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poing un magnifique teneur bien atrempé et bigarré d’aiglures. (H. Castille.)

AIGNAN (Étienne), littérateur, né en 1773, à Beaugency-sur-Loire, mort en 1824. Il fut aide des cérémonies de l’empereur et succéda à Bernardin de Saint-Pierre à l’Académie française. Ses tragédies, Brunehaut, Arthur de Bretagne, Polyxène, ne sont pas restées au théâtre. On a encore de lui une traduction en vers de l’Iliade, qui n’est pas sans mérite, un Essai sur la critique, et un grand nombre d’écrits oubliés aujourd’hui.

AIGNAN, ch.-lieu de cant. (Gers), arrond. de Mirande ; popul. aggl. 676 hab. — pop. tot. 1,649 hab. Belle église de construction gothique.

AIGNAN (SAINT-), ch.-lieu de cant. (L.-et-Cher), arrond. de Blois ; popul. aggl. 3,315 hab. — pop. tot. 3,600 hab. Vins rouges, tanneries importantes aux environs, belles carrières de silex qui fournissent une immense quantité de pierres à fusil.

AIGNAN-SUR-ROË (SAINT-), ch.-lieu de cant. (Mayenne), arrond. de Château-Gontier ; popul. aggl. 351 hab. ; popul. tot. 883 hab.

AIGNAY-LE-DUC, ch.-lieu de cant. (Côte-d’Or), arrond. de Chatillon-sur-Seine ; popul. aggl. 815. — pop. tot. 885 hab. Toiles, forges, tanneries.

AIGNEL s. m. (è-gnel, gn mouill. — du v. fr.aignel, agneau). Métrol. Ancienne monnaie d’or qui portait l’empreinte d’un agneau, et que l’on appela aussi denier à l’aignel : Les aignels eurent cours en France depuis saint Louis jusqu’à Charles VII. || Même mot que agnel.

AIGNELÉE s. f. (è-gne-lé, gn mouill. — du v. fr. aignel, agneau). Tous les petits qu’une brebis met bas en une seule fois. Ce mot n’est usité que dans quelques départ., partout ailleurs on dit agnelée. V. ce mot.

AIGRAT s. m. (è-gra — rad. aigre). Nom que l’on donne, dans le département de l’Isère, à une grappe de raisin qui n’est pas mûr.

AIGRE adj. (è-gre — du lat. acer, aigu). Qui est acide, piquant au goût : Être d’un goût aigre. Le citron, la grenade, sont des fruits aigres. Le citron ne paraît jamais plus aigre qu’à la bouche de celui qui est accoutumé aux douceurs. (Sallentin.) || Se dit aussi des fruits qui ont quelque chose de plus acide, de plus âpre au goût que d’autres qui portent le même nom : Cerises aigres. Pommes aigres. || Qui s’est corrompu, qui a acquis une certaine âcreté : Lait aigre. Bouillon aigre.

— Par anal. Vif, saisissant, en parlant de l’air, du vent, etc. : Plus nous avancions vers les pays chauds, plus le froid devenait aigre et piquant. (Th. Gaut.) || Aigu, rude, perçant, en parlant des impressions produites sur l’ouïe : Voix aigre. Cette cloche rend un son aigre. Tirer d’un instrument des sons aigres. Le coq chantait d’une voix aigre. (G. Sand.) Tout à coup je fus tiré de ma rêverie par l’aigre fausset d’un violon, qui faisait retentir au loin l’écho de la montagne. (E. Sue.)

Tel un coursier qu’amour vient assaillir,
Mort pour la gloire, entend sans tressaillir
L’aigre clairon qui l’appelle aux alarmes.
Millevoye.


|| Qui manque de liaison, d’harmonie ; qui n’est pas bien nuancé, en parlant des couleurs, du ton, etc. : Ton, coloris aigre. Couleurs aigres. Sa petite figure, assez aigre de ton, semble avoir été pressée dans un étau. (Balz.) Sa figure mâle avait le teint aigre et chaud qui distingue certains blonds.(Balz.)

