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thèse, en admettant de plus que les atomes lumineux sont attirés par les corps, suivant une fonction de la distance. Cela paraît encore indiqué par l’aberration des fixes ; car ce phénomène prouve que la vitesse du corpuscule de lumière qui vient frapper l’organe de la vision est à celle de la Terre en raison constante, quel que soit l’astre qui envoie la lumière ; or, cela ne peut arriver dans l’hypothèse d’un fluide élastique, mis en vibration par les corps lumineux ; en effet, si l’on applique à ce cas les formules que MM. de Lagrange et Euler ont données pour le son, on trouve que, à une très grande distance de l’astre, la vitesse de ce fluide diminuerait en raison de cette distance, en le supposant également élastique et dense dans toute son étendue ; cette vitesse ne serait donc pas constante pour les différentes étoiles, ni la même que celle de la lumière qui nous est réfléchie par les satellites de Jupiter, ce qui est contraire à l’observation. On pourrait, à la vérité, imaginer que les vitesses communiquées au fluide par les différentes étoiles sont telles qu’elles deviennent toutes égales, près de la Terre ; on pourrait supposer encore telles lois d’élasticité et de densité qui produiraient cette égalité ; mais ces suppositions sont trop invraisemblables pour les admettre.

Présentement, si l’on regarde la lumière comme une émanation de la substance du Soleil, elle ne peut produire par son impulsion l’équation séculaire de la Lune ; c’est ce que les géomètres trouveront aisément par le procédé suivant qui m’a conduit à ce résultat. J’omets ici les calculs à cause de leur longueur, et parce qu’ils sont faciles par la méthode exposée dans les articles précédents.

En admettant, avec M. Mayer, une équation séculaire pour la Lune d’un degré en deux mille ans, et supposant la parallaxe du Soleil de je détermine d’abord la perte de la masse du Soleil dans cet intervalle de temps ; ensuite, pour vérifier si cette perte est réelle, j’observe qu’il doit en résulter un retardement dans le moyen mouvement de la Terre, parce que la masse du Soleil diminuant sans cesse, l’orbite de la Terre doit se dilater de plus en plus : or, je trouve que, pour admettre dans le mouvement moyen de la Lune une accélération d’un degré en