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tion dans une infinité de cas où l’une et l’autre seraient très considérables si l’on n’avait aucun égard à la réaction de la mer. J’observe ensuite que, dans la supposition où la mer a partout la même profondeur, supposition qui, comme nous l’avons vu précédemment, a lieu à très peu près dans la Nature, la réaction de ses eaux n’a aucune influence sur le phénomène de la précession ; mais je fais voir en même temps que cette réaction serait très sensible dans la théorie ordinaire du flux et du reflux, en sorte que, si la densité de la mer était égale à la densité du sphéroïde terrestre supposé homogène, il n’y aurait alors ni précession ni nutation ; d’où je tire cette conséquence singulière, savoir que si Newton eût adopté, dans sa solution du problème de la précession des équinoxes, les résultats de sa théorie du flux et du reflux de la mer et de la figure de la Terre, ce grand géomètre aurait trouvé la précession nulle en résolvant exactement ce problème. Enfin je démontre qu’il est impossible de concilier les observations de la précession des équinoxes et de la nutation de l’axe terrestre avec l’hypothèse où le sphéroïde recouvert par les eaux est un ellipsoïde de révolution. M. d’Alembert a déjà fait une remarque semblable pour le cas où la Terre est entièrement solide (voir le Chapitre IX de ses excellentes Recherches sur la précession des équinoxes) ; il croit cependant que l’on peut concilier ces deux choses en supposant le sphéroïde terrestre recouvert d’un fluide de profondeur variable, et cela serait possible, si, comme le prétend cet illustre auteur, dans la détermination des mouvements de l’axe de la Terre, il ne fallait point avoir égard à la réaction de la partie fluide ; mais, en la faisant entrer, comme cela est indispensable, dans le calcul de la précession des équinoxes, il arrive que l’équation, qui montre l’impossibilité de concilier les observations de ce phénomène avec les mesures des degrés terrestres, est précisément la même lorsque la Terre est entièrement solide ou lorsqu’elle est recouverte d’un fluide. Si l’on joint à cette impossibilité celle où l’on est d’assujettir à une même figure elliptique les degrés du méridien mesurés à différentes latitudes ; si, de plus, on considère que, suivant les observations faites nouvellement dans les montagnes d’Écosse,