— Fig. Rude, sévère, désagréable, en parlant des choses : Ton aigre. Humeur aigre. Esprit aigre. Style aigre. Repartie aigre. Réprimande aigre. Il se fit sur ce sujet des écrits très-aigres. (Boss.) Je ne voyais dans ses aigre sarcasmes que le mot pour rire. (J.-J. Rouss.) Mais il peut te ruiner, dit-elle avec le ton aigre de la Parisienne quand elle exprime sa défiance de chatte. (Balz.) Ce dernier avait l’esprit étroit et dénigrant, le cœur haineux, le caractère aigre. (Chateaub.)

Cette ferveur, dont les aigres censures
N’épargnent pas les vertus les plus pures.
J.-B. Rousseau.
Mais Evrard, en passant coudoyé par Boisrude,
Ne sait point contenir son aigre inquiétude.
Boileau.


|| Revêche, acariâtre, en parlant des personnes : Les femmes sont ordinairement plus aigres et plus colères que les hommes. (Amyot.) Un homme si aigre à censurer les autres ne peut être excusé par l’ignorance, laquelle ne sert qu’aux humbles. (St Franç. de Sales.) Sa femme était un esprit aigre, qui se croyait une merveille, et qui, de plus, était mal timbrée. (St-Sim.) Il y eut quelques moments où la reine contrefit la douce, et elle ne fut jamais plus aigre. (St-Sim.) Il n’y a guère de gens plus aigres que ceux qui sont doux par intérêt. (Vauven.) Je suis plus confiante et moins aigre que vous. (Balz.)

Dans vos discours chagrins, plus aigre et plus mordant
Qu’une femme en furie ou Gauthier en plaidant.
Boileau.

— Pop. Être aigre comme verjus, comme citron vert. Se dit d’une personne très-acariâtre :

Sa femme était aigre comme un verjus ;
Mais, entre nous, la vôtre l’est bien plus.
Voltaire.

— Techn. Qui n’est pas ductile, malléable ; qui est sec, cassant et se brise sous le marteau lorsqu’on veut le travailler : Fer, cuivre aigre. Ce fer est si aigre qu’on ne saurait le forcer. (Acad.) C’est autant la main de l’homme que le feu qui change en fer ductile la fonte aigre. (Buff.) || Se dit des pierres dans un sens analogue : La pierre siliceuse est singulièrement âpre, aigre, cassante. (Michelet.) || Se dit des terres marneuses difficiles à cultiver, qui durcissent par la sécheresse et se transforment en marais dans les temps de pluie.

— s. m. Goût, odeur aigre : Cela tire sur l’aigre. Ce vin tourne à l’aigre. || On dit de même : Un goût d’aigre, une odeur d’aigre. Cela sent l’aigre.

— Sorte de liqueur agréable à boire, faite avec du jus de cédrat, de limon ou de bigarade, de l’eau et du sucre : Aigre de cédrat. Aigre de limon. Aigre de bigarade. || Suc exprimé de citrons à demi mûrs, préparé en grand dans les environs de Gênes, et employé en parfumerie.

Aigre de cèdre. Sorte de confiture autrefois très-estimée : L’ambassadeur de la république de Gênes, ayant obtenu une audience du roi, lui fit présent de douze caisses d’excellentes confitures. Le roi en ouvrit une qu’il distribua à la compagnie, il en envoya deux, qui étaient d’aigre de cèdre, à la reine mère, qui l’aimait fort. (Bassomp.)

— Par anal. : Il y a encore de l’aigre dans l’air. Le temps n’est pas encore adouci.

