des titres et n enviait pas le pouvoir. Sa seule ambition fut de rester ce qu’il était : peu touché des succès de société, les tourments et les triomphes de la vanité lui étaient inconnus. Comme il n’était pas riche, il attachait quelque prix à la fortune ; mais il ne fut jamais avide, et son économie quelquefois sévère était cependant sage et modérée. Fortement attaché à des principes religieux et moraux, auxquels il tenait par sentiment et par habitude, il était à peu près indifférent à tout le reste, et s’intéressait faiblement au résultat de ses recherches. Dans la force de l’âge, cette espèce d’indifférence lui donna cet œil sec et froid de l’intelligence que Bacon demande aux philosophes, et sur le déclin de sa vie, où il étudiait encore les systèmes nouveaux, cette indifférence lui permit de s’amuser des luttes des philosophes comme les Romains s’amusaient des luttes des gladiateurs. •

MERIAN (André-Adolphe, baron de), diplomate et philologue, né à Bâle en 1772, mort à Paris en 1828. S’étant rendu fort jeune à Saint-Pétersbourg, il obtint un emploi au ministère des affaires étrangères, reçut par la suite le titre de conseiller d’État, et remplit de nombreuses missions diplomatiques, notamment en France, où il termina sa vie. Merian avait fait une étude particulière des langues et s’était lié avec Klaproth, qui fut son collaborateur et lui dédia son Asia polyglotta. On a de lui : Tripartitum seu de analogia linguarum libellus (Vienne, 1820-1823, in-fol.), avec Klaproth ; Synglosse ou Principes de l’étude comparative des langues (Carlsruhe, 1826, in-8o), publié en français avec des Observations sur les racines des langues sémitiques par Klaproth (Paris, 1828, in-s»). Dans ce dernier ouvrage, Merian s’est attaché à montrer que les racines de toutes les langues sont originairement les mêmes, que des formes semblables se montrent dans les idiomes des peuples qui présentent entre eux les plus grandes différences au point de vue physiologique, et que les radicaux de tous les idiomes sont monosyllabiques.

MÉRIANDRE s. f. (mé-ri-an-dre). Bot. Genre de plantes, de la famille des labiées menthoïdées, établi par Bentham pour des arbrisseaux de l’Inde.

MÉRIANE s. f. (mé-ri-a-ne — du lat. meridianus, du milieu du jour). Midi, milieu du jour. Il Vieux mot.

— Bot. Genre de plantes d’Amérique, de la famille des môlastomées : Mériane à fleurs blanches, à fleurs purpurines.

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MÉRIANIB s. f. (mé-ri-a-nî—de Sibylle de Merian, femme naturaliste). Bot. Genre d’arbres et d’arbrisseaux, de la famille des mélastomacées, comprenant des espèces qui croissent dans l’Amérique centrale.

MERIC (Jean de), général français, né à Metz en 1717, mort au pont de Walen, près de Malines, en 1747. Il avait à peine onze ans lorsqu’il entra comme cadet dans l’armée, reçut en 1733 le grade de lieutenant, donna les preuves de la plus brillante valeur au siège de Kehl, à l’assaut de Prague (1741), dont il détermina la prise par une fausse attaque habilement conduite, attira l’attention de Maurice de Saxe, qui, à partir de ce moment, le choisit constamment pour exécuter ses coups de main les plus dangereux, ce qui lui valut le surnom de Bra» droit du maréchal, donna de nouvelles preuves de son intrépidité lorsque l’armée française fut bloquée à Prague par les Autrichiens, commanda 1 arrière-garde pendant la désastreuse retraite de notre année (1742), prit part à la bataille d’Ettingen{ 1743), aux siègesd’Ypres, de Menin, de la Knoque (1744), et fut promu lieutenant-colonel. Mis à la tète d’un corps franc de 300 cavaliers, il rendit les plus grands services au maréchal de Saxe, qui éleva ce corps à 500 cavaliers portant en croupe 500 fantassins. C’est avec ces mille hommes que l’intrépide Meric attaqua devant Lannoi un corps de 6,000 impériaux, à qui il tua 800 hommes et fit 700 prisonniers. Ce brillant fait d’armes, qui décida de la crise de Courtrai, valut à Jean de Meric d’être présenté à Louis XV par le maréchal et d’être nommé colonel. Bientôt après, il concourut au succès de la bataille de Fontenoy (1745), à la reddition de Tournay, traversa à la nage avec ses volontaires les fossés de Gand en plein jour, arracha les palissades, tailla en pièces les gardes, enfonça les portes, se trouva maître de la ville, et amena par ce glorieux exploit la conquête de la Flandre (il juillet 1745). Bientôt après, il reçut le grade de brigadier et le commandement d’un corps franc composé de cinq bataillons, dont tous les officiers étaient à sa nomination. Il fit avec ses volontaires une campagne malheureuse dans l’Amérique du Nord (1746), fut envoyé à son retour a l’armée de Flandre, et périt, n’ayant pas encore trente ans, frappé de quatorze coups de feu au pont de Walen, près de Malines.

