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Comme un ciel dont la pluie a nettoyé l’azur,
La cuirasse éclatait d’or sur un acier pur ;
Sur l’écu, dont la rouille en un moment s’efface,
Les émaux reverdis brillaient comme une glace ;
Sellé, harnaché d’or, à l’ombre d’un tilleul,
Bayard impatient hennit avec orgueil ;
La harpe, hier encore oubliée ou perdue,
Résonne avec la brise aux rameaux suspendue.

Le preux dans ce doux monde errait en liberté,
Ne sachant s’il marchait ou s’il était porté ;
Joyeux et confiant, il parcourait en maître
Ces prés vierges encor, croyant les reconnaître.
Il revoyait plus beaux, dans ce frais paradis,
Tous les lieux où son cœur avait saigné jadis.
Là, comme entre les pins, une cime de neige
Blanche au-dessus d’un bois noir, touffu, mais sans piège,
Montait la Tour d’ivoire ; un soleil d’Orient