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longue suite d’observations et rejetant, pour plus d’exactitude, celles dans lesquelles les variations du baromètre auront été très considérables dans un petit intervalle de temps, en vertu des grands changements que l’atmosphère a subis d’ailleurs, on fera une somme de toutes les différences que l’on aura trouvées, et en la divisant par le nombre des observations, on aura à très peu près la quantité moyenne des variations barométriques qui résultent de l’action du Soleil et de la Lune.

Le système d’observations dont nous venons de parler suppose que, dans les syzygies, l’instant de la plus grande dépression arrive à midi ; mais comme, dans nos ports, le moment de la haute mer arrive presque toujours plus tard que suivant la théorie, la même chose peut avoir lieu pour l’atmosphère. De là résulte la nécessité de former plusieurs systèmes d’observations semblables au précédent, avec cette différence que, au lieu de fixer l’instant de la plus grande dépression barométrique à on le fixera successivement à à à à à à etc., et le système qui donnera la plus grande variation est celui qu’il faut préférer. Lorsqu’on se sera bien assuré par là du véritable instant de la plus grande dépression du baromètre pour le lieu où l’on observe, on pourra facilement déterminer la loi de ses variations, relativement aux différentes positions du Soleil et de la Lune. Tout cela suppose que l’action de ces deux astres sur le baromètre est sensible ; or nous avons vu que, à l’équateur, elle le fait varier d’un quart de ligne à peu près ; mais cette variation peut être considérablement augmentée par les circonstances locales et surpasser une et même deux lignes, ainsi que nous voyons la mer s’élever, dans beaucoup d’endroits, quinze ou vingt fois plus que suivant le calcul. Quoiqu’il soit impossible d’indiquer avec certitude, autrement que par l’expérience, les lieux où ces variations barométriques sont les plus considérables, il paraît cependant que ce sont principalement ceux qui, situés près de l’équateur, sont traversés par de hautes montagnes qui, en resserrant l’atmosphère, peuvent en rendre sensibles les plus légères oscillations. Un phénomène aussi curieux mérite assuré-