— Fig. Rudesse, âcreté de caractère, de manières, etc. : D’une femme jalouse, quelque sage qu’elle soit et ménagère, il n’est action qui ne sente l’aigre et l’importun. (Montaig.) Je le vis près de perdre patience et de tourner à l’aigre. (Balz.) Elles font d’une honnêteté forcée et tournée à l’aigre, une morale perpétuelle, une surveillance haineuse contre les femmes jeunes, belles et aimées. (Alex. Dum.)

Syn. Aigre, acerbe, acide, acrimonieux. V. acerbe.

Antonymes. Doux, sucré, mielleux.

AIGRE, ch.-lieu de cant. (Charente), arrond. de Ruffec ; popul. aggl. 1,566 hab. ; pop. tot. 1,812 hab. Vins, distilleries d’eau-de-vie dite de Cognac. Cette petite ville est très-agréablement située dans une île formée par un affluent de la Charente.

AIGRE-DOUX, CE adj. (è-gre-dou). Qui a un goût mêlé d’aigre et de doux : Fruits aigres-doux. Oranges, cerises aigres-douces.

Cidre aigre-doux, Vieux cidre que l’on a passé sur du marc nouveau, afin d’adoucir son aigreur.

— Fig. Dont l’aigreur se fait sentir sous une apparence de douceur : Voix aigre-douce. Ton de voix aigre-doux. Paroles aigres-douces. Style aigre-doux. Il me fit un compliment aigre-doux et malin. (Trév.) Aigre-doux et malaisé à contenir est le chatouillement de la curiosité. (Amyot.) Elle commençait déjà à prendre un certain ton aigre-doux qui m’a fait rengainer mon compliment. (Danc.) Cette notule, beaucoup plus aigre-douce que ma polémique, me plongea dans une cruelle alternative. (Ch. Nod.) Sa voix avait des intonations aigres-douces. (Balz.) Les réprimandes, d’abord aigres-douces, devinrent vives et dures. (Balz.) || Ce mot a été mis en usage par Baïf.

— Substantiv. : L’aigre-doux, Ce qui est aigre-doux :

Puisque vous souhaitez une phrase plus claire,
Je vous dirai, monsieur, que j’ai vu le jaloux,
Qui m’a reçu d’un ton qui tient de l’aigre-doux.
Regnard.


|| Se dit aussi des personnes dont l’humeur aigre se couvre d’une apparence de douceur : C’est un aigre-doux qui me déplaît. Peu usit.

AIGREFEUILLE. ( marquis d’), gastronome, né en 1745, à Montpellier, fils d’un président de la cour des aides de cette ville, et lui-même procureur général à la même cour, mort en 1818. C’est à lui que Grimod de la Reynière dédia son Almanach des Gourmands. Sous l’empire, d’Aigrefeuille, Villevielle et Cambacérès formaient un trio de gourmets renommés.

AIGREFEUILLE, ch.-lieu de cant. (Char.-Inf.), arrond. de Rochefort ; pop. aggl. 1,030 hab. — pop. tot. 1,821 hab. Distilleries d’eau-de-vie.

AIGREFEUILLE, ch.-lieu de cant. (Loire-Inf.), arrond. de Nantes popul. aggl. 542 hab. — pop. tot. 1,513 hab. Situé dans une contrée fertile, sur le penchant d’un coteau, au pied duquel coule la pittoresque rivière de la Maine.

AIGREFIN s. m. (ègre-fain — étym. douteuse : de l’all. greifen, saisir ; suivant d’autres, ce mot serait la corruption d’aiglefin, monnaie impériale d’or très-fin qui portait l’empreinte d’un aigle, et que sa valeur élevée rendait particulièrement l’objet de la convoitise des escrocs. Ceux-ci prirent alors un nom en rapport avec leur genre d’industrie, comme certains voleurs anglais, dont l’industrie consiste à piquer dans les poches, s’appellent pickpocket). Homme adroit et rusé qui vit d’industrie : Gardez-vous de cet aigrefin. (Acad.) Les gentilshommes dont il me citait les noms étaient les aigrefeins avec qui j’avais été faufilé à Tolède. (Le Sage.) Le marquis était enfermé à Sainte-Pélagie et ne pouvait plus continuer sa vie d’aigrefin blasonné. (Fr. Soulié.) On prend en grippe, dès qu’il apparaît, cet aigrefin byronien qui n’est d’aucun monde, drapant de grandes phrases ses vices subalternes. (P. de St-Victor.)

