Page:Lardeur - La Vérité psychologique et morale dans les romans de M. Paul Bourget, 1912.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LA VÉRITÉ PSYCHOLOGIQUE ET MORALE

en quoi la situation eut-elle été changée ? Qui représente dans Un Divorce, le sentiment religieux et le scrupule du devoir ? Mme  Darras, c’est une honnête bourgeoise, soit. Mais tous ses actes sont d’une toquée et d’une illuminée. Par contre, M. Darras et Berthe Planât représentent l’incroyance. Mais leur caractère et leur conduite sont cohérents, leurs sentiments élevés et leurs malheurs immérités. L’auteur semble nous dire d’un côté : Le divorce est un crime tellement épouvantable qu’il peut avoir comme conséquence pour les époux de ne pouvoir empêcher un mariage comme celui de Lucien avec Berthe Planât, et, d’autre part, il nous fait de cette Berthe Planât un portrait tellement noble, il la comble de si belles qualités de cœur, il nous la montre victime de telles malchances et d’une telle injustice qu’il nous invite à penser que vraiment c’est Lucien qui a raison et que ce mariage quoique irreligieux fera le bonheur de sa vie. Enfin entre Mme  Darras et son mari, notre sympathie n’hésite pas. M. Darras est l’honnêteté, la loyauté et la générosité même, et, après dix ans d’entente