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monde, une très belle méthode pour déterminer la figure de la Terre, quelles que soient les différentes densités de ses couches, dans des suppositions beaucoup plus générales que celle d’une figure elliptique ; mais, ni cet illustre géomètre, ni personne, que je sache, n’a déterminé celle de toutes ces figures qui s’accorde le mieux avec les observations. Le point où la théorie paraît s’en éloigner le plus, est l’aplatissement de la Terre, conclu par la mesure des degrés, et par celle des longueurs du pendule qui bat les secondes. Il est en effet remarquable que ces longueurs semblent donner un aplatissement moindre que tandis que la mesure des degrés le donne plus grand. Si donc on pouvait trouver pour la Terre une figure qui conciliât ces deux choses, et qui de plus satisfît à peu près à la mesure des degrés au Nord, en France et à l’équateur, on ne devrait point balancer à l’admettre.

Il ne paraît pas que la figure de la Terre influe sensiblement sur le mouvement de la Lune ; la différence des axes de la Terre est trop petite par rapport à la distance de cet astre pour que son effet puisse être aperçu ; mais l’aplatissement de Jupiter étant beaucoup plus grand que celui de la Terre, si les mouvements de ses satellites et les inégalités qu’ils éprouvent en vertu de leur gravitation les uns sur les autres et sur le Soleil étaient assez bien connus, on pourrait en conclure l’effet de la figure de Jupiter, et juger s’il est conforme à la théorie ; mais les observations ne sont pas encore assez précises et assez multipliées pour établir rien de certain sur cette matière. Pour ce qui regarde le flux et le reflux de la mer, on sent aisément que ce phénomène ne peut rien nous apprendre de bien précis sur la nature de la pesanteur, à cause de l’impossibilité de le soumettre à une analyse rigoureuse, et de la multitude des circonstances étrangères qui doivent troubler les résultats du calcul.

On voit par l’examen des phénomènes précédents, l’incertitude qu’ils laissent encore sur le principe de la gravitation réciproque de toutes les parties de la matière ; mais il en est un qui me paraît ne devoir