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plusieurs bras, dont les deux plus importants sont celui du N.-E. et la passe de Balize ou passe du S.-O., qui est lu route que suivent tous les navires d’un tonnage un peu fort. A son embouchure, il forme un vaste delta dune superficie de 462 myriamètres carrés qui s étendent de plus en plus du côté de la iner, attendu que le fleuve, suivant le calcul du géologue Lyell, apporte chaque année à la rher 3,703 millions de pieds cubes de limon, de sable, etc. ; de telle sorte qu’au rapport des pilotes de Balize, les bras de l’embouchure du Mississipi se trouvent aujourd’hui avoir avancé d’environ 1 kilom. dans la mer depuis vingt-cinq ans. La Nouvelle-Orléans, Bâton-Rouge, Natchez, vers la partie méridionale de son cours, et Saint-Louis, vers la parue moyenne, sont les principales villes situées sur ses bords. Le Mississipi reçoit les cours d’environ deux cents affluents ; les principaux sont : à droite, le Saint-Pierre, le Missouri, le Saint-François, le Wbite, l’Arkansas et le Red-River ou rivière Rouge : k gauche, le Wisçpnsin, le Rock, l’Illinois, le Maskaskia et l’Ohio. Il communique par cinq canaux avec les grands lacs du N. et avec le Saint-Laurent ; New-York et la Nouvelle-Orléans sont ainsi liés par une voie

navigable. Aucun fleuve, excepté le Maraflon ou fleuve des Amazones, n’a un bassin aussi étendu que celui du Mississipi. D’après les calculs les plus récents, le bassin du fleuve serait de-42, û00 myriamètres carrés. Cet immense bassin comprend les montagnes Rocheuses à l’O. et les monts AUeghany à 1E. ; les hauteurs qui le limitent dans les autres directions sont peu remarquables. Au N.-E., vers les lacs Erié, Michigan et Supérieur, il n’existe qu’une faible ligne de partage. Le Mississipi a de 300 à 900 mètres de largeur, depuis le saut de Saint-Antoine jusqu au confluent de l’Illinois ; 2,500 mètres au^ confluent du Missouri ; 1,459 mètres a Saint-Louis ; 2,200 mètres au confluent de 1 Ohio ; 1,500 mètres vers celui de l’Arkansas • 900 mètres au fort Adams et 1,500 mètres a la Nouvelle-Orléans. Sa profondeur est de 15 a 20 mètres vers le confluent de l’Obio, et de 60 à 80 mètres entre la’Nouvelle-Orléans et le golfe du Mexique. Son cours est de 5,120 kilom. Ce fleuve est sujet à de grandes crues.périodiques : l’une est causée par les pluies d’automne et dure tout l’hiver ; l’autre est produite par la fonte des neigea et atteint son maximum en juin et juillet. Les eaux débordées couvrent souvent une grande étendue du pays, surtout dans la partie inférieure ; les dépôts abondants qui exhaussent continuellement le lit du fleuve rendent ces inondations de plus en plus fréquentes. Sur certains points on a construit, pour se protéger contre les eaux du fleuve, des levées énormes. Le cours du Mississipi est très-rapide, surtout dans sa partie supérieure. Un des plus grands obstacles à la navigation, ce sont les arbres nombreux et souvent très-gros, entraînés par les eaux du fleuve, particulièrement entre le Missouri et l’Arkansas. Les amas en sont parfois si considérables qu’ils forment des lies, des péninsules, des pointes qui changent le cours du fleuve et le forcent à s’ouvrir de nouvelles voies. Les glaçons qu’il charrie dès le mois d’octobre interrompent en hiver les communications dans la partie supérieure. Les eaux du Mississipi sont habitées par une grande quantité de poissons et, dans la partie méridionale, par de nombreux alligators. Jusqu’à 60 ou 80 kilom. de l’embouchure, les rives ne présentent que des marécages impropres à la culture ; plus haut, elles se montrent couvertes de riches plantations, jusque vers Bâton-Rouge et Pointe-Coupée ; au delà, elles offrent d’admirables contrastes : à droite, d’immenses savanes ; à gauche, une grande. variété-de collines et de vallées, parsemées d’arbres magnifiques. < Le Mississipi, dit Elisée Reclus, est peut-être le type le plus simple de tous les grands fleuves. Il ne prend point sa source dans les glaciers d’une haute chaîne de montajrnes, comme la plupart des cours d’eau de l’Europe et de l’Asie ; il n’arrose point, comme l’Euphrate, le Nil ou le Rhin, des campagnes que les guerres et les événements de l’histoire ont rendues célèbres : il ne relève que de lui-même et ne doit rien ni à l’histoire ni à la fable ; son importance il la tire surtout des changements qu’il opère dans la configuration du continent nord américain, de l’énorme quantité.de travail qu’il accomplit chaque jour. Tout indique que le cours même de ce fleuve et la l’orme du delta raissiSsipien auront une influence décisive sur le développement social d’une grande partie des États-Unis. Entre le réseau hydrographique d’un pays et son histoire, il n’y a pas en effet une relation moins intime qu’entre le système sanguin d’un animal et ses moeurs. Le fleuve est le pays vivant, agissant, se transformant. En roulant ses flots, il porte aussi des hommes et des idées, et les alkivions de sable et de boue déposées à son embouchure sont un symbole des alluvions historiques formées par les générations successives des peuples qui en habitent les bords.>

