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bien de l’apparence, si elle existe, qu’elle dépend de la cause que je lui ai assignée ci-dessus.

Quoi qu’il en soit, les calculs précédents ont du moins l’avantage de nous faire connaître l’étonnante activité de la pesanteur, puisqu’il faudrait supposer à la Lune une vitesse vers la Terre plusieurs millions de fois plus grande que celle de la lumière, pour la soustraire à son action ; et il paraît bien certain que cette activité ne peut être moindre, car elle serait infinie, si l’équation séculaire de la Lune était nulle, ou due à d’autres causes. Cette activité prodigieuse me persuade que la force attractive doit employer un temps beaucoup moindre que la lumière à se propager d’un corps à l’autre ; et que celle de la Lune, loin d’être deux jours à parvenir à la Terre, comme M. Daniel Bernoulli l’a soupçonné, y parvient en moins de de seconde.

Après avoir discuté les différentes suppositions dont les géomètres ont fait usage dans l’application du principe de la pesanteur universelle, je vais rentrer dans ces mêmes suppositions, et déterminer les inégalités séculaires des planètes.


LII.


Sur les inégalités séculaires des planètes.

En considérant les masses des planètes comme étant extrêmement petites par rapport à celle du Soleil, leur action serait insensible dans l’intervalle d’un petit nombre de révolutions, et chacune d’elles décrirait à chaque révolution une orbite elliptique autour du Soleil. Après un temps considérable, l’action réciproque des planètes pourrait devenir sensible ; mais comme, après ce temps, elles décriraient encore à très peu près une ellipse à chaque révolution, cette action ne pourrait se manifester que par les changements qu’elle occasionnerait à la longue dans les éléments des orbites, c’est-à-dire dans la position des nœuds et de la ligne des apsides, dans l’excentricité, l’inclinaison et surtout dans les moyens mouvements. Ces inégalités sont, par consé-