MÉR1C-LALANDE (Henriette Lalande, dame Meric, connue au théâtre sous le nom de Mn>e) ; cantatrice française, née au commencement du siècle, morte à Chantilly en septembre 1867. Elle avait obtenu les plus beaux succès à Lyon lorsqu’elle vint, en 1821, créer au théâtre du Gymnase-Dramatique, à Paris, le rôle principal dans la Meunière, opérette de Manuel Garcia, artiste accompli du Théâtre-Italien, dont elle suivait alors les leçons. En 1S22, elle épousa M. Jules Méric, comédien distingué lui-même, et, la même année, parut avec un succès véritablement prodigieux dans les Folies amoureuses de Regnard, farce de la grosse espèce, à laquelle Castil-Blaze avait adapté des airs empruntés à Mozart, à Puer, à Cimarosa, à Rossini et à d’autres compositeurs célèbres. Il n’en fallut pas ’davantage pour fixer l’attention sur Mme Méric-Lalande, qui, deux mois plus tard, paraissait à Milan sur la scène de la Seala. Meyerbeer mit alors à profit les ressources de sa voix et de son talent. Il écrivit pour elle, pendant le carnaval de 1S25, à Venise, Il Crociaio in Egitto. Elle y triompha à côté du fameux sopraniste Velluti. Avec le concours de Rubini et de Tamburini, elle créa, au même théâtre, pendant l’hiver de 1827, Il Pirata, de Bellini, qui fut, on lésait, un événement pour l’Italie, ’et deux ans après la Straniera ; enfin Zaïre, pour l’ouverture à Parme d’une nouvelle salle lyrique. Dans l’intervalle, elle avait succédé, au théâtre San-Carlo de Naples, à’ M11" ! Mainvielle-Fotlor, et elle était venue créer au Théâtre-Italien de Paris, le 2 octobre 182S, YUltimo giorno di Pompei, dv Pacini. Un engagement de prima donna, avec le choix exclusif des rôles, lui fut offert en 1830 par Rossini etTadolini, qui dirigeaient alors la salle Ventadour, le premier de nom, le second de fait. Elle accepta cet engagement et vint prendre rang aux côtés de Mmes Malibran, Tadolini, Caradori ; aux côtés de Lablache, de Davidi, de Zucchelli. Ses débuts eurent lieu le 8 mars 1831, dans Fausto, opéra italien en 4 actes dé M’e Louise Berlin. Elle parut ensuite dans le Don Giovanni de Mozart, par le rôle d’Anna, que venait de quitter M»» Soutag, puis dans II Matrimonio segreto, un de ses grands succès, enfin dans Sa Sémiramide de Rossini, sa plus belle interprétation. La Malibran s’était déjà signalée dans le rôle de la reine des Syriens ; elle le céda à Mm» Méric-Lalande et joua celui â’A rsace, dans lequel elle ne réussissait pas moins. Les deux cantatrices firent merveille, et les journaux du temps ne tarissaient pas en éloges sur leur compte. « Le rôle formidable de la reine de Babylone, dont Mlle Grisi a été plus tard la personnification la plus splendide, convenait merveilleusement àM™6 Méric-Lalande, écrivait dans le Nain jaune du 19 septembre 1867 M. Alfred Deberle, à qui nous empruntons tous ces détails. La souveraine de Babylone, tendre, fière, impérieuse, excita des transports d’enthousiasme qui éclatèrent dès