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les secondes ; et il l’est encore plus de concilier les figures conclues par les mesures des degrés et par celles des longueurs du pendule.

On ne doit point, malgré cela, exclure l’hypothèse de la gravitation réciproque de toutes les parties de la matière ; il est bien plus naturel de rejeter sur les données dont les géomètres font usage le peu d’accord de leurs calculs avec l’observation. Ils supposent en effet la Terre formée d’une infinité de couches d’une densité quelconque, et disposées régulièrement autour de son centre d’inertie ; or on voit combien cette hypothèse est précaire et peu conforme à ce que nous apercevons à la surface du globe, puisque les mers dont il est couvert en grande partie sont d’une densité moindre que la Terre. Ils font d’ailleurs abstraction de l’action des montagnes, de l’élévation des continents au-dessus du niveau de la mer, etc., toutes choses auxquelles il paraît nécessaire d’avoir égard lorsqu’il est question de déterminer une aussi petite quantité que la différence des axes de la Terre. La réunion de ces différentes causes peut altérer sensiblement, non seulement la figure de la Terre, mais encore le résultat des observations ; et, si l’on considère les erreurs inévitables qu’elles comportent, on pourra conclure que la figure déterminée par ces observations diffère peut-être autant de la véritable que celle trouvée par la théorie.

La remarque suivante peut servir encore à justifier le principe de la pesanteur universelle, au moins jusqu’à ce que l’analyse nous ait entièrement éclairés sur cet objet. La plupart des géomètres ont supposé dans leurs calculs une figure elliptique à la Terre ; ils ont fait voir, à la vérité, la possibilité d’une telle figure ; mais, pour être en droit de rejeter la loi de l’attraction, il faudrait, ou démontrer que cette figure est unique, ou épuiser successivement toutes les figures que peut donner la théorie, et prouver qu’aucune d’elles ne peut satisfaire à l’observation. Or, c’est ce qui n’a point été fait encore. M. d’Alembert, à qui nous devons cette remarque intéressante, a fait voir, à la vérité, dans le Tome V de ses Opuscules, que si la Terre est homogène, et un solide de révolution, elle doit être nécessairement elliptique. Il a de plus donné, dans la seconde Partie de ses recherches sur le système du