Le Mississipi et ses affluents occupent la plus grande partie de cette grande dépression qui s’étend depuis la baie de Baffln jusqu’au golfe du Mexique, et les autres cours d’eau qui prennent leur source dans le voisinage de celle du Mississipi, pour s’écouler ensuite lentement

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de lac en lac vers l’océan Glacial, pourraient être considérés comme une continuation du grand fleuve ; ils en sont, à vrai dire, le complément géographique, et ils en prolongent le cours en sens inverse d’une mer à l’autre mer. Lors mêmé qu’on voudrait restreindra strictement le Mississipi aux limites de son bassin actuel, il serait impossible de comparer les plateaux arides d’Utah et du Nouveau-Mexique, ou les solitudes à demi submergées de la Nouvelle-Bretagne, à la vaste et fertile région mississipienne ; car, ce n’est pas la superficie, ce sont surtout les rapports des territoires avec la vie de l’humanité qu’il faut considérer pour en apprécier la véritable importance géographique. Ainsi, ni le Mackensie, ni la Colombie, ni la rivière Rouge du’ Nord ne peuvent se comparer au Mississipi, et, malgré la masse de ses eaux, le Saint-Laurent lui-même occupe un rang tout à fait secondaire : son bassin est.comparativement limité et, d ailleurs, les grands lacs du Canada auxquels il sert de déversoir semblent avoir appartenu au Mississipi pendant une longue succession d’âges géographiques. En outre, le Saint-Laurent suit une direction transversale au continent ; c’est l’artère du Canada, et pas autre chose. Si l’étude du relief des terres donne incontestablement le premier rang au Mississipi parmi les fleuves de l’Amérique du Nord, le simple examen de la direction des cours d’eau confirme également l’importance de ce fleuve dans l’économie du continent. Dans cette partie du monde, il y a deux centres de rayonnement, deux points d’où les eaux descendent suivant leur pente pour aller se perdre dans les mers opposées. L’un de ces ceutres de rayonnement se trouve dans un massif de montagnes, et l’autre dans un renflement graduel et insensible des plaines centrales. Vers le 440 degré de latitude, au milieu des montagnes RocIibu- ses, les sources de la Colombie, du Colorado, du Missouri, principal affluent du Mississipi, jaillissent du sol à peu de distance l’une de l’autre ; un peu plus au sud, le rio Grande prend égalementson origine, complétant ainsi ludispersion des eaux autour du massif des montagnes Rocheuses. Le centre de rayonnement des fleuves de plaine est situé un peu k l’ouest du lac Supérieur, dans cette région à demi inondée ou se rencontrent les Jacs Rouge, des Bois, Hasea, Leech, et tant d’autres nappes d’eau douce que le moindre soulèvement ferait se déverser dans la mer, et qu’une légère dépression transformerait en une vaste mer intérieure. C’est là que se trouvent les sources du haut Mississipi ; celles du Saint-Laurent et celles de la rivière Rouge du Nord, fleuve qui se continue en quelque sorte jusqu’au Mackensie par ce lougenchaînement de lacs et de rivières paresseuses qui s’étend jusqu’à la mer Glaciale. Ainsi, le Mississipi descend à la fois des deux centres de rayonnement et les relie l’un à l’autre par son gigantesque développement. Fleuve de montagne par le Missouri, fleuve de plaine par la partie supérieure de son cours, il est essentiellement double.