— Ichthyol. V. Aiglefin.

— Métrol. Monnaie d’or qui avait cours en France il y a plusieurs siècles, et qui était marquée d’un aigle, comme les ducats.

AIGRELET, ETTE adj. (è-gre-lè, è-te — dimin. d’aigre). Légèrement aigre, un peu aigre : Fruit aigrelet. Saveur aigrelette. L’eau de coco est souvent aigrelette. Le fruit de l’épine-vinette a un petit goût aigrelet. (Acad.) || Fig. et fam. Se dit du ton, des manières, des discours qui marquent quelque chose de piquant : Ton aigrelet. Paroles aigrelettes. Pardonnez cette petite digression un peu aigrelette. (Volt.) Ouvrez ! cria-t-il d’une voix aigrelette. (Balz.) Ils ont des paroles aigrelettes, à la façon des gens qui se prétendent méconnus. (Balz.) Son vrai nom était Maria, mais elle devait à son humeur aigrelette le sobriquet d’Amarella. (E. About.)

AIGRELIER s. m. (è-gre-lié — rad. aigre). Nom vulgaire du sorbier terminal ou alizier des bois.

AIGREMENT adv. (è-gre-man — rad. aigre). D’une manière aigre : Les piauhaux marchent en bande, et précèdent ordinairement les toucans, toujours en criant aigrement piauhau. (Buff.) || Peu usité au propre.

— Fig. Se dit surtout de la manière aigre dont on parle ou dont on écrit : Répondre aigrement. Écrire aigrement. Il ne faut pas le blâmer aigrement. (La Bruy.) Ce que vous ne débattrez pas aigrement vous sera toujours accordé par moi. (Beaumarch.) Elle lui reproche aigrement ce qu’elle appelait le pédantisme de l’intolérance. (G. Sand.) Je suis le lieutenant de la frégate, répondit aigrement Thomas. (E. Sue.) Mon mari me reproche aigrement d’être coquette. (Balz.) Stupéfait d’être si aigrement accueilli de son hôtesse, quand il en attendait des excuses… (Balz.)

AIGREMOINE s. f. (è-gre-moi-ne — du gr. argemònè ; de argemos, taie, parce que cette plante passait pour guérir les taies de l’œil). Bot. Genre de plantes de la famille des rosacées. Une de ses espèces, l’aigremoine eupatoire, remarquable par ses fleurs jaunes, est commune dans nos campagnes. On l’emploie en médecine, comme astringente et vulnéraire, mais surtout en médecine vétérinaire. Cette plante présente une variété à fleurs odorantes, que l’on cultive dans les jardins.

AIGREMONT-LE-DUC, village de la Haute-Marne. Ruines d’un ancien château-fort, dont les seigneurs sont restés célèbres dans l’histoire.

AIGREMORE s. m. (è-gre-mo-re). Techn. Charbon pulvérisé de bois tendre, dont se servent les artificiers.

AIGRET, ETTE adj. (è-grè, è-te — dimin. de aigre). Qui est un peu aigre : Goût aigret. Cette boisson a un goût aigret qui n’est pas désagréable. (Acad.)

AIGRETTE s. f. (è-grè-te — du gr. akros, cime). Faisceau de plumes effilées et droites qui orne la tête de certains oiseaux : L’aigrette du héron, du hibou. Une aigrette mobile et légère, peinte des plus riches couleurs, orne la tête du paon, et l’élève sans la charger. (Buff.)

