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la Terre que les propriétés attractives des corps sont communes à leurs plus petites molécules ; une forte analogie porte donc à croire que la pesanteur résulte pareillement de l’attraction de toutes les parties de la Terre ; mais le plus sur moyen de vérifier cette hypothèse, est de la soumettre à l’analyse, et de comparer ensuite les résultats du calcul aux phénomènes. Les principaux qui en dépendent sont la figure des astres, le flux et le reflux de la mer, la précession des équinoxes et la nutation de l’axe de la Terre. Un exposé très succinct des recherches que l’on a faites sur ces différents objets va montrer jusqu’à quel point elle est fondée.

Si la pesanteur était dirigée vers un centre unique, en nommant r le petit axe de Jupiter, la différence de ses axes serait suivant les observations les plus exactes, elle est environ mais, dans l’hypothèse de la gravitation réciproque de toutes les parties de la matière, et en supposant que Jupiter ait été primitivement fluide, cette différence doit être entre les deux limites et ce qui s’accorde fort bien avec l’observation. Ainsi, la figure de Jupiter donne un résultat très satisfaisant pour l’hypothèse que nous discutons ici ; il n’en est pas de même de la figure de la Terre.

Suivant Newton et les géomètres qui ont adopté sa théorie, la Terre est un sphéroïde elliptique, sur lequel l’accroissement de la pesanteur et des degrés de l’équateur aux pôles est en raison du carré du sinus de la latitude : le rapport du petit au grand axe de ce sphéroïde supposé homogène, et celui des pesanteurs d’un même corps placé successivement à l’équateur et aux pôles, est égal à mais, si la Terre est composée de couches inégalement denses, alors autant le rapport des axes surpasse cette fraction, autant celui des pesanteurs est moindre, et réciproquement.

En comparant ensemble les mesures des différents degrés, il paraît impossible de les plier à une même figure elliptique ; il est également impossible d’y assujettir les longueurs observées du pendule qui bat