Le Mississipi fut découvert par Hernando de Soto, pendant l’expédition aventureuse qu’il avait entreprise pour faire la conquête du royaume d’Eldorado et de la fontaine de Jouvence. Hernando trouva la mort dans ce voyage, et son cadavre fut jeté par ses compagnons dans les eaux bourbeuses du fleuve, sur les bords duquel il avait espéré trouver l’immortalité. Un seul homme resta de cette armée de braves et put raconter au vice-roi du Mexique les découvertes et les exploits de Soto ; mais le gouvernement espagnol voulut se réserver avec un soin jaloux la connaissance du nouveau fleuve et sut si bien en cacher l’existence aux autres nations, qu’il fut réservé au Français Marquette d’en faire la découverte réelle pour le reste du monde. Ce voyageur, trompé par les fausses idées géographiques du temps, qui faisaient considérer les rivières comme des passages d’une nier à l’autre, crut avoir découvert le chemin des Indes et se laissa dériver au gré du courant, dans l’espérance d’aborder près de Calicut ou de Goa, Plus tard, Cavalier de La Salle atteignit l’embouchure du Mississipi, et le roi Louis XIV lui assurait les moyens de fonder une colonie dans lesnouvelles contrées acquises à sa couronne ; mais La Salle, qui éiait revenu en France annoncer sa découverte, n’eut pas le bonheur de retrouver les bouches du Mississipi et alla échouer sur les côtes du Texas, où il fut assassiné par ses compagnons. Le nom du fleuve Colbert, qu’il avait donné au grand cours d’eau, ne lui est pas resté, non plus que celui de Meschacébé ou père des fleuves, dont M. de Chateaubriand l’a décoré plus tard. Le vrai nom, Missi-Sepe, signifie tout simplement grand fleuve dans le langage des Algonquins. D’autres Indiens l’appelaient aussi Cicuaya.

MISSISSIPI, un des États de l’Amérique du Nord, baigné au S. par le golfe du Mexique, séparé à l’O. de l’État d’Arkansas et d’une partie de la Louisiane par le Mississipi, borné à l’E. par l’État d’Alabama et au N. par celui de Tennessee. Il s’étend entre 30° 20’ et 350 de lat. N., et entre 81° 12’ et 91040’ de long. O. Sa plus grande longueur, du N. au S., est de 600 kilom., et sa plus grande largeur, de l’E. À l’O., de 250 kilom. Superficie, 122,039 kilom. carr. ; 791,305 hab. Capitale,

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Jackson ; villes principales : Augusta, Mâeon, Columbus, Lexington, Natchez, etc. Il est traversé par le fleuve qui porte son nom et qui y reçoit ^plusieurs cours d’eau considérables. Les côtes sont sablonneuses et assez malsaines. À mesure qu’on s’éloigne du fleuve le pays devient de plus en plus fertile. Le climat est tempéré. Les produits les plus importants sont : le coton, le mais, la canne à sucre, le tabac, l’indigo et les patates douces. Les légumes et les fruits d’Europe y sont cultivés avec succès. Le nord est couvert de magnifiques prairies et de riche3 pâturages. Dans les vallées croissent avec profusion le pin, le cotonnier, le chêne, le laurier, le magnolia, le noyer et le cyprès. Les forêts sont peuplées d’animaux féroces. Les bêtes à cornes sont l’objet d’un important commerce. L’instruction est très-répandue dans l’État du Mississipi, qui possède plusieurs collèges et quelques académies florissantes.

Le Mississipi se divise en cinquante-six contrées. Le pouvoir exécutif est délégué k un gouverneur élu pour deux ans. Le pouvoir législatif est exercé par une assemblée, composée d’un sénat de trente-deux membr.es élus pour quatre ans et d’une chambre de quatre-vingt-douze représentants élus pour deux ans. Tout citoyen âgé de vingt et un ans et résidant depuis un an dans l’État, depuis quatre mois dans le lieu où il veut voter, est électeur.

Les Français, qui avaient occupé la Louisiane en 1683, fondèrent une colonie dans le pays des Natchez et y construisirent le fort Rosalie. Les mauvais traitements qu’ils infligèrent aux naturels provoquèrent un massacre presque général des colons. En 1763, le pays fut cédé à l’Angleterre, qui à son tour l’abandonna aux États-Unis. En 1800, ce territoire fut érigé en un État qui s’agrandit successivement par des conquêtes ou des acquisitions. La constitution actuelle de l’État a été votée en 1832.

MISSISSIPIEN, IENNE s. et adj. (mi-sisi-pi-ain, i-è-ne — rad. Mississipi). Habitant de l’État du Mississipi ; qui appartient à cet État ou à ses habitants : Les Mississipiens. La population mississipienne.

