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ment à un autre : Ajoutez que ces deuxKkghmks étaient vêtus de la même façon. (Nadàr.).

Dainon, cncorDamon, toujours Daroon ! Toujours Cette ambre sur mon mur, ce reflet’deTnoUmemel Ce mtsnechme assidu que je hais et que j’aime ! Marquis du BbLlov.

Il Objet exactement semblable à un autre : Le succès, ce mbnechmk du talent, aune dupe : l’histoire. Javénal et Tacite seuls en bougonnent. (V. Hugo.)

Fais ton droit, mon garçoD, c’est l’art par excellence ; Du juste et de l’injuste apprends la ressemblance ; Observe par quels traits ces frères ennemis Ont un air de famille où le doute est permis, Et par quelle couleur adroite on en peut faire Des Ménechmes complets en qui rien ne diffère ; Si bien que le bon sens, les voyant tous les deux Si semblables, s’étonne et se frotte les yeux.

, . E. AtJOIER.

Méncrhuic» (lus), comédie de Plaute. « Ménandre est le premier qui ait fait de la ressemblance de deux frères le ressort principal d’une intrigue de comédie. Sa pièce, qui ne nous est point parvenue, servit de modèle aux Ménechmes de Plaute. La comédie de Plaute a été transportée sur la scène italienne par le Tristin, sous le titre de / Similtimi ; sur la scène anglaise par Shakspearc, Comedy of errors, et sur la scène française par Rotrou, puis par Regnard. Vers 1691, Le Noble avait fait représenter aux Italiens une farce intitulée les £>eux arlequins. Cette pièce eut un grand succès, et Rejrnard lui a emprunté l’idée de la succession que poursuivent les deux Ménechmes. Enfin, une des premières comédies de Picard, fondée sur la ressemblance d’un oncle et d’un neveu, est intitulée Encore des Ménechmes 1 Il ne faut pas s’étonner de cette persévérante reproduction : les effets qui tiennent à des méprises par ressemblance sont, une source inépuisable de comique et provoquent toujours la plus communicative hilarité, témoin les scènes de Sosie et de Mercure dans l’Amphitryon de Plaute et de Molière. L’objet de la comédie étant de faire rire, on peut poser en principe qu’il n’y a pas do comédie sans quiproquo.

Voici en quelques mots le sujet des Ménechmes de Plaute : « Un marchand sicilien avait deux fils jumeaux. L’un des deux lui fut dérobé. Le marchand étant mort, l’aïeul des deux enfants éleva avec le plus grand soin celui qui lui restait. Celui-ci, devenu grand, cherche son frère par tous pays. Il arrive en dernier lieu à Euidamne, en Épire, dans la ville mémo ou 1 enfant dérobé s’est fait une très-belle fortune. Chacun prend le nouveau débarqué pour le Ménechme de l’endroit ; maitresse, épouse, beau-père, tout le inonde s’y trompe, À la fin, après une foule d’incidents comiques, les deux frères se reconnaissent.

Cette pièce est un des chefs-d’œuvre de Plaute et du théâtre ancien. On s’obstine, cependant, à faire à cette pièce et aux imitations qui en ont été faites un reproche bien singulier ; on prétend que la ressemblance absolue des deux frères, qui fait le nœud de toute l’intrigue, est invraisemblable, et Laharpe déclare nettement que c’est là « un jeu de la nature qui est une sorte de merveilleux, tant il est loin de lu vraisemblance. » Pour affirmer que la ressemblance de deux jumeaux, est une sorte de miracle, il faut n’avoir jamais vu de jumeaux ; quant à nous, nous pouvons affirmer avoir connu jusqu’à trois paires de jumeaux que nous n’avons jamais réussi à distinguer, et que, pour deux d’entre eux, les parents, fréquemment trompés, avaient dû prendre la précaution d’introduire une petite différence dans leurs vêtements. Ce qui serait plus juste à observer, c’est l’impossibilité d’obtenir au théâtre une pareille ressemblance et de l’imposer au spectateur par une sorte de fiction qui nuit à la vraisemblance. Mais cette difficulté n’existait pas pour le théâtre ancien, où les acteurs étaient toujours masqués. Un reproche bien plus sérieux à faire à Plaute, c’est qu’il a cru devoir peindre ses deux jumeaux aussi semblables de caractère que de visage. Regnard, mieux inspiré, a fait l’un poli, civilisé et quoique peu fripon ; l’autre brutal, emporté, grossier, parfaitement conçu pour donner les suites les plus comiques et les plus bruyantes aux méprises qui se multiplient sous ses pas. Le comique de la pièce française se double ainsi des emportements de l’un et des surprises des autres, peu accoutumés à de pareilles bourrasques de la part de ce Ménethme si complètement convenable qu’ils ont connu jusque-là. Autre inconvénient : le Ménechme de Plaute, un caractère intéressant et qui n’est nullement sacrifié, profile lestement des méprises qu’il fait naître pour emporter les bijoux et jusqu’à la robe de la maîtresse de son frère ; une pareille conduite est moins comique qu’odieuse, à nos yeux du moins ; Regnard a au le tort d’imiter Plaute en cela, avec des tempéraments, il est vrai, mais tout à fait insuffisants.

