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déterminée ; d’ailleurs, un si grand nombre de circonstances influent sur ces variations, que, dans le cas même où l’on aurait toutes les données nécessaires pour résoudre ce problème, on rencontrerait vraisemblablement, du côté de l’Analyse, des difficultés insurmontables. Dans cette impossibilité d’assujettir à un calcul rigoureux les oscillations de l’atmosphère, il ne nous reste qu’à faire, sur son état, les suppositions les plus approchantes de la nature et qui soient en même temps susceptibles d’être traitées par les méthodes que nous offre l’Analyse ; or, dans le nombre infini de ces hypothèses, la plus naturelle, et tout à la fois la plus simple, est celle dans laquelle on suppose à tous les points de l’atmosphère un même degré de chaleur toujours constant et égal au milieu arithmétique de tous les degrés de chaleur que la masse entière de l’air éprouve à chaque instant ; j’adopterai conséquemment cette supposition dans les recherches suivantes : je suis bien éloigné de la regarder comme exacte, mais elle suffit pour donner une idée approchée du genre d’oscillations que l’action du Soleil et de la Lune peut exciter dans l’atmosphère. Je supposerai de plus que, à un degré de chaleur constant, la densité de l’air est proportionnelle à la force comprimante, ce qui est vrai à très peu près, surtout lorsque les variations de densité sont fort petites ; il en résulte que, à la rigueur, la hauteur de l’atmosphère est très grande et même infinie par rapport au rayon de la Terre ; mais il est facile de s’assurer que, en partant de cette loi sur la variation de la densité de l’air, ce fluide est excessivement rare à la hauteur d’un petit nombre de lieues au-dessus de la surface de la Terre ; en sorte que, dans la recherche de ses oscillations, on peut, sans craindre aucune erreur sensible, négliger son action au-dessus d’une médiocre hauteur.

Il résulte des calculs suivants que l’action du Soleil et de la Lune n’excite dans l’atmosphère que des mouvements périodiques analogues à ceux de la mer, mais trop faibles pour pouvoir être observés ; d’où il suit que le mouvement constant de l’air d’orient en occident que l’on observe dans la zone torride, sous le nom de vents alizés, n’est point occasionné par les attractions de ces deux astres. L’effet le plus sen-