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deux mille ans, il faudrait admettre une retardation de plusieurs degrés dans celui de la Terre, ce qui est absolument contraire aux observations ; d’où je conclus que l’impulsion de la lumière solaire ne peut produire l’équation séculaire de la Lune. Mais cette lumière agit d’une manière plus sensible sur la Terre, en dilatant l’atmosphère ; c’est ce qui produit, au moins en partie, ces vents généraux d’est qu’on observe sous la zone torride. Or, il paraît que la rotation de la Terre doit être sensiblement retardée par l’action de ces vents ; ce qui expliquerait d’une manière^2 fort simple l’équation séculaire de la Lune. En effet, si l’on suppose les jours plus longs qu’autrefois, le mouvement de la Lune doit, par cette raison, paraître plus rapide. Il est vrai qu’alors les mouvements moyens du Soleil et des planètes seraient pareillement assujettis à une équation séculaire ; mais le mouvement du Soleil n’étant que environ de celui de la Lune, son équation séculaire serait en même raison plus petite, et par conséquent insensible. Dans cette supposition, l’accélération du moyen mouvement de la Lune n’est qu’apparente, et ce mouvement est constant en lui-même ; mais j’ai trouvé, par une méthode fort simple, que je me propose d’exposer ailleurs, que la rotation de la Terre ne peut être sensiblement retardée par l’action des vents, en admettant qu’ils aient pour cause la dilatation de l’atmosphère produite par la chaleur du Soleil. J’ai de plus examiné dans un Mémoire sur les inégalités du mouvement de rotation de la Terre, si l’action du Soleil et de la Lune peut y produire une équation séculaire sensible, en ayant égard aux différentes inégalités du mouvement de ces deux astres, et supposant, pour plus de généralité, une inégalité quelconque entre les moments d’inertie de la Terre par rapport à ses trois axes principaux. Cette discussion m’a paru nécessaire avant que de prononcer sur l’impossibilité d’expliquer l’équation séculaire de la Lune dans les suppositions ordinaires sur la gravitation universelle. Or, puisqu’il résulte de cette recherche que l’action du Soleil, de la Lune et des vents ne peut retarder le moyen mouvement de rotation de la Terre, il suit que l’accélération du moyen mouvement de la Lune est réelle : il y a donc