— Hist. Nom donné aux actionnaires de la compagnie du Mississipi, à l’époque de l’application du système de Law.

— Encycl. On trouverait difficilement dans l’histoire un spectacle plus honteux que celui qu’offrit la rue Quincampoix de 1718 à 1720. Cette étroite et immonde ruelle devint un vrai coupe-gorge où l’on se ruait pour s’emparer, sous des déguisements, du bien d’autrui. Toutes les classes do la société s’y confondirent et se courbèrent sous le niveau d’un même vice, l’ignoble avarice. Même après les scandales financiers qui depuis ont blasé le monde, on croit rêver quand on lit l’histoire des bassesses que conseilla alors l’avide désir de s’enrichir. Le chef de l’État, le régent, réalisa des gains considérables, qui ne lui coûtèrent que des déclarations faisant varier la valeur des actions. Les compagnons de ses plaisirs, les d’Antin, les Noce, les Canillac, les d’Estrées, imitèrent ses spéculations et gagnèrent aussi des sommes énormes. Le duc de La Force alla plus loin : ce grand seigneur se mit à faire clandestinement lé métier d’épicier, parce qu’il avait réalisé son papier en un dépôt de fines épiceries. Ceux qui avaient le droit d’exercer cette profession se plaignirent au lieutenant de police de la concurrence déloyale que leur faisait un. duc et pair, et un commissaire de police alla saisir les denrées coloniales que le susdit grand seigneur avait mises en vente. Après les notabilités de la cour, ce furent leurs domestiques qui s’enrichirent le plus vite parce qu’ils apprenaient, en les écoutant où en les surprenant, les secrets qui assuraient le succès du jeu.

Un de ces actionnaires d’antichambre avait spéculé avec tant de bonheur, qu’il fut en état d’acheter le carrosse du maître qu’il venait de quitter. Les deux ou trois premiers jours furent employés à courir les rues. Il se fait conduire enfin dans la rue Quincampoix et ordonne à ses gens et à son cocher de l’attendre rue Bourg-l’Abbé. Les laquais entrent dans un cabaret. Pour lui, après avoir vendu ou acheté quelques actions, il se met en chemin pour regagner son équipage. La pluie survient. Oubliant alors qu’il était le maître du carrosse, il monta derrière par habitude. Son cocher s’en étant aperçu lui cria : ■ Eh 1 monsieur, k quoi pensez-vous ?

— Tais-toi, reprit le maître en descendant ; je ne l’ai fait que pour voir par moi-même combien il peut tenir à peu près de laquais, Car il m’en faut encore au moins deux, ou peut-être davantage. •

Un bossu trouva, dit-on, moyen de gagner plus de cinquante mille livres avec sa bosse, qu’il faisait servir de pupitre aux spéculateurs. Les gens de basse condition, lorsqu’ils s’étaient enrichis, se hâtaient de changer de nom et se faisaient passer pour nobles. Ainsi, un valet nommé Languedoc, chargé par son maître de vendre deux cen t cinquan te actions, les vendit à un taux très-élevé et retint de son marché une somme de 500,000 livres ; dès qu’il eut quitté son maître, il prit des valets et, changeant de nom, se fie appeler M. de La Bastide.

Quunt aux nobles enrichis par tous ces honteux tripotages, ils n’imaginèrent pas un

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instant que leur blason en fût terni, sachant bien que la richesse est un des éléments essentiels, sinon de l’honneur, au moins du respect. Tel duc ou tel prince, qui se targue encore de la gloire attachée au nom de sa famille, doit aux opérations de la rue Quincampoix une grande partie de son illustration et de ses écus, et s’indigne vertueusement contre les acquéreurs de biens nationaux.

MISSITAVIE s. f. (mi-si-ta-vl). Droit de douane que l’on perçoit k Constantinople. Il On dit aussi mbsséterie.

MISSIVE adj. f. (mi-si-ve — du lat. missus, envoyé). Que l’on envoie, que l’on expédie d’un endroit dans un autre : Lettre missive. N’est usité que dans cette locution.

— Substantiv. Lettre, dépêche, avis écrit et expédié : Envoyer, recevoir une missivk. Vos missives diffamatoires sont composées avec tant de peine, que vous vous châtiez vousmême en malfaisant. (Th. de Viaud.)