— Par compar. Bouquet de plumes qui orne la coiffure des hommes et des femmes : Turban surmonté d’une aigrette. À son fez une agrafe de diamants fixait l’aigrette de plumes de héron. (Th. Gaut.) Le jeune Édouard arracha, pour en faire une aigrette à son chapeau, les plumes de la queue d’un magnifique ara qui criait de douleur sur son perchoir doré. (Alex. Dum.)

Quoi ! Lisette, est-ce vous ?
Vous, avec une aigrette !
Béranger.


|| Ornement analogue placé sur les dais, les lits de parade, et sur la tête des chevaux dans les grandes cérémonies, particulièrem. dans les cérémonies funèbres. || Sorte de pompon qui surmonte les coiffures militaires : L’aigrette d’un shako, d’un colback. Les colonels portent l’aigrette. Leurs grenadiers ont des casques de cuir noir, surmontés d’aigrettes blanches, noires et rouges, semblables à des plumets ; c’est de la laine frisée, montée sur des fils de fer. (B. de St-P.) Ce n’était pas un soldat ; il avait de grosses épaulettes d’or, une aigrette à son casque, et devait être au moins un colonel. (E. Sue.) || Faisceau de pierres précieuses disposées en forme d’aigrette, particulièrem. en usage chez les peuples qui portent des bonnets ou des turbans : Aigrette de diamants, de brillants, de perles.

Une aigrette mobile, aux rubis ondoyants,
Orne son turban vert, respecté des croyants.
Barthélemy.

Aigrette de verre, Sorte d’ornement composé de fils de verre droits et fins. || Aigrette d’eau, Petit jet d’eau présentant la forme d’une aigrette. || Aigrette de fumée, Petite colonne de fumée : Une heure après, cette aigrette de fumée blanchâtre rayait, à peine visible, l’horizon oriental, assombri par les premiers brouillards de la nuit. (Alex. Dum.)

— S’empl. par analogie en parlant du feu : Les charbons étincelaient de petites aigrettes pétillantes. (Ch. Nod.)

— Ornith. Espèce de héron blanc : Le héron auquel on a donné le nom d’aigrette est un des plus petits. (Buff.) || Grande aigrette, Héron dont les plumes du bas du dos sont longues et effilées. || Petite aigrette, Héron dont les plumes du dos sont effilées, mais moins longues que celles du précédent. || Aigrette de neige, Espèce de héron des contrées du Nord. || Aigrette rousse, Espèce de héron de la Louisiane. || Aigrette d’Amérique, Nom que l’on donne, en Amérique, au héron garzette.

— Ichthyol. Poisson des mers du Sud, ainsi nommé à cause d’un appendice qu’il a au-dessus des yeux.

— Entom. Petits bouquets de poils plus ou moins touffus que l’on trouve sur le corps de différents insectes parfaits ou à l’état de larve.

— Conchyl. Aigrette blanche, Nom vulgaire donné à la coquille d’une espèce de volute.

— Bot. Nom donné à la réunion des poils ou des appendices de formes variées qui couronnent le fruit ou accompagnent la graine, dans les composées, les dipsacées, les valérianées, les apocynées, les asclépiadées, etc. Suivant sa nature, on distingue l’aigrette en soyeuse, plumeuse, membraneuse, écailleuse, etc. C’est un organe de dissémination ; c’est par l’aigrette que certains fruits peuvent être transportés par les vents à de grandes distances. || Nom vulgaire de l’oseille ordinaire et même de l’oxalide dans certaines parties de la France. || Aigrette de Madagascar, Arbuste sarmenteux de Madagascar, dont les fleurs sont disposées en aigrette.

— Physiq. Aigrettes lumineuses, Faisceau de rayons lumineux, divergents entre eux, qu’on aperçoit aux pointes et aux extrémités anguleuses des corps électrisés.

AIGRETTÉ, ÉE adj. (è-grè-té — rad. aigrette). Bot. Qui porte une aigrette : Graine aigrettée. Semence aigrettée.

— Entom. Se dit d’une antenne portant une soie latérale, qu’elle soit ou non garnie de poils.

