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ment l’attention des observateurs et nous les invitons à le suivre d’une manière particulière.

XXXVII.
Sur les ondes.

Si l’on agite une eau tranquille, on voit aussitôt se former autour du centre d’agitation des cercles qui s’agrandissent sans cesse en s’éloignant de ce point ; ces cercles, formés par les élévations et les abaissements successifs du fluide, ont été nommés ondes. Newton est le seul, que je sache, qui se soit proposé d’en déterminer la nature (Livre II des Principes, propos. 46) ; ce grand géomètre, considérant une eau stagnante renfermée dans un canal infiniment étroit et d’une largeur constante, suppose que la superficie de cette eau monte et descend par des ondes successives, dont nous représenterons par les sommets et par les points les plus bas ; en comparant ces ascensions et descendions alternatives aux oscillations de l’eau dans un canal recourbé, il trouve que, si l’on prend un pendule dont la longueur soit égale à la largeur ou des ondes, elles parcourront, en avançant, un espace égal à cette longueur, dans le même temps durant lequel le pendule achèvera une oscillation ; d’où il suit que la vitesse des ondes est en raison sous-doublée de leur largeur ; il étend ensuite ces résultats aux ondes formées dans un canal d’une longueur et d’une largeur indéfinies, où, par conséquent, elles se propagent circulairement ; mais il observe qu’alors le temps de la propagation n’est déterminé par là qu’à peu près. On sent aisément que cette théorie étant fondée sur l’analogie des ondes avec les oscillations de l’eau renfermée dans un canal recourbé, analogie que Newton suppose sans la démontrer, ses résultats sont très incertains ; il est donc utile de traiter de nouveau cette matière, en n’employant que les principes les plus incontestables du mouvement des fluides. C’est ce que je me propose de faire dans cet article, en ne me permettant d’autre supposition que celle des ondulations infiniment petites ;