En revanche, l’intrigue du poëte latin est plus complète et plus savante que celle de Regnard. Elle se complique-fort agréablement d’une scène de jalousie fort bien conçue, entre Ménechme d’Epidamne et sa femme, à qui l’on est venu révéler les fredaines de son mari. En somme, la pièce de Plaute est, sinon parfaite, au moins excellente, et le théâtre latin n’en a guère produit de meilleures.

MénecliMc* (LES) OU les Jumeaux, comédie en cinq actes et en vers, de Regnard, représentée le 4 décembre 1705. Cette comédie, l’une des plus régulières et des mieux travaillées de toutes celles de Regnard, est une imitation de la pièce de Plaute portant le morne titre. Mais l’imitation diffère considérablement de l’original par les incidents, plus appropriés aux mœurs modernes, et par cette vraisemblance plus grande que l’on demande aujourd’hui à la scène comique. Les Ménechmes de Regnard ne sont point mariés ; l’un est un provincial grossier et brutal, qui vient à Paris recueillir la succession d’un oncle ; il a été institué légataire universel, parce que le défunt ignorait la destinée du second de ses neveux, qui avait quitté, dans son enfance, la maison paternelle. Cependant, le chevalier Ménechme est à Paris et y mène la plus joyeuse vie que puisse lui permettre l’exiguïté de ses ressources. Une vieille Araminte, amoureuse de ce jeune homme, parait disposée à réparer, en l’épousant, les torts de la fortune. Le chevalier serait assez disposé à conclure ce marché, si son amour pour Isabelle, fille de Démophon, ne se mettait au travers de ses projets. C’est cette même Isabelle que son frère doit épouser, et que Démophon a promise à Ménechme, sur la nouvelle qu’il a apprise de la succession qu’il vient recueillir. Telle est la fable imaginée par Regnard. Le poète français n’a tiré de la pièce de Plaute, en dehors de l’idée première, que quelques traits plaisants et l’incident du repas où Araminte attend le chevalier Ménechme, Mais le Ménechme français est un brutal qui traite Araminte et sa suivante avec le dernier mépris, tandis que le Ménechme de Plaute, après avoir témoigné sa surprise de l’accueil qu’il reçoit de la belle, finit par profiter de l’aubaine qui se présente, feint d’entrer dans les idées de la courtisane et se dispose à partager le dîner qui était préparé pour un autre.

Le dénoûment est plus comique que moral : Ménechme, bafoué par tout le monde, trompé par le chevalier son frère, consent à partager l’héritage avec celui-ci et épouse la vieille Araminte, tandis que le chevalier s’unit à Isabelle.

Au sentiment de Laharpe, « les Ménechmes sont, après le Légataire, le fonds le plus comique que l’auteur ait manié.... Un trait d’habileté dans l’auteur, c’est-d’avoir donné au Ménechme officier, non-seulement une jeune maitresse qu’il aime, mais une liaison d’intérêt avec une vieille fille dont il est aimé. La douleur de la jeune personne no pouvait pas être risible, et on l’aurait vue avec peine humiliée et chagrinée par les duretés et les brusqueries du campagnard : aussi Regnard ne la laisse-t-il dans l’erreur que pendant une seule scène, et se hâte-t-il de l’en tirer. Mais pour la ridicule Araminte, il la mot en œuvre pendant toute la pièce, avec d’autant plus de "succès que personne ne la plaint, et qu’étant fort loin de la douceur et de la modestie d’Isabelle elle pousse jusqu’au dernier excès les extravagances de son désespoir amoureux, et met, à force do persécutions, le pauvre provincial absolument hors de toute mesure. Les scènes épisodiques du Gascon et du tailleur sont dignes du reste, pour l’effet comique, et ces sortes de méprises, nées de la ressemblance, sont un fonds si inépuisable, que nous avons au théâtre italien trois pièces sur le même sujet, qui toutes trois sont vues avec plaisir. > La scène du créancier, qui décline parmi ses titres celui de marguillier, est fort plaisante ; nous ne connaissons guère de trait plus comique que celui par lequel le valet de Urispin essaye de calmer l’emportement de Ménechme, qui menace de couper le nez du malencontreux, créancier :

