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la constante à étant égale à Si cette constante n’était pas nulle, il en résulterait à l’équateur un vent constant d’occident en orient ou d’orient en occident, suivant qu’elle serait positive ou négative, et l’on pourrait expliquer par là les vents alizés que l’on observe sous la zone torride ; mais la valeur de cette constante dépend du mouvement initial de l’atmosphère, et nous avons observé dans l’article XXI que la vitesse qu’elle a pu produire a dû être anéantie depuis longtemps, en vertu des résistances en tous genres que les molécules de l’air éprouvent en oscillant ; d’où l’on peut généralement conclure que les vents alizés ne sont point occasionnés par l’action du Soleil et de la Lune sur l’atmosphère.

Si l’on suppose ces deux astres en opposition ou en conjonction dans le plan de l’équateur, et si l’on fait on aura pour le plus grand espace qu’une molécule d’air parcoure dans l’intervalle d’une seconde, en vertu de leurs actions réunies : or il paraît impossible de s’assurer, par l’observation, de l’existence d’un vent aussi peu considérable dans une atmosphère d’ailleurs très agitée ; mais il n’en est pas ainsi des variations barométriques, vu surtout l’extrême précision dont les variations du baromètre sont susceptibles ; dans ce cas, on pourra faire usage de la méthode suivante pour démêler ces variations d’avec celles que le baromètre peut éprouver par d’autres causes.

Nous supposons ici que l’on ait un excellent baromètre, garni d’un nonius, pour observer jusqu’aux petites fractions de ligne. Cela posé, concevons que, dans les syzygies, l’instant de la plus grande dépression barométrique soit celui de midi, l’instant de la plus grande hauteur aura lieu environ six heures après ; on observera conséquemment la hauteur du baromètre à ces deux instants, et l’on retranchera la première de la seconde : le jour suivant, on fera une observation semblable, en ayant égard au retard du flux atmosphérique, à raison du mouvement relatif de la Lune par rapport au Soleil ; et pour déterminer ce retard, on suivra la même règle dont on fait usage dans les ports pour déterminer le retard des marées. En comparant ainsi une