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MÉMOIRE
sur la
PRÉCESSION DES ÉQUINOXES[1]

Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris, année 1777 ; 1780.
Séparateur


I.

La Terre se meut à très peu près d’une manière uniforme autour d’un de ses axes principaux de rotation ; mais, cette planète n’étant pas exactement sphérique, l’action du Soleil et de la Lune produit dans son mouvement sur elle-même, et dans la position de son axe, de légères variétés dont la partie la plus sensible a été observée sous les noms de précession des équinoxes et de nutation de l’axe terrestre. D’illustres géomètres ont soumis ce phénomène à l’analyse, dans le cas où la Terre serait entièrement solide, en supposant d’ailleurs une différence quelconque très petite dans les moments d’inertie par rapport à ses trois axes principaux, et il est remarquable que l’on retrouve constamment les mêmes lois de précession et de nutation, quelle que soit cette différence ; mais il se présente ici une question bien importante à résoudre et qui consiste à savoir si ces lois subsistent encore dans le cas de la nature, où l’Océan recouvre une grande partie de la surface du globe.

Les eaux de la mer cédant, en vertu de leur fluidité, aux attractions du Soleil et de la Lune, il semble au premier coup d’œil que leur réaction ne peut influer sur les mouvements de l’axe de la Terre ; aussi voyons-nous qu’elle a été entièrement négligée par tous ceux qui, jus-

  1. Lu le 18 août 1779.