Que feriez-vous, monsieur, du nez d’un marguillier ?

« Il faut reconnaître, dit M. Gilbert, auteur d’un éloge couronné par l’Académie française, qu’il n’y a guère plus de variété dans l’intrigue des pièces de Regnard que dans la physionomie de ses personnages, et que son goût pour le comique extérieur Je ramène trop souvent’ à l’emploi des surprises, des arrivées subites, des travestissements et des substitutions de personnes ; mais quelle agilité et quelle présence d’esprit au milieu de ces imbroglios qu’il aime et de ces difficultés qu’il se crée comme à plaisir ! Quelle heureuse témérité dans les situations, qu’il ne craint jamais de pousser a l’extrême... I Il ne manque à son style, comme à ses personnages, que l’accent de la passion et de la tendresse, et cela tient au caractère de sa gaieté. Regnard a cette bonne humeur inaltérable, qui est à l’esprit ce que la santé est au corps, et s’il est vrai que la gaieté, vice ou vertu, soit essentiellement française, aucun écrivain n’est plus français que lui. »

Les Ménechmes furent dédiés à Boileau par Regnard, alors brouillé avec l’illustre satirique.

MÉNECHME, géomètre grec, ami et disciple particulier de Platon. Il vivait au ive siècle, s’occupa particulièrement de la théorie élémentaire des coniques et l’avança assez pour que ces courbes aient pris dans l’antiquité le nom de courbes de Ménechme.

MÉNÊCLÈS, historien grec, né à Barce, dans la Cyrénaïque. Il vivait dans la seconde moitié du ne siècle avant notre ère, et il composa sur la Libye un ouvrage dont il nous reste de courts fragments, publiés par Millier dans les Fragmenta historica Grsscorutn.-Un autre Ménkclés, d’Alabanda, enseigna la rhétorique à Rhodes en 94 avant J.-C. et acquit une grande réputation comme orateur.

MÉNÉCRATE, médecin grec de Syracuse. qui vivait dans le ive siècle avant J.-C. Il devint célèbre par son habileté, mais surtout par une vanité qui passa en proverbe. Il écrivait à Philippe, roi de Macédoine : « Ménécrate-Jupiter à Philippe, salut, • Le roi, l’ayant un jour invité à sa table, ne lui lit servir que de l’encens. Ses ouvrages sont perdus.

MÉNÉCRATE (Tiberiua-CIaudias-Quirinus), médecin grec, qui vivait au Ier siècle de notre ère. Il devint le médecin de Tibère et de Claude, inventa l’emplâtre connu sous le nom de diachylon, acquit une grande réputation et composa sur diverses parties de la médecine plus dé cent cinquante ouvrages, dont un petit nombre de fragments seulement sont parvenus jusqu’à nous.

MÉNÉDÈME, fils de Bunéas. Il indiqua à Hercule le moyen de nettoyer les écuries d’Augias, l’aida à combattre ce prince et périt dans le combat. Le héros l’inhuma sur le promontoire Lepreum avec toutes sortes d’honneurs,

MÉNÉDÈME, philosophe grec d’Erythrée, en Arcadie. Il vivait dans Te me siècle av. J.-C. et avait été artisan, puis soldat. Il suivit ensuite les leçons de Stilpon, et abandonna tout pour se livrer à la philosophie. Ses concitoyens relevèrent aux premières dignités. Quand sa patrie fut tombée au pouvoir d’Antigone, Ménédème, pénétré de douleur, se laissa mourir de faim. Diogène I.aûice a écrit la Vie de ce philosophe et nous a conservé quelques-unes de ses maximes. Quelqu’un lui disait : « C’est un grand bien d’avoir ce qu’on désire. — C’en est un bien plus grand, dit-il, de ne désirer que ce qu’on a. »

MENÉE s. f. (me-né — rad. mener). Intrifue, manœuvre sourde, pratique secrète : es mkkéks d’un parti. L’envie ne va que par des menées secrètes. (Boss.)