MISSOLONGHI, ville de la Grèce occidentale, située k l’entrée du golfe de Patras, k a kilom. O. de Lépante, dans une plaine qui s’étend du rivage jusqu’à la base du inont Aracynthe ; chef-lieu de l’éparchie d’Etolie. Son étymologie (en mesâ ioggâii, au milieu de la forêt) indique son origine moderne ; il n’en est pas fait mention avant 16S4. Depuis la guerre de l’indépendance, elle est devenue célèbre par les sièges héroïques qu’elle soutint contre les armées turques ; on lui donne quelquefois le surnom de Petite Venise.

Bâtie sur un terrain plus bas que la mer, contre laquelle des atterrissements lui servent de digue, Mîssolonghi dut son origine à des pêcheurs. Grâce à sa position naturelle, elle prit bientôt do l’importance au point de vue commercial. Elle fut dévastée, en 1715 et en 1770, par les Turcs qui s’étaient emparés du Péloponèse ; elle répara en peu de temps ses forces et forma une marine marchande assez florissante. En 1804, il y avait à Missolonghi 20 vaisseaux marchands et 40 autres bâtiments de diverses sortes ; on y comptait environ 4,000 habitants ; mais lu ville ayant été envahie, k cette époque, par le satrape de Janina et détachée, ainsi que l’Étolie, du sangiac de Négrepont, le commerce des pêcheurs et des cultivateurs de maïs, qui en était la principale ressource, se trouva anéanti ; Sa population fut réduite k 3,000 âmes. La guerre de l’indépendance lui donna un rôle considérable et inattendu. Elle avait embrassé avec empressement la cause grecque dès le 7 juin 1821. En 1822, elle donna asile à une petite armée de patriotes grecs commandés par Mavrocordato et Marco Botzaris, et elle soutint un siège de deux mois contre les soldats turcs (v. plus bas). Quoique peu fortifiée, elle se trouva dès lors le boulevard de l’insurrection. Dans les derniers mois de 1823, elle subit encore un siège de cinquante-neuf jours et se défendit avec succès. Enfin, en 1825, le séraskier Réchid-Pacha tourna contre Missolonghi toutes les forces égyptiennes, voulant à tout prix la mettre k sac ; il ne réussit pourtant k s’en emparer qu’après avoir fait d’énormes sacrifices.

Les Grecs rentrèrent en possession, le 8 mai 1829, de leur courageuse petite place forte ; ils la relevèrent de ses ruines etl entourèrent d’une enceinte de remparts, On y éleva trois tombeaux en souvenir de ceux qui s’étaient illustrés pendant la guerre : dans le premier fut enfermé le cœur de Byron, le fameux poète qui avait consacré ses derniers jours k la cause grecque ; le second fut pour Marco Botzaris ; on y voit une statue de marbre blanc donnée, en 1835, par David d’Angers, et représentant une jeune fille déchiû’rant sur le seuil le nom de Marco Botzaris. Lo dernier fut réservé aux patriotes de Missolonghi.

Misaoïongki (sièges de). Missolonghi a soutenu, dans notre siècle, trois sièges qui ont eu un long et douloureux retentissement.

— I. Après la funeste bataille de Peta, dans laquelle l’élite des troupes grecques avait été mise en déroute, Maurocordat’o, qui tenait la campagne dans l’Épire, s’était vu forcé de se jeter dans Missolonghi, le 17 octobre 1822. Quelques jours après, le 2 novembre, il fut rejoint par Marco Botzaris, le vaillant Souliote qui remplissait la Grèce du bruit de ses exploits. Une armée ottomane, commandée par Réchid-Pacha et Omer-Pacha, accourut aussitôt les bloquer. La place paraissait ù peine défendable. Elle ne pouvait être protégée, du côté de la terre, que par un vieux fossé très-négligé, profond de 4 pieds, large de 7, au fond duquel s’élevait un, parapet d’une hauteur de i pieds, construit sur une base peu solide, sans tours, et armé de 14 mauvais canons de fer. Pour toute garnison, 350 hommes ayant des vivres pour un mois. Les Turcs étaient an nombre de 20,000 ; s’ils avaient eu quelque audace, ils pouvaient sans coup férir escalader les remparts. Ils préférèrent par prudence commencer k bombarder la ville. Les assiégés profitèrent de ce temps de répit. Hommes, femmes, enfants, tout le monde se mit à l’œuvre ; on fit de nouveaux retranchements intérieurs, on crénela les murs, on fortifia les maisons. De vieilles baïonnettes, trouvées dans quelque coin de la ville, furent attachées à des bâtons : on en hérissa les remparts pour tromper l’ennemi sur le chiffre de la garnison.