AIGREUR s. f. (è-greur — rad. aigre). Qualité de ce qui est aigre : Ce vin a pris de l’aigreur. Le citron a une aigreur naturelle.

— Fig. Disposition d’esprit et d’humeur qui porte à faire ou à dire des choses piquantes et blessantes : Avoir de l’aigreur dans l’esprit, dans le caractère. Nulle parole d’aigreur ni de raillerie ne s’entendra parmi vous. (Boss.) Ils ne se contentent pas toujours de répondre avec aigreur. (La Bruy.) Il vaut mieux garder le silence que de parler avec aigreur. (Le Sage.) L’aigreur de ces débats, si peu judiciaires et si étranges à ses mœurs, avait consterné son cœur. (Ch. Nod.) L’aigreur et l’opiniâtreté des femmes ne font jamais qu’augmenter leurs maux. (Mme Monmarson.) Celui qui blâme avec aigreur admirera sans discernement. (Chateaub.) La douceur vient à bout de résistances que l’aigreur rend invincibles. (La Rochef.-Doud.) Une femme stérile doit être remplacée la huitième année ; celle qui parle avec aigreur, sur-le-champ. (Masson.) Eugénie est très-riche, dit du Tillet avec une mielleuse aigreur. (Balz.)

La comédie apprit à rire sans aigreur.
Boileau.


|| S’empl. aussi au pl. : Meilleures sont les aigreurs et pointures de l’ami que les baisers du flatteur. (Charron.) C’était Mécène qui tempérait la chaleur des passions d’Auguste, qui adoucissait les aigreurs de son esprit. (J.-L. Balz.) Charlotte de Robespierre, d’un caractère raide et dur, avait, dès sa première jeunesse, les aigreurs d’une vieille fille. (Michelet.) || Mots piquants, mordants : Il me vient encore des aigreurs au bout de ma plume. (Mme de Sév.)

— Violence, amertume :

Ce reste d’intérêt que je prends en sa vie
Donne trop d’aigreur, prince, à votre jalousie.
Corneille.
Mon épargne depuis en sa faveur ouverte
Doit avoir adouci l’aigreur de cette perte.
Corneille.


|| Commencement de brouillerie entre deux personnes : Il y a de l’aigreur, un peu d’aigreur entre eux. La Providence travaille secrètement à nous rapprocher, et pose des fondements de réconciliation et de paix au milieu des aigreurs et des disputes. (Boss.) Combien d’aigreurs naissent sur un mot, sur l’oubli de quelques égards ! (Turgot.) L’aigreur naît à la longue de la bouderie. (E. de Pradel.) || Ressentiment :

Je ne garde pour lui, monsieur, aucune aigreur.
Molière.
Et l’aigreur de la dame, à ces sortes d’outrages
Dont la plaint doucement le complaisant témoin,
Est un champ à pousser les choses assez loin.
Molière.

— Méd. Sensation désagréable causée par la mauvaise digestion des aliments. S’empl. plus ordinairement au plur. : Avoir, éprouver des aigreurs. Ceux qui ont l’estomac délicat ou paresseux sont sujets à avoir des aigreurs. (Trév.) || Les aigreurs s’observent chez les personnes dont l’estomac est délicat ou paresseux, chez les femmes enceintes ou hystériques, chez les hypocondriaques, dans la gastralgie, etc. Pour les combattre, on emploie le plus souvent la magnésie calcinée et le bicarbonate de soude.

— Techn. Qualité, état d’un métal aigre : Le fer même s’adoucit dans le feu et sous le marteau, et corrige son aigreur naturelle. (Boss.)

— Grav. Défaut d’harmonie dans le degré du fini : Il y a de l’aigreur dans les traits de cette figure. || Au pl. Tailles où l’eau-forte a trop mordu ou mordu d’une manière disproportionnée.

Syn. Aigreur, âcreté, acrimonie. V. Acreté.