— Poignée, pleine main, u Vieux mot.

— Féod. Menée de sergent, Exploit par lequel un seigneur signifiait à son-vassal de satisfaire à ses devoirs, il Menée du fief, Citation par laquelle on ordonnait aux vassaux de venir prendre part ù une guerre soutenue par le seigneur, ou par laquelle on les prévenait que l’on commençait à juger les procès.

— Véner. Route du cerf qui fuit : Suivre la mbnéb. il Chasser menée, Suivre la voie. U Avoir ta menée belle, Se dit d’un chien qui ne se détourne pas de la voie et qui n’aboie, qu’à propos.

— Techn. Opération nécessaire pour la fabrication d’une certaine quantité de chandelles. U Chemin que parcourt une dent de roue, durant tout le temps qu’elle agit sur le pignon ou que le pignon agit sur elle, u Afenée des verges, Reculemeut des baguettes d’encroix ou d’envergeure, en tormes de tisseur. •’•

— Météorol. Nom donné, dans la Franche-Comté, à de violentes tempêtes mêlées de tourbillons de neige enlevée du sol et retombant en glaçons.

— SyÙ. Menée*, intrignua, miichinf»«Iops, etc. V. INTRIGUES.

MENÉES s. f. pi. (mé-né — du gr. mên, mois). Liturg. Livre des chrétiens grecs, divisé en douze parties, une pour chaque mois de l’année, et dans lequel se trouve l’office de chaque jour.

MÉNÉGAULT (A.-P.-F.), littérateur français, né vers 1770, mort après 1830. Tout en cultivant les lettres et la poésie, il tint un bureau de correspondance à Paris, puis s’adonna a diverses opérations commerciales. Il a laissé, sous son nom et sous divers pseudonymes, notamment sous celui de Mangenui, divers ouvrages, entre autres : Detphina ou •le Spectre amoureux (Paris, 1798, 2 vol. in-18) ; le Garçon fille ou la Fille garçon, comédie en vers (Paris, 1801) ; le Mérite des hommes, poème (Paris, lSûi), sous" le pseudonyme de Ro(«-Au£c-Gué(au ; la Napoléide, poème (1806) ; le Martyrologe littéraire ou Dictionnaire critique de sept cents auteurs vivants, par un ermite gui n’est pas mort (lâic) ; Dictionnaire historique des batailles, sièges et combats de terre et de mer gui ont eu lieu pendant la Révolution française (1818, 4 vol. in-8«) ; le liobinson du faubourg Saint-Antoine ou Relation de» aventures du général Hossignol (1817, 4 vol. in-ig), etc.

MENEGHELLI (l’abbé Antoine), littérateur italien, né à Vérone en 1765, mort vers 1840. Il étudia à Venise la théologie et les langues orientales, et s’adonna de bonne heure à l’enseignement. Reçu docteur en droit et docteur en philosophie, il enseigna l’éloquence et le droit romain à Venise, et fut, à la restauration autrichienne, chargé de faire successivement, à Padoue, des cours d’introduction aux sciences politico-légales de droit féodal et de droit maritime et commercial. Il a laissé plus de cinquante ouvrages, dont les principaux, — sans parler des traductions, sont : Essai historique sur l’éloquence et (a philosophie des Grecs et des liamains (Venise, 180S) ; Se l’influence des sciences sur la sécurité des nations {Venise, 1807) ; Nomosofia veneziana (Venise, 1808, in-fol.) ; Etoffes d’Italiens illustres ; Vie de Césarotti (1817) • Introdutione allô studio politico-légale (1817, in-8"), etc.

MÉNÉGHINIE s. f. (mé-né-ghi-nl — de Meneghini, naturaliste italien). Bot. Genre de plantes, de la famiile des aspérifoliées borraginées, comprenant des herbes d’Egypte.

MÉNÉGHIN1TE s. f. (mê-né-ghi-ni-tedu nom du minéralogiste italien Menefjhini). Miner, Sulfure naturel de plomb antimunifére et cuprifère, substance encore peu connue qu’on trouve à Bbttino, en Toscane, où elle se présente en masses fibreuses de couleiirgrisâtre, avec un éclat très-vif, et qui paraît composée de 17,58 de soufre ; 59,21, de plomb, 19,28 d’antimoine, 3,54 do cuivre et 0,34 de fer.

MENEGHINO, type de la comédie italienne, et l’un de ces rôles que les Italiens.appellent caratteristà, voles de fantaisie, indépendants du tissu de la pièce et qui ne valent que par l’improvisation. Meneghino répond, dans le Milanais, au. Stenterello de la Toscane et au Gianduja du Piémont. Ses vêtements sont d’une coupe assez moderne, rappelant ceux de Stenterello, mais plus sobres pour la disposition des couleurs. Il porte la veste courte et la culotte de drap vert à boutons et à ga ; Ions rouges, le gilet à fleurs, les bas rayés. Sa figure, d’une expression joviale, au nez retroussé, est encadrée d’une perruque à cheveux plats, se terminant par une queue ficelée de rouge, et son couvre-chef galonné de rouge ressemble bien plus à ces casquettes de feutre, d’une forme démesurée, que portaient les bouffons du xvie siècle, qu à un chapeau à trois cornes.

Meneghino est un paysan naïf et poltron, mais non point privé de bon sens, et qui dit rudement, dans le dialecte Inilunais, de fortes vérités sans ’fâcher personne. Quand Duozzo, son compère, ltii citant le proverbe : « Personne ne meurt de faim, > et cet autre : t U faut prendre le temps comme il vient, ■ lui demande s’il croit vraiment que le blé manquera cette année, Meneghino répond : ■ Le proverbe est vrai, et puisse-t-il se réaliser ! Mais les usuriers le font mentir ; ils ne veulent ni vendre ni même montrer le blé, de manière qu’il n’y à rien a faire. Je crois bien qu’il y en aurait assez, quand même ils le vendraient à gros profits. Mais quel malheur I ils sont plus affamés du sang des pauvres qu’un cheval maigre de l’herbe nouvelle. » Parfois même Meneghino a dé l’esprit, témoin la réponse qu’il fait à Pantalon,lequel, lui voyant un bouton à l’oreille, le lui fait remarquer : « C’est que j’aurai entendu quelque chose de sale, • répond le valet.

Meneghino est plus distrait que Pierrot, ce qui n’est pas peu dire. S’il est a table, il met du sucre dans la soupe en guise de sel verse à boire sur la tète des convives, puis leur enlève leurs perruques pour les faire sécher dans le feu. fl sert des bûches pour de la mortadelle de Bologne, et le vase de nuit pour la soupière. Il prend la chandelle pour la bouteille au vinaigre et répand le suif dans la salade. Il met le rôti avec les bottes sur la planche au pain. Il va allumer sa chandelle chez le voisin, revient chez lui battre le briquet et s’étonne que l’amadou soit inutile. 11 est naïf dans ses étonnements, et refuse de faire la commission qu’on lui donne parce qu’il a rencontré un homme à trois têtes, qui n’est autre qu’un peintre portant deux portraits.

« Meneghino, dit M. Frédéric Mercey, a remplacé Arlequin et Brighella. Meneghino est l’enfant gâté des Milanais, le héros du théâtre delà Shadera’ ; son talent consiste surtout dans une espèce de gaucherie adroite, dans la façon plaisante avec laquelle il So heurte contre les murailles et trébuche contre les saillies du parquet sans jamais tomber ni sans rien perdre de son sang-froid. »

Meneghino dérive du Menego du xvi* siècle, et peut-être aussi du Menghino de lu Lena de l’Arioste.

MENEGO, personnage de la comédie italienne, créé par Marûo-Aurelio Alvarotto, acteur de la troupe pudouune de Ruzzantu. Menego (diminua’do Dominique) est un type comique, une sorte de paysan uaïf et poltron, fidèle image des mœurs rustiques de l’Italie dans la première moitié du xvie siècle. Il parie à la manière des paysans, il pense comme eux et, sous le masque de leur apparente bêtise, il se plaint souvent des vices de son époque et en accuse les maux avec amertume. Voici, par exemple, quelles paroles « très-facétieuses et très-comiques » lui prête Ruzzante dans son dialogue.récité à Fossone pendant la chasse, en 1528 :

Mïïnkoo. Janvier, février, mars, avril, mai et juin, le mois du blé : au diable les autres 1... Compère, comment va la récolte ?

Duozzo. Pauvrement." Trouvera la misère qui voudra cette année, et sans enseigne.